Note de la rédaction

Chers lecteurs, et chères lectrices,

Tout d’abord, je tiens à vous souhaiter une excellente année 2019, remplie de lectures inspirantes et de découvertes.

Trois articles parmi les premiers publiés cette année cogitent sur le même thème : les résolutions du Nouvel An. Ces fameuses résolutions…

Sont-elles prises en toute liberté? demande Shelley Z. Reuter, professeure de sociologie à l’Université Concordia, qui questionne notre libre arbitre quand vient le temps de prendre des résolutions. À quel point avons-nous le choix? Quel est la part des pressions sociales? Et comment l’État tient à avoir des citoyens en santé… histoire de diminuer ses coûts. « Choisir le quinoa plutôt que les cannellonis est beaucoup plus qu’une question de préférence personnelle », écrit-elle.

Les résolutions les plus populaires des Canadiens, et des Américains, sont par ailleurs l’exercice (en faire plus), et la minceur (l’atteindre à tout prix). Être mince et en forme font partie des plus grandes vertus de nos sociétés, écrit Patty Thille, assistante professeure à l’Université du Manitoba. Le message véhiculé par les gouvernements, les médias et l'industrie du divertissement est implacable : le surpoids est mauvais, quasi obscène. Une morale implacable qui tire ses origines du protestantisme, dont les premiers adeptes croyaient que la voie vers la rédemption passait par un travail acharné et l'autodiscipline.

Par ailleurs, est-il raisonnable de prendre de nouvelles résolutions alors que nous manquons déjà de temps? D’où vient cette pression de vouloir tout faire, tout voir, tout essayer? Devrions-nous au contraire envisager de prendre des anti-résolutions?, demande Brad Aeon, chercheur à l’Université Concordia. « Mes anti-résolutions pour 2019 sont de passer moins de temps à travailler, à lire les nouvelles et à aller au gym. Certains pourraient me traiter de paresseux. Mais s'il y a quelque chose que j'ai appris de mes recherches sur la gestion du temps, c'est de ne jamais laisser d'autres personnes vous culpabiliser parce que vous ne travaillez pas assez.»

Dans un autre ordre d’idées, que mangerez-vous en 2019? Le nouveau Guide alimentaire canadien sera enfin publié, après avoir été reporté en raison de réticences des industries laitières et bovines. Et pour cause : il devrait recommander de manger davantage de fruits et de légumes, et moins de viande et de produits laitiers. Mais attention, certaines traditions gastronomiques méritent leurs places et ne peuvent être repoussées du revers de la main, écrit Charlebois. « Transformer le Guide alimentaire canadien est des plus souhaitables, mais certaines nuances doivent être apportées à la bible alimentaire contemporaine. » Par ailleurs, 2019 devrait voir la mise en marché, à grande échelle, des produits alimentaires dérivés du cannabis.

Pourquoi la chimie suscite-t-elle tant de méfiance? Pourtant, tout est chimique, rappelle Alexandra Gellé, doctorante en chimie à l’Université McGill, qui démolit cinq idées fausses sur cette science. Les éléments chimiques sont les composants de base du monde qui nous entoure. Qu’ils soient présents dans la nature ou fabriqués par l’humain, ils sont partout. « Tout ce que vous pouvez toucher est de la matière et est donc un produit chimique ». La chimie est un formidable domaine de connaissance, de découverte et un puissant outil de transformation, écrit Gellé, et elle contribue favorablement à notre vie quotidienne.

Enfin Mathieu Boisvert, professeur à l’Université du Québec à Montréal, s’est intéressé au sort des hijras, une communauté transgenre menacée en Inde. Paradoxalement, sa reconnaissance légale, qui donnera plus de liberté à ses membres, pourrait lui nuire, voire engendrer sa disparition. Graduellement, explique Boisvert, certains espaces sociaux et professionnels qui étaient interdits aux hijras leur seront maintenant accessibles, au détriment de la structure communautaire. Souvent contraignante – voire oppressante – pour l’individu, « elle deviendra alors rapidement obsolète puisque sa raison d’être initiale – de structurer et donner sens à leur marginalité – sera elle-même chose du passé. »

Bonne lecture!

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

À la une

La citoyenneté moderne en Occident présuppose de plus en plus le devoir de prendre soin de soi – de se nourrir sainement, de faire suffisamment d’exercice et même de s’examiner pour dépister les maladies – afin de minimiser nos coûts de soins de santé assumés par l’État. Shutterstock

Vos résolutions du Nouvel An sont-elles réellement un libre choix?

Shelley Z. Reuter, Concordia University

Les Occidentaux ont le devoir de prendre soin d'eux – se nourrir sainement, faire suffisamment d’exercice et s’examiner pour dépister les maladies – afin de minimiser les coûts de soins de santé.

Les meilleurs de la semaine

Pourquoi courez-vous?

Patty Thille, University of Manitoba

Pourquoi l'exercice et l'alimentation prennent autant de place ? Pourquoi la minceur est-elle devenue une vertu et le surpoids, son contraire ? Il faut chercher du côté du message que la société envoie.

Vous manquez de temps? Faites des anti-résolutions!

Brad Aeon, Concordia University

Est-il raisonnable de prendre de nouvelles résolutions alors que nous manquons déjà de temps? Ou devrions-nous au contraire envisager de prendre des anti-résolutions?

Agro-alimentaire: ce qui changera en 2019

Sylvain Charlebois, Dalhousie University

En 2018, le secteur agroalimentaire a été marqué par le scandale du pain et la remise en question de la gestion de l'offre. En 2019, on attend le nouveau Guide alimentaire canadien et les produits dérivés du pot.

Cinq idées fausses sur la chimie… et les chimistes!

Alexandra Gellé, McGill University

La chimie est un formidable domaine de connaissance, de découverte et un puissant outil de transformation. Pourquoi les produits chimiques, présents partout, suscitent-ils tant de méfiance?

Les hijras : une communauté « transgenre » en voie de disparition ?

Mathieu Boisvert, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Contre toute attente, la décriminalisation de l’homosexualité pourrait en réalité nuire à la communauté des transgenres (hijras) indiens, voire même, engendrer sa disparition.