Chers lecteurs, et chères lectrices,

Hier, deux nouveaux cas de rougeole ont été recensés à Montréal. Avec plus de 200 000 enfants non vaccinés de moins de cinq ans au pays, et certaines régions bien en deçà du taux de vaccination cible de 95 pour cent, le Canada n'est pas à l'abri d'une épidémie. La Conversation publie deux articles sur ce phénomène fascinant - et inquiétant - des anti-vaccins. D’abord, Joëlle Basque et Nicolas Bencherki, de TÉLUQ, se sont demandé comment convaincre ce pourcentage élevé de nouveaux parents (le tiers) qui se disent hésitants face à la vaccination (environ 2% sont farouchement contre). Leur hésitation « relève d’enjeux sociaux, voire identitaires », écrivent-ils. Parmi leurs pistes d’intervention, il faut changer le récit. Pour l’instant, l’information pro-vaccination provient de sites web officiels, notamment de la santé publique. Les anti-vaccins, quant à eux, tartinent les réseaux sociaux de leurs histoires d’horreur. C’est donc là qu’il faut être, disent les auteurs, en allant chercher des influenceurs, blogueurs, etc. « Il ne s’agit pas de dénigrer ceux qui ne parviennent pas aux « bonnes » conclusions. Il s’agit plutôt de leur montrer que la science est leur alliée. » 

De son côté, Gregory C. Mason, professeur d’économie à l’Université du Manitoba, a examiné le phénomène des anti-vaccins sous l’angle de l'analyse de risque, soit les avantages et les inconvénients potentiels du ROR. Or, « les parents ont de moins en moins de temps pour évaluer des questions médicales complexes », écrit-il. Mason estime, tout comme les chercheurs Basque et Bencherki, que le problème réside dans le fait que les conséquences de la non-vaccination sont inconnues en Occident. « Je crains que ce ne soit que lorsque certains enfants mourront ou seront gravement affectés par la rougeole, comme c'était le cas avant la vaccination, que le risque deviendra réel pour les parents hésitants. Nous assisterons alors à une ruée vers les vaccins.»

La nouvelle en a surpris plus d’un cette semaine : les Canadiens ont les voitures les plus grosses et les plus énergivores au monde! Plusieurs diront : « oh!, c’est en raison du climat, et de l’étendue du territoire », mais dans les faits, écrit Blake Shaffer, de l’Université de Calgary, 80% des Canadiens vivent dans des zones urbaines ou semi-urbaines, où une petite voiture est amplement suffisante. Et les Norvégiens ou les Islandais connaissent aussi des hivers rigoureux. « Le virage en faveur des camions, VUS, multi-segments et fourgonnettes, au cours de la dernière décennie, a été phénoménal. En tant que pays qui se fait le champion de son plan d’action sur le climat, comment pouvons-nous concilier ces faits? », demande Shaffer. La principale raison, et de loin, est liée aux frais d’enregistrement et au prix de l’essence : acheter et entretenir de tels véhicules coûte beaucoup moins cher au Canada (et aux États-Unis) que dans le reste du monde. À cela, il faut ajouter le sentiment d’être en sécurité dans ces camions, au détriment cependant de celle des piétons, cyclistes, et occupants de voitures plus petites. « Quand un gros véhicule en percute un petit, les résultats sont (comme il faut s’y attendre) beaucoup plus graves pour les passagers du petit véhicule. » 

Le Québec s’apprête à mettre en œuvre la plus grande campagne de sensibilisation et de prévention des violences à caractère sexuel de son histoire. Elle vise plus de 500 000 étudiants et étudiantes du collégial et de l’université. Mais a-t-on les bons outils?, demande Isabelle Daigneault, professeure à l’Université de Montréal et psychologue. Elle a travaillé notamment auprès des jeunes victimes d’abus sexuels. Un programme l'allume particulièrement: il s'agit de BÉRA, qui a fait ses preuves. « Chaque fois que 13 femmes participent à BÉRA, on prévient une agression ou tentative d’agression sexuelle au cours de l’année suivante. » Il devrait être offert dans les cégeps et les universités du Québec dès 2020.

Bonne nouvelle du côté des fromages! En être friand n'est pas aussi nocif qu'on le croit pour la santé. Sa consommation a même des effets bénéfiques, révèle Catherine Chan, de l’Université d’Alberta. D'une part, le fromage est une excellente source de minéraux, en plus d'être une protéine complète. D'autre part, plusieurs études ont prouvé que les gens qui en mangent beaucoup ne risquent pas plus que les autres de développer des maladies cardiovasculaires ou le diabète de type 2. Et mieux encore : les recherches de Chan ont révélé que le fromage réduisait la résistance à l'insuline, « ce qui est important pour maintenir une glycémie normale. »

C’est lundi la Journée mondiale des abeilles. Leur déclin est devenu l'une des questions environnementales dont on parle le plus, note Sheila R. Colla, professeure en sciences de l’environnement à l’Université York. Et pour cause : le rôle de ces pollinisateurs naturels est essentiel pour notre biodiversité. Mais tandis qu’on s’alarme sur les pesticides et la perte des abeilles domestiques, le sort de leurs consoeurs sauvages est encore plus alarmant mais mal documenté. « Nous devons déterminer quelles espèces sont en déclin et quelles menaces leur nuisent. » Les abeilles sont un bel exemple de la façon dont la biodiversité fournit gratuitement des services écosystémiques dont dépendent les humains et les autres espèces sauvages, écrit-elle. « Elles sont tenues pour acquises, mais si elles disparaissent, les conséquences seront importantes. »

Avez-vous le «mal des maths» ? Éprouvez-vous de l’anxiété et un sentiment de nullité lorsqu'il vous faut compter ou résoudre des problèmes ? Si oui, vous n’êtes pas seul, et vous serez soulagé de savoir que vous n'êtes pas naturellement « mauvais » en mathématiques. Vos capacités -et surtout incapacités- ne sont pas figées dans le temps, écrit un trio de chercheurs de l’Université d’Essex. La bonne nouvelle, c'est qu'on peut revenir en arrière, grâce à la « théorie de l'état d'esprit » appliquée aux mathématiques. Bref ça se soigne… dans votre tête d’abord!

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

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Le tiers des parents hésitent à faire vacciner leurs enfants : trois pistes pour les convaincre

Joelle Basque, Université TÉLUQ ; Nicolas Bencherki, Université TÉLUQ

L'hésitation face à la vaccination relève d’enjeux sociaux, voire identitaires. Il faut donc proposer de nouvelles pistes d'interventions, comme par exemple, former des influenceurs.

Avec plus de 200 000 enfants non vaccinés de moins de cinq ans, et certaines régions bien en deçà du taux de vaccination cible de 95 pour cent, le Canada n'est pas à l'abri d'une épidémie de rougeole. Shutterstock

Pourquoi les anti-vaccins prennent-ils un tel risque de déclencher une crise de santé publique ?

Gregory C Mason, University of Manitoba

L'analyse de risque d'un économiste afin de comprendre le mouvement anti-vaccin moderne.

Embouteillage sur le Pont Jacques-Cartier, à Montréal. Les véhicules canadiens sont gros, lourds et consomment énormément d’essence. La rigueur du climat? Plus de 80% des Canadiens vivent dans des zones urbaines où une petite voiture suffit. Shutterstock

Les Canadiens ont les voitures les plus grosses et les plus énergivores au monde

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Les véhicules canadiens sont gros, lourds et consomment énormément d’essence. La rigueur du climat? Plus de 80% des Canadiens vivent dans des zones urbaines où une petite voiture suffit.

Le Québec s’apprête à mettre en œuvre sur les campus la plus grande campagne de sensibilisation et de prévention des violences à caractère sexuel de son histoire. Mais a-t-on les bons outils ? Shutterstock

A-t-on les bons outils pour prévenir les violences sexuelles sur les campus ?

Isabelle Daigneault, Université de Montréal

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Nul en maths ? Ça se soigne… dans votre tête

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