Eh oui, nous avons tous rendez-vous aux urnes lundi pour choisir notre prochain gouvernement. Peut-être bien sera-t-il minoritaire. Advenant le cas, que direz-vous si le Canada se dotait d’un gouvernement de coalition incluant les tiers partis, mais pas les deux qui se partagent le pouvoir depuis… 152 ans? C’est l’idée que lance Ajay Pasasram, de l’Université Dalhousie. Avec le système majoritaire uninominal à un tour au Canada, nous sommes en effet coincés entre libéraux ou conservateurs. Une coalition entre bloquistes, verts et néo-démocrates pourraient apporter une solution à cette impasse, écrit Pasasram, si elle s’engage à faire des changements au mode de scrutin. Peut-être un peu tard pour cette fois-ci, mais à réfléchir pour la prochaine…

Lorsque les inégalités sont trop élevées, elles causent une foule de problèmes pour la démocratie, la société et l’économie, écrit le directeur général de l’Observatoire québécois des inégalités, Nicolas Zorn, qui nous présente le bulletin des six principaux partis politiques à la lumière de leurs promesses électorales. Parmi les 18 promesses analysées, le NPD propose les deux jugées les plus efficaces en matière de réduction des inégalités, le Parti populaire et le Parti conservateur, les pires. 

Pénurie de main-d’œuvre par-ci, pénurie par-là… On parle beaucoup du manque d’employés sur le marché du travail, mais qu’en est-il de leur employabilité?, demande Saul Carliner, de l’Université Concordia. Le marché du travail change, et les compétences demandées aussi. Mais l’enjeu n’a pas été au cœur de cette campagne électorale. L’auteur suggère aux -futurs- décideurs trois manières qui pourraient améliorer l'employabilité à long terme des travailleurs et atténuer les effets de l'automatisation et de l’intelligence artificielle.

Le cannabis fête sa première année de légalité au Canada cette semaine! On a pas mal parlé de son prix, du marché noir qui a à peine pâli, de ses effets thérapeutiques, de son arrivée prochaine dans les épiceries, mais très peu de son impact dans les familles. Or, est-ce dommageable pour les enfants de voir leurs parents fumer un joint?, demandent Carl Lacharité et Nicolas Berthelot, de l’UQTR. «Il est rare qu’un phénomène social aussi important et ayant de telles implications pour la santé publique et le développement des enfants soit aussi peu investi par la recherche scientifique», constatent-ils. Les quelques études publiées à ce jour rapportent des effets plutôt négatifs. Mais elles sont limitées, tant qualitativement que quantitativement. À la science, donc, de prendre le relais.

Les coupes d'arbres peuvent certes permettre de lutter contre les changements climatiques, comme l’a dit le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour. À la condition que les forêts soient aménagées de façon durable – c’est-à-dire qu’on ne coupe pas à un rythme plus important que leur capacité de repousse, écrit Xavier Cavard, de l’UQAT. Il est crucial d’identifier les zones exploitables de celles qu’il vaudrait mieux couper plus légèrement (ou pas du tout) afin de conserver des stocks de carbone qui mettraient trop longtemps à se reconstituer. Et faisons attention qu’au nom de la lutte contre les changements climatiques, écrit-il, la biodiversité et le caractère encore sauvage de nos forêts soient mis en danger. 

Nous revenons cette semaine sur cette fameuse étude sur la viande rouge. Nous sommes tous confus : faut-il en manger ou pas? Scott Lear, professeur à l’Université Simon Fraser, explique que la science de la nutrition est, dans les faits, peu fiable en raison de plusieurs facteurs, dont l’échantillonnage et la démarche scientifique elle-même. «La nutrition est complexe. Ce n'est pas comme fumer, où l'objectif est de ne pas fumer du tout. Nous avons besoin de manger pour vivre. Par conséquent, lorsque nous cessons de manger une chose, nous la remplaçons probablement par une autre.» Sur lequel on aura dit, aussi, un chose et son contraire. «On peut se demander, écrit Lear, si nous ne devrions pas cesser complètement la recherche en nutrition jusqu'à ce que nous puissions y voir plus clair sur les méthodes à utiliser.»

Enfin, alors que les Canadiens vont élire leur nouveau premier ministre lundi, Steve Taylor, de l’Université de Leeds-Beckett, nous rappelle l’existence de ces nombreux personnages peu recommandables qui sont au pouvoir dans le monde: les psychopathes et les narcissiques. Les premiers se rencontrent surtout dans les pays non démocratiques, mais les seconds sont fréquents dans les sociétés -à peu près- libres, comme en font foi les Donald Trump ou Vladimir Poutine de ce monde. «Les personnes qui semblent parfaitement adéquates pour l’exercice du pouvoir - empathiques, justes, responsables, et faisant preuve de sagesse - sont naturellement celles qui tendent à l’éviter», écrit Taylor. Or, certaines sociétés se sont prémunies contre ces dangereux individus : les chasseurs-cueilleurs, où on s’assure qu’ils n’accèdent pas au pouvoir. Même si nos sociétés sont éminemment plus complexes et denses, il est bon de jeter un coup d’œil sur leurs méthodes! 

Bonne lecture, et bon vote lundi!