Chères lectrices, chers lecteurs,

Toute la semaine, nous avons vu et revu de terribles images captées dans les heures et les jours qui ont suivi le violent séisme du 12 janvier 2010 en Haïti. Un drame d’une ampleur démesurée. Quelque 300 000 morts et un 1,5 million de sans-abri. Cette démesure s’explique, au-delà de la puissance en soi du tremblement de terre, par des facteurs très humains, écrit Jean-François Savard, de l’ÉNAP, assisté par deux doctorants, anciens fonctionnaires en Haïti, eux-mêmes témoins de la tragédie il y a dix ans. Une suite de gouvernements populistes a mis à mal la seule institution qui avait développé une expertise sur la gestion des catastrophes naturelles, soit l’armée. Le développement anarchique des villes et les constructions sans normes rendaient la population très vulnérable à un tel événement. À cela s’ajoute la gestion chaotique, inefficace, voire nuisible de l’après-séisme par les ONG qui ont déferlé, ainsi que par l’ONU. 

La mission de l’ONU en Haïti a échoué -comme tant d’autres sous son égide – notamment parce que l’Organisation n’a jamais protégé les femmes et les filles, parfois très jeunes, qui sont tombées enceintes à la suite de relations avec des Casques bleus provenant du monde entier. Elles ont été abandonnées à leur sort, tout comme leurs enfants. Susan Bartels, de l’Université Queen’s et Sabine Lee, de l’Université de Birmingham, ont mené une recherche de terrain exhaustive et rapportent dans cet article le récit déchirant des drames vécus par ces femmes, leurs enfants et leur famille. 

Une autre tragédie, due elle aussi à une catastrophe naturelle -et aidée par l’humain- : les feux qui font rage en Australie et détruisent tant la faune que la flore. Or, cette catastrophe était prévisible, nous dit Grant Williamson, expert en gestion des risques de feux de brousse, interviewé par nos collègues australiens. Il commente les photos saisissantes, prises avant et pendant les feux.

Sur les toits, dans les serres : les entreprises en agriculture urbaine transforment la ville et l'alimentation. Au-delà des jardins potagers tenus par des particuliers émerge une agriculture urbaine commerciale, explique Éric Duchemin, de l’UQAM. Elle est devenue un outil pour répondre à de nombreux enjeux sociaux et environnementaux urbains du 21e siècle, écrit-il, dont l’insécurité alimentaire, la réappropriation de l’espace urbain par les citoyens, le verdissement ou encore, la réinsertion économique. 

Les ados ne sont pas les premiers fans de légumes, qu’ils poussent ou non sur des toits urbains. La plupart traversent leur période «malbouffe». Ils sont les plus grands consommateurs de ce type d’alimentation. Or, ce passage quasi obligé vers l’âge adulte n’est pas sans conséquence, écrit Amy Reichelt, de l’Université Western. L’adolescence est en effet une période charnière pour le développement du cerveau. Ce dernier a de fortes pulsions vers la récompense (le burger-poutine), et est très réceptif au remodelage par l’environnement, ce qui inclut l’alimentation. «La consommation excessive de malbouffe pendant l’adolescence peut altérer le développement du cerveau, ce qui entraîne de mauvaises habitudes alimentaires durables.»

Cordonnier mal chaussé? La question se pose pour les équipes de formation en entreprise qui sont elles-mêmes, bien souvent, peu ou mal formées, expliquent Nadia Naffi, de l’Université Laval, et Ann-Louise Davidson, de l’Université Concordia. Aujourd’hui, la survie de nombreuses organisations dépend de leur utilisation des technologies de pointe. Or, plusieurs entreprises ont le malheureux réflexe d’embaucher de nouveaux effectifs plutôt que de former ceux qu’ils ont déjà. Il faut impérativement changer cette mauvaise habitude, écrivent les auteures. «Cela mettra leurs employés au cœur de la transformation numérique.»

En terminant, si vous souffrez de déprime saisonnière, appelée aussi «blues de janvier», rien de mieux que de pratiquer le ski de fond, explique Martina Svensson, de l’Université Lund, en Suède, pays où ce sport est roi. Ceux qui le pratiquent ont moitié moins de risque de développer une dépression. Le ski combine deux éléments clés à une bonne santé mentale : l’activité physique et la luminothérapie. Cela dit, il n’est pas essentiel d’enfiler vos skis pour améliorer votre mieux-être, suffit de combiner exercice, plein air, et aussi, camaraderie. «Bien que nous ayons constaté d’excellents résultats pour le ski de fond, écrit Svensson, il existe de nombreuses autres options pour améliorer votre santé mentale.» Ces options seront au rendez-vous ce week-end où on attend des tonnes de pluie qui viendront ruiner nos sentiers de ski!

Bonne lecture!

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

À la une

Une femme marche dans le centre-ville dévasté de Port-au-Prince, quelques semaines après le séisme du 12 janvier 2010. Dix ans et des milliards de dollars dépensés plus tard, Haïti ne s'est pas relevé de cette tragédie. AP Photo/Rodrigo Abd, File

Haïti, dix ans après le séisme : voici pourquoi le pays a tant de mal à se relever

Jean-François Savard, École nationale d'administration publique (ENAP); Emmanuel Sael, École nationale d'administration publique (ENAP); Joseph Jr Clormeus, École nationale d'administration publique (ENAP)

10 ans et des milliards de dollars dépensés plus tard, Haïti ne s'est pas relevé du séisme de 2010, en raison de la faiblesse des institutions publiques et de l'inefficacité de l'aide internationale.

De nombreux enfants haïtiens sont nés de Casque Bleus, qui n'ont pas assumé leurs responsabilités. Une vaste enquête donne la parole à leurs mères, pour la première fois. Shutterstock

Après-séisme : voici comment des enfants haïtiens ont été abandonnés par leur père Casque bleu

Sabine Lee, University of Birmingham; Susan Bartels, Queen's University, Ontario

De nombreuses filles et femmes haïtiennes ont donné naissance à des enfants de Casque bleu, qui n’ont pas assumé leurs responsabilités. Une vaste enquête leur donne la parole pour la première fois.

On peut voir ici une image prise le 1er novembre 2019 et une autre, le 3 janvier 2020. Sur cette photo, on peut voir de très nombreux feux intenses qui font rage actuellement sur la côte Est ainsi qu'une énorme quantité de fumée qui souffle en direction de la Nouvelle-Zélande. NASA / Neil A. Armstrong

L’Australie vue de l’espace : des images saisissantes avant et pendant les feux de brousse

Sunanda Creagh, La Conversation; Molly Glassey, La Conversation; Wes Mountain, La Conversation; Martine Turenne, La Conversation; Kathy Noël, La Conversation

Nous avons sélectionné quatre images satellites de la NASA avant et pendant les feux qui font rage en Australie. Grant Williamson, chercheur sur la gestion des risques d’incendie, les commente.

Des plants de chou bok choy mauve poussant dans une serre sur un toit à Montréal. Shutterstock

L’extraordinaire ascension de l’agriculture urbaine

Éric Duchemin, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Les entreprises en agriculture urbaine transforment la ville et notre vision de l’alimentation. Mais nous en savons peu sur ses impacts, tant environnementaux qu’économiques.

Le cerveau de l'adolescent a un désir vorace de récompense, moins de contrôle et il est susceptible d'être façonné par l'expérience. Cela se manifeste souvent par une capacité réduite à résister aux aliments vides à haute teneur en calories. Shutterstock

Comment la malbouffe façonne le cerveau en développement des ados

Amy Reichelt, Western University

La consommation excessive de malbouffe pendant l’adolescence peut altérer le développement du cerveau, ce qui entraîne de mauvaises habitudes alimentaires durables.

Il est essentiel que les équipes de formation et de perfectionnement acquièrent de nouvelles compétences et se requalifient pour aider les organisations à s'engager avec succès dans une transformation numérique. Shutterstock

Améliorer la formation des formateurs : une résolution du Nouvel An pour les entreprises

Nadia Naffi, Université Laval; Ann-Louise Davidson, Concordia University; Houda Jawhar, Concordia University

Pour que la transformation numérique soit gagnante, chaque organisation devrait faire de l'amélioration des compétences de ses équipes de formation sa résolution essentielle pour 2020.

Une skieuse dans un parc national du Québec. Les skieurs de fond sont 50 % moins susceptibles de développer une dépression que la population en général. Shutterstock

Déprime saisonnière : pourquoi les skieurs de fond ne la connaissent pas

Martina Svensson, Lund University

Les skieurs de fond sont 50 % moins susceptibles de développer une dépression que la population en général.