Dans une célèbre chanson, Jacques Dutronc se moquait gentiment des conspirationnistes de tous poils. C’était dans les années 60, au beau milieu des « trente glorieuses », et ces paroles troussées par l’écrivain Jacques Lanzmann prêtaient à sourire.

Cinquante ans plus tard, fini de rire. Les théories du complot fleurissent sur les réseaux sociaux et se répandent dans les propos de comptoir. Or, soulignent les trois auteurs de l’article que nous publions sur la perméabilité des gilets jaunes au complotisme, cette infusion provoque une radicalisation des esprits, un refus de dialoguer avec le gouvernement et, demain, ce complotisme débridé pourrait bien être un thème porteur pour des mouvements politiques d’un type nouveau.

En contrepoint de cette analyse, Antoine Mazot-Oudin (Université de Lille) invite à la prudence sur l’interprétation d’une possible diffusion à grande échelle des idées complotistes. A l’issue d’échanges sur le terrain (dans un camping), le chercheur se demande si ces propos, souvent inquiétants, ne relèvent pas avant tout d’une forme de provocation et d’une profonde défiance vis-à-vis de l’autorité (au sens large). Une défiance à laquelle il faudra bien répondre sur le terrain politique.

Enfin, le sociologue Michel Wieviorka analyse la nette recrudescence des actes antisémites en France, sur fond de retour de la violence et de circulation accélérée de la haine sur les réseaux sociaux, alimentée par les « fake news » et les théories du complot. La boucle est tristement bouclée.

Bonne lecture !

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