« Comment un chercheur africain peut-il avoir accès à certaines archives en France ? Je trouve cela très compliqué ! » Cette remarque glissée par un doctorant camerounais rencontré aux Rendez-vous de l’Histoire à Blois, s’inscrit dans une réflexion plus longue sur la délicate question de l’accès aux archives coloniales, en France et dans les ex-colonies françaises.

Or, ces documents sont non seulement clefs pour l’historien mais aussi pour les familles, souligne Sylvie Thénault (Paris 1 Sorbonne-CNRS). Cette spécialiste de la guerre d’indépendance algérienne propose ainsi que l’Algérie et la France effectuent ensemble un inventaire bilatéral des archives conservées dans les deux pays et ouvrent un peu plus leur passé commun à l’ensemble des citoyens.

Du passé mal cicatrisé au présent brûlant, il n’y a qu’un pas : pour Bertrand Badie (Sciences Po), face aux drames quasi-quotidiens qui se déroulent en Méditerranée, il est urgent de mettre en place une gouvernance mondiale de la migration. A une époque « où tout le monde voit tout le monde », rien ne sert, en effet, de se barricader, d’ériger des murs ou de chercher à stopper les flux migratoires « à la source », en sous-traitant le sale boulot aux pays situés sur l’autre rive de la Méditerranée. Car, écrit Bertrand Badie avec force, comment interdire à quiconque « de penser que la souffrance des siens pourrait être moindre ailleurs » ?

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