Note de la rédaction

Chers lecteurs, et chères lectrices,

De la grande visite, cette semaine, sur le site de La Conversation, avec la publication des réflexions de la lauréate du prix Nobel de physique 2018, Donna Strickland. Honorée pour ses travaux sur les lasers à haute intensité, la professeure de l’Université Waterloo nous explique pourquoi il est important de s’intéresser à la « science pour la science ». Ses propres recherches, entreprises il y a quatre décennies, ont eu une application pratique. Mais ça n’est pas toujours le cas et c’est très bien ainsi. « Nous devons donner aux scientifiques la possibilité, grâce à des fonds et à du temps, de poursuivre des recherches fondamentales à long terme fondées sur la curiosité », écrit-elle.

L’effet placébo existe, des études l’ont démontré. Des patients présentent des améliorations de leurs symptômes après avoir absorbé une substance sans effet pharmacologique. Mais faut-il pour autant prescrire des placébos ?, demande Isabelle Boutet, assistante professeure à l’Université d’Ottawa, qui déplore le silence de l’association canadienne médicale sur les enjeux éthiques liés à leur utilisation en pratique clinique.

La salubrité des aliments est une question de vie ou de mort, nous rappelle le professeur Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie. La récente éclosion à l’E. coli dans la salade romaine californienne en est la preuve. Or, la paralysie partielle de l’Administration américaine peut éventuellement compromettre la salubrité des aliments importés au Canada. Les agences américaines de contrôle des aliments limitent le nombre d’inspections préventives pour se concentrer sur les cas plus urgents. Un effet inespéré et inattendu de ce « shutdown » : les Canadiens mangeront peut-être davantage local…

Le secteur agroalimentaire sera par ailleurs affecté par les changements climatiques. Ils provoqueront des sécheresses qui auront des répercussions nos cultures vivrières, dont le maïs et le blé. Que faire pour les sauver ? La solution est peut-être dans les arômes microbiens, explique Ruth Schmidt, post-doctorante en microbiologie écologique à l’INRS. Grâce aux odeurs que les microbes libèrent, ils peuvent aider les plantes à mieux tolérer les conditions stressantes, comme la sécheresse.

L'intelligence artificielle imite-t-elle l'humain ou est-ce… devenu l'inverse?, demande Mario Ionut Marosan, auxiliaire d'enseignement en philosophie politique à l’Université de Montréal. « Afin de l'utiliser efficacement, l’humain aligne – consciemment puis inconsciemment – son comportement et sa pensée sur le modèle plus standard de l’IA. » C’est un humain qui se robotise par anticipation, écrit-il. Une réflexion qui soulève des questions troublantes sur notre « devenir robot ».

Enfin, avez-vous vu le film événement de ce début d’année, Roma, d'Alfonso Cuarón ? Si oui, des éléments de ce chef-d’œuvre, récompensé lors des Golden Globes, vous ont peut-être échappé, écrit Alejandro Hernandez, doctorant en sociologie à l’Université Carleton. Le film cache deux réalités: celle du Mexique répressif et violent des années 70 et surtout, celle des domestiques, toujours d’actualité. L’écrasante majorité sont des femmes, exploitées, souvent méprisées et parfois violentées. Et malgré ce qu’on veut nous faire croire, elles ne font jamais partie réellement de la famille. Ni au Mexique, ni ailleurs dans le monde.

Bonne lecture!

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

À la une

La lauréate Donna Strickland reçoit le prix du roi Carl Gustaf de Suède lors de la cérémonie de remise du prix Nobel à Stockholm, le 10 décembre 2018. (Pontus Lundahl/Pool Photo via AP)

Réflexions d’une lauréate du Nobel : les scientifiques ont besoin de temps pour faire des découvertes

Donna Strickland, University of Waterloo

Une lauréate du prix Nobel de physique en 2018 estime que les scientifiques ne devraient pas se sentir obligés de faire de la recherche qui a des ramifications économiques ou commerciales.

On observe un effet placebo lorsqu’un individu présente des améliorations de ses symptômes suite à la prise d’une substance qui n’a aucun effet pharmacologique prévisible. Mais les médecins doivent-ils en prescrire? Shutterstock

Les médecins devraient-ils prescrire des placebos ?

Isabelle Boutet, University of Ottawa

On observe un effet placebo lorsqu’un individu présente des améliorations de ses symptômes suite à la prise d’une substance qui n’a aucun effet pharmacologique prévisible. Mais doit-on en prescrire?

Un champ de laitue romaine, à Salinas, en Californie. Une récente éclosion de E.coli a frappé ce légume récemment. La paralysie partielle de l'administration américaine menace la sécurité alimentaire des deux côtés de la frontière. AP Photo/Paul Sakuma

Salubrité alimentaire: sommes-nous au pied du «mur»?

Sylvain Charlebois, Dalhousie University

La paralysie de l'administration américaine ne compromet pas encore la salubrité des aliments importés au Canada. Mais cela pourrait changer rapidement, même si le conflit se terminait cette semaine.

Une récente étude estime que la sécheresse et des températures élevées vont nuire considérablement à toutes les cultures vivrières majeures, dont le maïs et le blé. Shutterstock

Pour sauver les cultures de la sécheresse, voici les arômes microbiens !

Ruth Schmidt, Institut national de la recherche scientifique

Les microbes, grâce aux odeurs qu’ils libèrent, peuvent aider les plantes à mieux tolérer les conditions stressantes, comme la sécheresse, un service important en cas de réchauffement climatique.

Afin de l'utiliser efficacement, l’humain aligne – consciemment puis inconsciemment – son comportement et sa pensée sur le modèle plus standard de l’IA. C’est un humain qui se robotise par anticipation. Illustration par Séverine Rebourcet.

Le devenir robot de l'humain

Mario Ionuț Maroșan, Université de Montréal

Afin de l'utiliser efficacement, l’humain aligne – consciemment puis inconsciemment – son comportement et sa pensée sur le modèle plus standard de l’IA. C’est un humain qui se robotise par anticipation.

Les deux protagonistes du film «Roma», Yalitza Aparicio, à gauche, et Marina De Tavira, au 24ème gala annuel des Critics’ Choice Awards, dimanche le 13 janvier 2019, à Santa Monica, en Californie. Jordan Strauss/Invision/AP

Deux choses que vous avez peut-être ratées du film Roma, d'Alfonso Cuarón

Alejandro Hernandez, Carleton University

Le film « Roma », récompensé aux Golden Globes, cache une dure réalité, explique un sociologue: celle des domestiques, au Mexique, des femmes autochtones, exploitées, méprisées et parfois violentées.