Note de la rédaction

Chers lecteurs, chères lectrices,

Le sort tragique de celle que l’on appelle « la fillette de Granby » a refait surface la semaine dernière, après qu’un rapport ait conclu que personne n’était fautif, sinon tout le « système ». Le ministre Lionel Carmant a annoncé l’ajout de 47 millions de dollars dans un des maillages les plus importants de ce « système », la DPJ. Mais que s’est-il passé pour que cette petite de sept ans, en danger de mort, soit si mal évaluée par une batterie d’intervenants?, s’est demandé Chantal Cyr, professeure de psychologie à l'UQAM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'attachement et le développement de l'enfant. Elle nous explique comment les protocoles d'évaluations des parents signalés ne sont pas fondés sur des pratiques probantes, qu’ils varient d’un milieu à l’autre et sont souvent minimalistes et incomplets. Lueur d’espoir : un nouveau protocole d’évaluation, plus long, plus complet, est en rodage dans de nombreux CIUSS et cela donne déjà des résultats. Pour la protection de ses enfants, écrit-elle, le Québec se doit d'investir massivement afin d’offrir aux professionnels davantage de temps pour mener à bien leur délicat travail.

Le premier ministre François Legault a annoncé cette semaine quele Québec s’oppose désormais à la taxe fédérale sur le carbone, tout comme l’ont fait avant luila Saskatchewan, l’Alberta et l’Ontario. Selon lui, cela « devrait être le choix des provinces ».Cette volte-face, même si elle ne ferme pas complètement la porte à une initiative provinciale, est inquiétante. Car la tarification sur le carbone est l’une des manières les plus efficaces de lutter contre les changements climatiques, un véritable risque pour la santé de tous, écrit l’économiste Christopher Ragan, de l’Université McGill. La taxe a ainsi réduit les émissions de carbone en Colombie-Britannique, dans plusieurs États américains et à travers l’Europe depuis plus d’une décennie. « Les médecins et les économistes sont d’accord. Les changements climatiques existent, la situation empire et le meilleur moment pour faire quelque chose à cet égard, c’est maintenant. »

Dans les reportages sur les réfugiés, on entend surtout parler de la petite fraction de ceux qui ont réussi à atteindre l’Europe ou l’Amérique du Nord. Pourtant, plus de la moitié des déplacés — quelque 41,3 millions — ne réussissent pas à sortir de leur propre pays. Et ils sont peu- ou pas- aidés par les agences de l’ONU. Le Canada doit faire preuve de plus de leadership, écrit Megan Bradley, professeure associée à l’Université McGill. Même s’il est le premier pays de réinstallation, il n’accueille qu’un infime pourcentage des personnes déplacées à travers le monde. Il faut une politique de soutien plus systématique et stratégique pour ces réfugiés de l’intérieur.

L’intimité et la sexualité serons révolutionnées par l’IA. Or, que savons-nous des relations intimes entre humains et machines? Peu de choses, selon le doctorant Simon Dubé, de l’Université Concordia, et le chercheur affilié à l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle et du numérique, Dave Anctil, de l’Université Laval. Ils nous expliquent ce que sont et deviendront les « érobots » suite aux avancées, aux combinaisons et à l’interconnectivité des nouvelles technologies. Ça promet!

Qui sont les meilleurs parents de jeunes sportifs?, s’est demandé Nick Holt, de l’Université d’Alberta, qui a sondé des entraineurs et les jeunes eux-mêmes. Car l’art d’être un parent de sportif est complexe et rempli de pièges. Suffit de fréquenter les gradins d’aréna ou de parcs pour s’en rendre compte : ça crie, ça vocifère, et ça peut même insulter (l’arbitre, les jeunes, les autres parents). Les parents font face à des exigences complexes qui exigent un répertoire de compétences dont on discute ou qu'on enseigne rarement, écrit Holt. En gros, l’amour inconditionnel, le soutien logistique et le principe de tenir les enfants seuls responsables de leur comportement sur le terrain. C’est eux qui jouent, pas vous!

Quelle langue parlaient les ouvriers canadiens-français de l’avant-Révolution tranquille? Un genre de franglais, histoire de se faire comprendre de leurs boss, des « Anglais », écrit l’historien Steven High, de l’Université Concordia, qui a interviewé de nombreux anciens travailleurs de l’industrie montréalaise, dans le cadre d'un projet de recherche sur les effets de la désindustrialisation. « C’était tout en anglais dans l’ancien temps, ici », raconte une ouvrière qui a débuté à 15 ans à la Northern Electric. Les jeunes unilingues anglais avaient du boulot immédiatement, mais l’inverse n’était pas vrai : les francophones devaient être bilingues. « Il est important que la communauté anglophone reconnaisse ces injustices du passé, écrit High, car leur souvenir continue d’avoir une incidence sur le plan politique. »

Bonne lecture!

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

À la une

Une femme se recueille devant un mémorial improvisé, sur le terrain de la maison où vivait celle qu'on appelle la fillette de Granby. Sa mort a soulevé une onde de choc au Québec. La Presse Canadienne/Paul Chiasson

DPJ: des intervenants mieux formés pour éviter le pire

Chantal Cyr, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Les protocoles d'évaluations des parents signalés ne sont pas fondés sur des pratiques probantes, ils varient d’un milieu à l’autre et sont souvent minimalistes et incomplets.

Un brouillard de fumée causé par les feux de forêt dans la région envahit Vancouver, en Colombie-Britannique. Il est devenu essentiel de tarifer le carbone. Shutterstock

Les changements climatiques sont un risque pour la santé et les économistes ont la bonne solution

Christopher Ragan, McGill University; Courtney Howard, University of Calgary

Du coup de chaleur à l'asthme en passant par la maladie de Lyme, le changement climatique pose déjà un risque sérieux pour la santé. Il est essentiel désormais de tarifer le carbone.

Des fillettes yéménites déplacées, qui ont fui leur foyer en raison des combats dans la ville portuaire d'Hodeida, se sont retrouvées dans une école à Sanaa, au Yémen. Plus de la moitié des réfugiés dans le monde ne réussissent pas à sortir de leur propre pays. AP Photo/Hani Mohammed

Le Canada doit intervenir pour aider les millions de déplacés dans leur propre pays

Megan Bradley, McGill University

S'appuyant sur son expérience en matière d'accueil des réfugiés, le Canada devrait prendre la défense des personnes déracinées dans leur propre pays.

Les progrès des robots et des technologies du sexe ont des applications dans les soins de santé, l'éducation et la recherche. Shutterstock

Au-delà des robots sexuels: l’érobotique explore l'interaction humain-machine érotique

Simon Dubé, Concordia University; Dave Anctil, Université Laval

En plus de révolutionner le sexe et l'intimité, les technologies érotiques ont des applications en santé, en éducation et dans la recherche. L'érobotique explore ses implications et ses possibilités.

Ce que font ou disent les parents a un impact sur le climat émotionnel d'une équipe sportives. Les pratiques parentales ont un impact positif et négatif sur les résultats des jeunes athlètes. Unsplash/Ben Hershey

Voici les meilleurs parents de sportifs, selon leurs coachs

Nick Holt, University of Alberta

Lorsque l'enfant joue, les parents ne s'amusent pas toujours! Ils font face à des exigences complexes qui exigent un répertoire de compétences dont on discute ou qu'on enseigne rarement.

Des travailleuses de la Northern Electric, à Montréal. Avant la Révolution tranquille, l'anglais était la langue des boss, et il fallait sinon la parler, du moins la comprendre. . Photo de Parcs Canada - Canal de Lachine

Voici comment parlaient les ouvriers canadiens-français avant la Révolution tranquille

Steven High, Concordia University

Pour les ouvriers canadiens-français d'avant la Révolution tranquille, l'anglais était la langue des boss, et il fallait sinon la parler, du moins la comprendre.