« Geste héroïque », digne des « valeurs de la République » : il aura apparemment fallu un acte particulièrement courageux pour rappeler à certains que les « migrants économiques », venus du Mali, du Tchad, du Soudan ou d’ailleurs sont d’abord des êtres humains dotés d’émotions et d’agentivité, des personnes qui font des choix, qui prennent des risques, qui, grâce aux importants flux monétaires qu’ils génèrent réduisent la pauvreté de façon durable dans les pays les plus défavorisés. En bref, qui font preuve d’héroïsme collectif comme l’écrit Speranta Dumitru (USPC). Et qui, parfois aussi, sauvent des vies.

Or migrer est désormais un crime. Surtout si l’on est issu du continent africain. Ainsi, explique Julien Brachet (IRD), le Sahara s’est aujourd’hui transformé en une vaste « zone‑frontière » en raison de l’application de nombreuses mesures mêlant anticriminalité, antiterrorisme et politique migratoire européenne, destinées à décourager les supposés candidats au voyage vers l’Europe. Au Niger plus particulièrement, les voyageurs et les transporteurs, quels qu’ils soient, peu importent leurs intentions dès lors qu’ils se dirigent vers le Nord, peuvent être à tout moment inquiétés et arrêtés, poussant certains à se risquer sur des routes de plus en plus dangereuses. Y compris tous ceux qui n’ont jamais eu l’intention de franchir la Méditerranée.

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