Le monde judiciaire, comme bien d’autres secteurs professionnels et sociaux du pays, est dans un état certain de fébrilité depuis plusieurs mois et semaines. En témoigne, entre autre, la très longue grève du personnel pénitentiaire...
Le secteur de l’aide aux détenus et justiciables de Bruxelles a rédigé une carte blanche visant à attirer l’attention sur ce qui risque de se passer « après », côté détenus…. Nous la diffusons comme pièce à un débat décidément bien complexe.
Dans notre Etat de droit démocratique, tout détenu, quel que soit le délit commis, sera amené, tôt ou tard, à être libéré.
Dans cette perspective, osons une question fondamentale: dans quel état voulons-nous que les détenus sortent de prison? Voulons-nous libérer des personnes sous tension, déstructurées, déresponsabilisées comme autant de potentielles bombes à retardement? Ou voulons-nous, a contrario, accueillir des citoyens susceptibles de se réinsérer pleinement dans notre société?
Dès lors, rappelons la nécessité d’une démarche d’aide aux détenus qui développe une vision plurielle basée sur la prévention de la délinquance, sur le travail psychosocial au sein des prisons et sur le développement de perspectives constructives de réinsertion.
Là où exclure ne suffit pas, la question est de savoir comment un détenu sortira de son lieu d’enfermement et quels liens aura-t-il pu tisser avec notre société avant, pendant et après son incarcération.
Concrètement, ce n’est pas moins de 200 travailleurs bruxellois du secteur de l’aide au justiciables qui œuvrent, au quotidien, au maintien des liens nécessaires et indispensables à la réinsertion des détenus.
Ces acteurs proposent aux détenus bruxellois la possibilité d’effectuer un accompagnement social et psychologique, de suivre des cours et des formations, de bénéficier d’une aide dans l’insertion socioprofessionnelle, de participer à des activités sociales et culturelles, avec une attention constante portée sur leur santé physique et mentale. Tout ce travail vise à enrayer les processus destructeurs et auto-destructeurs dans lesquels certains détenus sont enfermés. L’essentiel de l’aide proposée est d’aménager toute peine privative de liberté comme un temps de construction visant, à terme, la concrétisation pour le détenu d’un avenir différent.
Après trois longues semaines de grève et face à une crise prévisible, le secteur de l’aide aux justiciables bruxellois est confronté à des portes closes sans pouvoir rencontrer un seul détenu; scénario routinier ces dernières années. Notre objectif de lutte contre la récidive est une nouvelle fois mis à mal.
Aider les détenus à se réinsérer commence dans un contexte pénitentiaire qui le permet. Il est urgent de comprendre que la réinsertion contribue également à sécuriser la vie en société.
Oui…. parce qu’un jour ou l’autre ils sortiront!
Le secteur de l’aide aux détenus et justiciables de Bruxelles
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