Neutralité objective ?
La Bible fourmille de témoignages et d’appels à suivre Jésus qui peuvent être troublants pour le lecteur occasionnel :
Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens et suis-moi. Matthieu 19.21
Ouvre ta bouche pour le muet, pour la cause de tous les délaissés. Proverbes 31.8
En chemin, proclamez que le règne des cieux s’est approché. Guérissez les malades, réveillez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Matthieu 10.7-8
Je suis admirative quand je lis le témoignage de ceux qui ont vécu ainsi jour après jour. Ils n’analysaient pas le contexte, ne discutaient de la pertinence, n’excusaient pas les ordres données; ils vivaient tout simplement leur foi.
Quand nous recherchons ensemble la direction de Dieu et que nous lui demandons sa sagesse pour nous guider, nous arrive-t-il de fermer, inconsciemment (ou sciemment), l’oreille à un appel plus radical ? Quand nous lisons la Bible, à la recherche de son sens pour nous aujourd’hui, nous arrive-t-il involontairement (ou volontairement) d'en bloquer le sens ?
Qu’est-ce qui nous bloque ?
1) L’intellectualisme : la dissociation entre théorie et pratique, entre intellect et émotion / passion est un réel défi. L’analyse théologique, l’étude approfondie et une position critique sont toutes des outils importants qui permettent notre croissance, notre discernement et notre formation de disciples, mais ces outils ne sont pas une fin en eux-mêmes. Nous ne pouvons nous contenter d’étudier des Écritures sans leur permettre à leur tour de nous sonder et de nous appeler à l’action. Nos événements, consultations, ateliers et conférences ne doivent pas rester des plateformes stimulantes pour développer des sujets de préoccupation, ils doivent être des rampes de lancement pour l’action de transformation.
2) Professionnalisme : lors de la dernière conférence CCD, Jayakumar Christian nous a tous interpellés quand il a dit : « Les pauvres méritent ce qu’il y a ce mieux ». Il a continué en expliquant que les pauvres avaient été lésés dans tant de domaines que nous devions inverser la tendance en insistant pour qu’ils ne reçoivent que ce qu’il y a de mieux en matière de service, de produits, d’inclusion, de relation. Mais quelles normes qualitatives devons-nous utiliser pour nous inciter à cette « meilleure pratique » ? Nous engageons-nous dans des cadres professionnels importants avec une neutralité objective ou les examinons-nous attentivement à la lumière de notre mandat biblique ?
3) La distance : lors d'une conversation avec Dave Andrews, ce dernier nous a donné son témoignage de comment, (jeune homme,) après avoir lu Matthieu 19.21, il avait décidé de mettre cette exhortation en pratique docilement, en tous points. Il a expliqué que ce n’est que plus tard, quand il est allé à l’école biblique qu’on lui a dit qu’il n’était pas nécessaire de prendre ce texte « à la lettre ». C’est comme si, en nous distanciant par une série d’arguments logiques, nous pouvions mettre de côté ces défis. Nous pourrions dire par exemple : ce récit ne concernait que l’homme riche qui se débattait avec le matérialisme ; ce n’est qu’une illustration pour inviter à la générosité un test pour cette personne seulement...
4) La peur : au plus profond de nous, nous sommes bien conscients que les conséquences d’une obéissance totale pourraient nous conduire à la perte de notre confort et de nos sécurités.
Personnellement, je trouve que ce qui précède est vrai pour moi. J’ai peu à peu découvert que la vie ne peut être envisagée sous un angle de neutralité objective. Elle doit être approchée avec passion, avec un réel engagement fondamental dans le désordre concret de la vie au jour le jour. Mais nous ne pouvons pas perdre de vue, en cours de route, celui qui est notre exemple : Jésus-Christ. Philippiens 2.1-18
Seigneur, quand nous étudions ta Parole, que nous la laissions sonder notre cœur et nous transformer.
Seigneur, quand nous recherchons tes conseils et ta volonté, que nous entendions ta voix et nous te suivions.
Seigneur, quand nous apportons notre service pour répondre aux besoins de ceux qui nous entourent, donne-nous ton Esprit pour changer puissamment leur vie.
Seigneur, donne-nous le courage de ne pas garder nos distances, mais au contraire de prendre à bras le corps l’âpreté de la vie et la richesse des relations.
Seigneur, tu as promis de ne jamais nous abandonner et d’achever l’œuvre que tu as commencée en nous, aide-nous à dégager les blocages et à franchir le bord de la barque.
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