Justin Trudeau a remporté ses élections, mais de justesse, avec un appui populaire légèrement inférieur à son rival conservateurl. Son gouvernement sera minoritaire et des provinces se retrouvent dans l’opposition, sans un seul député. Ce qui était inimaginable en début de campagne est la réapparition soudaine à la Chambre des Communes d’un parti politique qu’on a qualifié de « moribond », le Bloc Québécois. Bien sûr, Yves-François Blanchet a fait une excellente campagne. Mais encore? Cette victoire s’explique une fois de plus par les besoins de reconnaissance et d’affirmation nationale du peuple québécois, écrit le philosophe Michel Seymour, de l’Université de Montréal. Il ne se réjouit pas de cette percée importante du Bloc Québécois, dont la stratégie s’est trop collée sur les politiques de la CAQ, intransigeante face aux «autres». Il estime que tant le Canada que le Québec font face aux mêmes difficultés face à leurs minorités et doivent tirer des leçons des résultats de cette élection. 

Autre analyse sur la montée inattendue du Bloc, très pragmatique celle-là, de Maxime Héroux-Legault, de l’Université de la Colombie-Britannique : le parti libéral a tout simplement échoué dans sa campagne électorale au Québec, car tous ses thèmes de prédilections étaient du déjà vu. Les principaux enjeux de l'élection concernaient des compétences provinciales ou des programmes qui existent déjà au Québec, comme la taxe sur le carbone ou les services de garde. «La campagne libérale s'est concentrée sur les premiers ministres des autres provinces, a promis des initiatives qui existent déjà au Québec, a offert des promesses qui ne profiteraient pas autant aux Québécois qu'aux autres Canadiens et a ignoré les demandes du premier ministre très populaire de la province.» Bonjour l’échec.

Justin Trudeau devra se réinventer et s'engager dans des compromis importants, écrit Ajay Parasman, de l’Université Dalhousie. Le premier ministre n'a plus le monopole du vote progressiste et il devra s’entendre avec l’opposition. «C'est une bonne chose, car le but de la démocratie est de converser et de négocier.» 

Enfin, à la tête d’un gouvernement minoritaire après un seul mandat, qu’est-il arrivé au golden boy de la politique canadienne, à la sensation mondiale qui faisait la une du Rolling Stones et du Paris Match? Jeremy Wildeman, de l’Université de Bath, explique comment Justin Trudeau a tout simplement perdu l’appui de sa base progressiste, celle-là même qui l’avait propulsé au sommet en 2015. Et il a échoué à réduire les inégalités.

Jeremy Wildeman signe aussi, avec son collègue Anthony Fenton, de l’Université York, cet article sur les relations troubles qu’entretient le Canada avec l’Arabie saoudite. Certes, Ottawa a condamné à maintes reprises le Royaume cette dernière année, provoquant même un froid entre les deux pays. Mais ces efforts ne font pas le poids face à la réalité : l’exportation de quantités importantes d’armes destinées à aider l’Arabie saoudite à faire la guerre au Yémen. De nombreux pays alliés ont pourtant suspendu leurs ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Mais pas le Canada, qui protège ses intérêts commerciaux. 

La consommation d'une grande variété d'aliments améliore la santé et le bien-être, écrivent Hadis Mozaffari et Annalijn I. Conklin, de l’Université de la Colombie-Britannique. Il est nécessaire d'accorder plus d'attention à la diversité dans les politiques et la recherche, estiment-elles. Cela devrait comprendre des conseils plus précis. Or, le nouveau Guide alimentaire canadien échoue à cet égard: le message qu’il lance, c'est qu'une alimentation saine ne nécessite que trois groupes d'aliments différents, malgré le fait que la science nous en suggère -au moins- cinq.

Les animaux ont-ils leur propre culture? Felicia Vachon, de l’Université Dalhousie, étudie depuis plusieurs années les cachalots, des animaux très sociables et orientés familles, et sa réponse est claire : oui, ils en ont une. «L’humain est probablement l’espèce la plus culturellement avancée, mais elle n'est pas la seule à avoir une culture», qu’elle définit comme «une information ou un comportement acquis socialement par les pairs». Comme les chants des cachalots. Ils changent d’une tribu à l’autre. Connaître la culture des animaux a des implications importantes pour la conservation des espèces, estime l'auteure. «Mieux les comprendre est peut-être un moyen de les sauver de l'extinction.»

Bonne lecture !