Ce n’est pas un mauvais roman d’espionnage : le gouvernement a récemment décidé de bannir le vote électronique pour les Français résidant à l’étranger à l’occasion de la prochaine présidentielle. Ces derniers devront donc glisser leur bulletin dans l’urne ou faire une procuration – à l’ancienne. En cause : de possibles manipulations orchestrées par des hackers basés en Russie, des maîtres en la matière.

Auteure d’un livre remarqué sur les réseaux du Kremlin en France, Cécile Vaissié (Université Rennes 2) nous fait pénétrer dans les arrière-cuisines de ces officines qui, à distance, ont déjà réussi à bouleverser le jeu politique aux États-Unis et pourraient bien tenter de rééditer leur coup lors des prochains scrutins en France et en Allemagne.

Si la prise de conscience vis-à-vis de cette menace a été tardive à Paris, l’État mobilise désormais ses services et alerte à tout-va les entreprises sur les dangers qu’elles encourent, souligne Pierre Memheld (Université de Strasbourg). Il était temps.

Cette cyberguerre de l’ombre est d’autant plus efficace qu’elle vise des démocraties fragilisées, observe notre chroniqueur Frédéric Charillon (Université de Clermont-Ferrand). Or pour faire face à des tensions internationales croissantes, ajoute-t-il, il faut disposer au préalable d’une solide légitimité sur le plan intérieur. Ce n’est ni le cas aux États-Unis de Trump, ni au Royaume-Uni du Brexit, ni dans une France aux prises avec une campagne électorale à l’issue imprévisible.

Vladimir Poutine, lui, est solidement installé dans son fauteuil au Kremlin. Christian-Georges Schwentzel (Université de Lorraine) s’intéresse à l’image de l’homme fort, athlétique que le président russe cultive à l’envi. Un dirigeant adulé, tel un sex-symbol, par son fan-club de jeunes filles. La séduction, c’est aussi un sport de combat… politique.

Bonne lecture !

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