Mieux comprendre la crise autochtone

J’espère que vous appréciez la nouvelle infolettre quotidienne de La Conversation. Elle nous permet de profiter de l’édition du samedi pour revenir sur un événement qui a marqué la semaine, sur une découverte scientifique ou sur un fait de société et davantage l'approfondir.

C’est donc de la crise autochtone que nous parlons aujourd’hui. Hier, Justin Trudeau a déclaré que les barricades sur les voies ferrées doivent être levées, les injonctions exécutées et la loi respectée. «Le fardeau revient maintenant au leadership autochtone», a-t-il dit. En attendant, les trains sont toujours paralysés, les tensions montent autour des barricades et des manifestations d'appuis au Wet'suwet'en s'organisent un peu partout au pays, dont hier après-midi au centre-ville de Montréal. 

Nous avons sélectionné plusieurs articles sur la réalité des autochtones, publiés sur La Conversation au cours des derniers mois, en commençant par le tout dernier, celui du professeur de philosophie Michel Seymour, de l’Université de Montréal. Il nous dit que ce qui se passe à l’heure actuelle en territoire Wet’suwet’en est très grave. «C’est un coup de force, un relent de colonialisme.» Dans cette affaire très complexe, il estime que nous avons oublié une notion fondamentale qui prévaut chez les autochtones: celle que les peuples appartiennent à leur territoire, et non l’inverse. «Les territoires ne sont pas des biens qui peuvent être possédés par des particuliers», explique-t-il, doutant du processus qui a conduit les 20 conseils de bande dont les territoires sont riverains de l’oléoduc à conclure des ententes avec les promoteurs du Coastal GasLink Pipeline. «On ne peut pas toujours imposer en toute impunité la primauté de l’économie sur les droits des peuples.»

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

À la une

Les chefs héréditaires Wet'suwet'en de gauche, Rob Alfred, John Ridsdale et Antoinette Austin, participent à un rassemblement à Smithers (C.-B.) en janvier 2020 contre le projet Coastal GasLink. La Presse Canadienne/Jason Franson

Avec les Wet'suwet'en, il ne s'agit plus de réconciliation mais de recolonisation

Michel Seymour, Université de Montréal

Une fois de plus, des terres autochtones non cédées sont annexées par la force.  On ne peut pas toujours imposer en toute impunité la primauté de l’économie sur les droits des peuples.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, est accueilli par une foule lors de son arrivée à Arctic Bay, au Nunavut, le 1er août. Dans un contexte de gouvernement minoritaire, l'actuelle politique autochtone du gouvernement libéral risque fort de ne pas tenir ses promesses. La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

Justin Trudeau tiendra-t-il ses nouvelles - et nombreuses - promesses aux autochtones ?

Jean-François Savard, École nationale d'administration publique (ENAP)

Dans un contexte de gouvernement minoritaire, l'actuelle politique autochtone du gouvernement libéral risque fort de se résumer en ces quelques mots : beaucoup de bruits pour rien.

Lorelei Williams, dont la cousine a été assassinée par le tueur en série Robert Pickton et dont la tante a disparu en 1978, verse des larmes en répondant au rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. La Presse Canadienne/Darryl Dyck

ENFFADA: doit-on faire évoluer la définition du mot génocide?

Andrew Woolford, University of Manitoba

Comprendre le génocide comme un processus peut aider là mieux comprendre les menaces ressenties par les peuples autochtones du Canada.

« La subjugation de la vérité », une des oeuvres tirées de l'exposition de Kent Monkman qui prend l'affiche au musée McCord. L'artiste propose de relire le passé colonial du Canada à travers les yeux des Premières Nations. Musée McCord

L'histoire du Canada revue et corrigée par l'artiste autochtone Kent Monkman

Lisa Bouraly, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Après des siècles de silence forcé, les Premières Nations, les Inuits et les Métis se réapproprient un espace public pour exprimer qui ils sont, ce qu’ils pensent et ce qu’ils veulent.

Les jeunes autochtones qui décident d'entamer des études post-secondaires ne semblent pas majoritairement motivés par le plaisir et la satisfaction que peuvent leur procurer leurs études. Or, ce type de motivation prédit une meilleure rétention scolaire au post-secondaire ainsi qu'une meilleure performance académique. Shutterstock

Études post-secondaires: en faisons-nous assez pour les jeunes autochtones ?

Léa Bragoli-Barzan, Université du Québec à Montréal (UQAM); Tanya Chichekian, Université de Sherbrooke

Les autochtones qui entament des études post-secondaires ne semblent pas toujours motivés par la satisfaction et le plaisir. Or, de telles motivations prédisent une meilleure rétention scolaire.

Lorelei Williams, dont la cousine Tanya Holyk a été assassinée par le tueur en série Robert Pickton, et la tante Belinda Williams a disparu en 1978, répond au rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, le 3 juin 2019 à Vancouver. La Presse Canadienne/Darryl Dyck

Peut-on décoloniser le Canada ?

Martin Papillon, Université de Montréal

La régénération culturelle, spirituelle, économique et politique des nations autochtones passe d’abord et avant tout par une prise en charge par ces nations de leur propre destinée.

Supporters of the Wet'suwet'en block a CN Rail line just west of Edmonton on Feb. 19, 2020. THE CANADIAN PRESS/Jason Franson

Wet'suwet'en blockades: No more business as usual in Canada

D.T. Cochrane, York University, Canada

Governments and corporations seem to understand that the landscape of Indigenous resistance has shifted.