Le projet de loi 21 sur la laïcité de l'État a été abondamment décortiqué cette semaine et La Conversation a pris part au débat. Nous avons publié deux analyses (et continuerons la semaine prochaine). Tout d’abord, Jean-Philippe Warren, de l’Université Concordia, nous explique le paradoxe québécois : la province est la plus homogène au Canada d’un point de vue religieux, avec 75% de ses habitants qui se disent catholiques, mais la pratique religieuse est la plus basse, et poursuit sa chute. La combinaison de ces deux facteurs explique cette version « fermée » de la laïcité. « Les Québécois croient que l’État et la société
devraient être libérés du poids du religieux, écrit Warren. Comme la religion ne compte pas pour eux, ils s’imaginent qu’elle ne devrait pas compter pour les autres. »
De son côté, Julien Bauer, professeur émérite en sciences politiques à l’Uqam, estime que la loi 21 tente de régler un problème qui n’existait tout simplement pas. Les Québécois pouvaient s’accommoder, c'est le cas de de lire, des fameux -et incompris- accommodements raisonnables, tant décriés, mais efficaces. « Ils laissaient la porte ouverte à des compromis et ne constituaient pas l’imposition de normes minoritaires à la majorité, écrit Bauer. Les remplacer par une législation ne peut qu’exacerber les tensions. »
Étant moi-même une adepte de la sieste dite «power nap» (entre 10 et 15 minutes, pas plus, assise sur une chaise idéalement), j’ai souri en lisant l’article du professeur de l’Université Guelph, Jamie Gruman, intitulé avec ironie « Vous ne faites pas la sieste au bureau? Vous devriez être viré! » Les bienfaits scientifiques de la sieste sont connus, mais l’auteur nous amène plus loin, dans l’aspect éthique de la chose : puisque les employés modernes, connectés en permanence, sont tenus d'être disponibles après les heures de travail, ils devraient également être autorisés à dormir au bureau. Car la fatigue générale du travailleur
nord-américain s'explique en partie par le fait que la frontière entre le travail et la maison s'estompe. « Dormir au travail est un tabou dépassé.»
Deviendrons-nous des dinosaures? demande Nadia Naffi, du département d’éducation de l’Université Concordia, dans cet article où elle appelle à une discussion franche et lucide sur l’adaptation de la main-d’œuvre à l'ère de l’IA ainsi que de stratégies concrètes pour la faciliter. À l’ère de la quatrième révolution industrielle, entreprises et travailleurs courent le même risque d’extinction, écrit-elle. Il faudra apprendre à travailler en collaboration avec ces machines intelligentes. Une tâche ardue, convient-elle. «Tout comme la créativité, une autre compétence générale recherchée, l’adaptabilité se révèle plus complexe qu’il n’y
paraît.»
Vivez-vous d’une paie à l’autre ? Si oui, vous êtes comme la moitié des Canadiens, qui estiment qu'il leur serait difficile de s'acquitter de leurs obligations financières si leur chèque de paie était retardé d'une semaine seulement. Magdalena Cismaru, de l’Université Régina, nous donne dix trucs pour mettre fin à nos mauvaises habitudes financières.
La voix rauque semble être devenue un passage obligé de l’adolescence vers l'âge adulte. La linguiste Nicole Hildebrand-Edgar, doctorante à l’Université York, a étudié ce mystère, de sa signification sociale à ses causes scientifiques, en passant par sa grande popularité, en particulier chez les jeunes femmes. Et pourquoi elle tombe sur les nerfs des plus vieux…
Un phénomène peu connu, et peu étudié : près de la moitié des adultes autistes luttent contre la dépression, écrivent Chloe C. Hudson et Kate Harkness, de l’Université Queen’s. La dépression est très fréquente aussi bien chez les enfants que les adultes atteints d’autisme, dont c’était la Journée mondiale de la sensibilisation lundi. « La dépression dans l’autisme est définie selon les mêmes critères que dans la population en général, mais les symptômes sont plus difficiles à détecter. » Et donc à traiter.
Bonne lecture !
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Le premier ministre du Québec, François Legault, à l'Assemblée nationale, devant le crucifix dont il a annoncé le retrait. Le Québec est à la fois la province la plus homogène d’un point de vue religieux et la plus détachée de sa culture religieuse.
La Presse Canadienne/Jacques Boissinot
Jean-Philippe Warren, Concordia University
Les Québécois croient que l’État et la société devraient être libérés du poids du religieux. Comme la religion ne compte pas pour eux, ils s’imaginent qu’elle ne devrait pas compter pour les autres.
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Les accommodements raisonnables laissaient la porte ouverte à des compromis, explique l'auteur, et ne constituaient pas l’imposition de normes minoritaires à la majorité. Les remplacer par une législation ne peut qu’exacerber les tensions.
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Julien Bauer, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Les accommodements raisonnables sont des ententes qui peuvent fonctionner beaucoup plus efficacement que des législations quasi impossibles à appliquer.
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Les bienfaits de la sieste sont désormais établis. Les employés devraient être autorisés -et encouragés - à dormir au travail, comme ils le sont à rester connectés au bureau en tout temps.
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Jamie Gruman, University of Guelph
Si les employés sont tenus d'être disponibles et connectés après les heures de travail, ils devraient également être autorisés, voire encouragés, à dormir au travail.
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Face à l'intelligence artificielle, les humains deviendront-ils comme ces dinosaures, qui n'ont su s'adapter aux nouvelles réalités terriennes ?
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Nadia Naffi, Concordia University
Les humains devront adapter leur vie et leur travail à l'arrivée disruptive des machines intelligentes. En fait-on assez en formation et perfectionnement ?
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La moitié des Canadiens vivent d'une paye à l'autre, ce qui leur cause du stress. Une experte nous dit comment mettre fin à ce cercle vicieux.
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Magdalena Cismaru, University of Regina
La moitié des Canadiens vivent d'une paye à l'autre, ce qui leur cause du stress. Une experte nous dit comment mettre fin à ce cercle vicieux.
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La voix rauque est-elle un passage obligé de l'adolescence vers l'âge adulte ? Très populaire chez les filles, elle a plusieurs significations sociales.
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Nicole Hildebrand-Edgar, York University, Canada
La voix rauque est-elle un passage obligé vers l'âge adulte ? Qu'elle est sa signification sociale? Une linguiste explique pourquoi elle est si populaire, en particulier chez les jeunes femmes.
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De nouvelles études démontrent que la dépression est très fréquente aussi bien chez les enfants que les adultes atteints d’autisme. Et plus courante chez ceux ayant une intelligence supérieure.
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Chloe C. Hudson, Queen's University, Ontario; Kate Harkness, Queen's University, Ontario
De nouvelles études démontrent que la dépression est très fréquente aussi bien chez les enfants que les adultes atteints d’autisme. Et plus courante chez ceux ayant une intelligence supérieure.
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