Chères lectrices, chers lecteurs,

L’année s’achève, La Conversation a soufflé sa première bougie au début du mois et le moment est venu de vous présenter les articles sur les sujets les plus marquants écrits par nos universitaires francophones en 2019.

Qu’est-ce qui a le plus retenu l’attention cette année? Sans nul doute le climat et ses dérèglements actuels (plus d’un milliard de dollars en dégâts cette année) et appréhendés. La crainte s’est transformée pour plusieurs en écoanxiété, ce qui a jeté plein de jeunes et de moins jeunes dans l’action citoyenne comme l’expliquent Chantal Pouliot et Isabelle Arseneau, de l’Université Laval, et Audrey Rouleau, de l’UQTR. Cette action a culminé le 21 septembre par une manifestation historique dans les rues de Montréal, avec la présence de la jeune activiste Greta Thumberg. Pascale Dufour, de l’Université de Montréal, analyse comment les intérêts trop divergents dans cette mouvance écolo nuisent à la lutte contre les changements climatiques. De son côté, Sarah M. Munoz, doctorante en science politique à l’Université de Montréal, s’est demandé ce qui arriverait, sur le plan du droit international, si un pays disparaissait littéralement de la carte, englouti par les eaux, un scénario malheureusement plausible pour plusieurs îles, notamment du Pacifique. 

2019 a été une année électorale, avec la réélection, minoritaire cette fois, de Justin Trudeau et des libéraux. Plusieurs de nos universitaires ont décortiqué cette campagne électorale, avec en toile de fond le scandale SNC-Lavalin, qui aurait pu en dicter l’issue, et sont revenus sur les promesses de parité : en 2020, où en est-on avec l’équilibre homme-femme au pouvoir? Est-ce encore un enjeu important?, se sont demandé Carol-Ann Rouillard et Mireille Lalancette, de l’UQTR.

Le projet de loi 21 sur la laïcité de l’État a été adopté par l’Assemblée nationale, non sans remous dans la société québécoise. Micheline Labelle, de l’UQAM, démontre ici que les immigrants ne forment pas à ce sujet un bloc homogène au Québec, pas plus que la société d'accueil. Si certains rejettent la Loi 21, d'autres l'approuvent. À suivre en 2020. 

Si cette loi sur la laïcité a été adoptée avec un appui substantiel de la population, la CAQ a subi un revers avec sa réforme de l’immigration. Frédérick Guillaume Dufour, de l’UQAM, a analysé comment ce fiasco illustre bien les contradictions de la CAQ face aux nationalismes. Par ailleurs, au-delà du coton ouaté de la députée solidaire Catherine Dorion, Anne-Marie Pilote, de l’UQAM, et Arnaud Montreuil, de l’Université d’Ottawa, se sont penché sur les codes vestimentaires chez les élus d’autres pays occidentaux.

On a beaucoup parlé des enfants, sur La Conversation, de leurs apprentissages, de leur éducation, celle des jeunes issus de l’immigration ou encore, des autochtones, ainsi que de leur santé : pourquoi il faut, impérativement, plaide le professeur Tegwen Gadais, de l’UQAM, les envoyer jouer dehors! De son côté, l’ophtalmologiste Langis Michaud, de l’Université de Montréal, nous a alertés sur une conséquence alarmante de la dépendance des enfants aux écrans : l’épidémie galopante de myopie. 

Chez les grands, le sommeil et son aléa, l’insomnie, ont fait l’objet de plusieurs articles, et de ce que la science propose. Les bienfaits de l’activité physique ont été abordés maintes fois, et Bernard Paquito, de l’UQAM, nous enjoint de s’asseoir moins!  Nous avons parlé de cette maladie de la décennie, l’Alzheimer, dont il faut repenser le combat, écrit Étienne Aumont, étudiant en neurosciences à l’UQAM. La santé mentale a aussi fait l’objet de nombreux articles, et l’un d’eux a connu un succès exceptionnel : la doctorante en neuroscience de l’Université Laval, Rachel Anne Barr, nous a alertés sur les effets catastrophiques de la pornographie sur la santé mentale et la vie sexuelle de son large public.

L’Intelligence artificielle a suscité beaucoup d’intérêt, témoin de la place que prend cette discipline à Montréal et au Québec. Après l’article publié l’an dernier par la sommité en IA, Yoshua Bengio, professeur à l'Université de Montréal, sur les défis qu'elle lance à la société, La Conversation a abordé ses impacts sur le système de santé, le travail, la sexualité et sur le rythme effréné que les nouvelles technologies nous imposent.

Sur la scène internationale, nos universitaires se sont intéressés à la situation chaotique au Burkina Faso, aux révoltes populaires en Colombie, en Algérie et en Iran, ainsi qu'à la nécessaire réforme de l’administration publique en Haïti. Mon coup de cœur va à cet article signé par Isabelle Blanchette, professeure en psychologie cognitive à l’UQTR, écrit dans son vol de retour du Rwanda. Elle s'y était rendue, en mars, afin de participer aux cérémonies commémorant une des horreurs du siècle dernier (qui n’en a pas manqué) : le massacre des Tutsis au Rwanda. Ses recherches sur le terrain, là-bas, au fil des dernières années, démontrent comment au- delà du choc post-traumatique, les rescapés du génocide rwandais font face à des défis cognitifs et à une modification de leur mémoire. 

Sur la scène internationale, 2020 va démarrer sous le signe du Brexit, après quoi les élections américaines vont nous occuper. Pour le reste, soyez assurés que nos universitaires continueront de nous alimenter de leurs connaissances, si essentielles en ces temps où circulent tout et son contraire. 

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

À la une

Des manifestants prennent part à la marche pour le climat, le 27 septembre, à Montréal. La Presse Canadienne/Paul Chiasson

Manif monstre pour le climat : des intérêts trop divergents nuisent à la lutte

Pascale Dufour, Université de Montréal

Il n’y a pas de débat partisan sur la question climatique pour le moment. Le jeu politique se déroule dans la rue. Les enjeux sont portés par une kyrielle de personnes, de réseaux et d’organismes.

Un atoll de la République de Kiribati, une nation insulaire du Pacifique Sud en danger de disparition en raison des changements climatiques. Shutterstock

Changements climatiques : qu'arriverait-il si un pays était englouti par les eaux ?

Sarah M. Munoz, Université de Montréal

Les nations insulaires composées d'atolls risquent d'être anéanties par l'élévation du niveau de la mer. Pourtant, la communauté internationale ne fait pratiquement rien pour les aider.

Le premier ministre désigné Justin Trudeau en compagnie de sa femme Sophie Trudeau-Gregoire arrivent à Rideau Hall avec les membres de son cabinet paritaire, le 4 novembre 2015. La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

« Parce qu’on est en 2019 » : où en est-on avec la parité en politique ?

Carol-Ann Rouillard, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR); Mireille Lalancette, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Les conseils des ministres paritaires ont-ils la cote au pays ? La couverture médiatique est généralement favorable, mais elle donne également à voir un certain nombre de réticences.

Des enfants syriens s'amusent alors qu'ils attendent leur cours d'immersion française, à Montréal. Les immigrants ne forment pas un bloc homogène au Québec, et si certains rejettent la Loi 21, d'autres l'approuvent. La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Loi sur la laïcité: quel impact sur l'immigration actuelle et future?

Micheline Labelle, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Les immigrants ne forment pas un bloc homogène au Québec, pas plus que la société d'accueil. Si certains rejettent la Loi 21, d'autres l'approuvent.

La députée de Québec Solidaire Catherine Dorion est la proie des critiques dans son choix de vêtements qu'elle porte à l'Assemblée nationale. Assemblée nationale du Québec

Code vestimentaire chez les élus : des pratiques différentes selon les pays

Anne-Marie Pilote, Université du Québec à Montréal (UQAM); Arnaud Montreuil, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

Si certains « scandales » éclatent parce que des députés décident d’utiliser leurs vêtements pour passer un message, les parlements persistent à vouloir encadrer l’habillement des femmes.

Le contact avec la nature est très bénéfique pour les enfants. Malheureusement, ce moyen naturel de favoriser leur développement est très peu utilisé de nos jours. Shutterstock

La nature fait des enfants forts, envoyez-les jouer dehors !

Tegwen Gadais, Université du Québec à Montréal (UQAM); Audrey-Anne Beauchamp, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Le contact avec la nature est très bénéfique pour les enfants. Malheureusement, ce moyen naturel de favoriser leur développement est très peu utilisé de nos jours.

La myopie est un facteur de risque important de pathologies oculaires graves. Elle est devenue épidémique chez les enfants, notamment en raison de leur grand usage des appareils électroniques. Shutterstock

Épidémie de myopie chez les jeunes : haro sur la techno !

Langis Michaud, Université de Montréal

La myopie est un facteur de risque important de pathologies oculaires graves. Il faut donc prendre au sérieux l’épidémie qui sévit chez les jeunes et revoir leur utilisation des appareils électroniques.

Les activités physiques sont reliées à une meilleure santé mentale, mais en faire trop semble avoir un effet inverse, tout comme une trop grande sédentarité. Il vaut donc mieux alterner entre travail assis et debout. Shutterstock

Bouger plus et s'asseoir moins pour une meilleure santé mentale

Bernard Paquito, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Les activités physiques sont reliées à une meilleure santé mentale, mais en faire trop semble avoir un effet inverse, tout comme une trop grande sédentarité.

Des centaines d’essais cliniques ont été menés depuis 10 ans pour trouver un traitement contre l’Alzheimer. Ils ont tous échoué. Shutterstock

Il faut repenser le combat contre la maladie d'Alzheimer

Étienne Aumont, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Des centaines d’essais cliniques ont été menés depuis 10 ans pour trouver un traitement contre l’Alzheimer. Ils ont tous échoué. La prévention reste le meilleur moyen connu pour combattre la maladie.

Les effets de la pornographie sont catastrophiques pour la santé mentale et la vie sexuelle de son large public, avec de graves conséquences comme la dépression ou la dysfonction érectile. Shutterstock

La pornographie modifierait le cerveau … Découvrez comment

Rachel Anne Barr, Université Laval

Les effets de la pornographie sont catastrophiques pour la santé mentale et la vie sexuelle de son large public, avec de graves conséquences comme la dépression ou la dysfonction érectile.

Nous ne disposons jamais d’assez de temps, alors que nous en gagnons toujours plus grâce à la technologie. C'est que nous avons toujours plus de tâches à accomplir. Shutterstock

Nous manquons de temps, car nous avons de plus en plus de choses à faire !

Mario Ionuț Maroșan, Université de Montréal

Nous ne disposons jamais d’assez de temps, alors que nous en gagnons toujours plus grâce à la technologie. Voilà le grand paradoxe : nous avons toujours plus de tâches à accomplir.

Des Rwandais, assis dans les tribunes, tiennent des bougies dans le cadre d'une veillée aux chandelles lors du service commémoratif au stade Amahoro, dans la capitale Kigali, le 7 avril. Le Rwanda commémore le 25e anniversaire du génocide qui a vu près d'un million de Tutsis et de Hutus modérés massacrés en 100 jours. AP Photo/Ben Curtis

Rwanda: comment le génocide a affecté le cerveau des survivants

Isabelle Blanchette, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Au delà du choc post-traumatique, les rescapés du génocide rwandais font face à des défis cognitifs et à une modification de leur mémoire.