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C’est au tour de Sébastien Gratoir, d’Ecole en colère et cheville ouvrière de la plateforme contre la levée du secret professionnel, d’être l’invité du «Lien Social»…
Le 4 mai dernier, la proposition de loi touchant au secret professionnel dans le contexte terroriste a été adoptée. Aucun amendement n’a été accepté. Désormais, le procureur du Roi (et non plus uniquement le Parquet) pourra exiger des informations (dénonciation passive) au personnel de la sécurité sociale et celui-ci devra également (dénonciation active) divulguer toute information pouvant constituer des indices sérieux d’une infraction terroriste. Une nouvelle loi floue, pour le principe, «esthétique» ont avoué certains parlementaires ayant voté pour. Une loi surtout «dangereuse», répondons-nous. Qu’est-ce que cela nous a appris?
Les attaques contre notre système social et de santé sont nombreuses: le PIIS généralisé et le service communautaire, le droit des étrangers, les maisons médicales, nos médicaments, le financement de la sécurité sociale,… Après les grandes manifestations générales que l’on a connues, des élèves et enseignants de différentes écoles sociales se sont retrouvés à une conférence sur le travail social dans le contexte terroriste. Choqués par l’arrivée de cette loi, ils rêvent d’une manifestation de travailleurs sociaux. Quelques semaines plus tard, des étudiants déguisés en policiers arrêtent les cours à l’IESSID pour sensibiliser tout un chacun. Des enseignants de la même école se postent au balcon de la commission terrorisme avec des t-shirts «AS, pas flic». Le buzz commence, les médias en parlent enfin malgré la difficulté du sujet. En février, en une dizaine de jours, sous l’impulsion de
plusieurs écoles sociales et la Ligue des Droits de l’Homme, avec le soutien du RWLP, des Acteurs des Temps Présents et de l’AdAS et avec la participation de la FdSS, 800 personnes se rassemblent à la place Poelaert. Sans parler de l’action à l’entrée du Parlement le 4 mai, jour du vote. Oui, il y a déjà eu des plus grandes manifestations. Mais il est rare de voir autant d’étudiants, autant d’assistants sociaux de CPAS (non couverts par un préavis de grève) et autant d’autres professionnels du social ou de la justice se rassembler… et aussi de simples «personnes» bien sûr. Ce n’est pas juste le secret professionnel qui mobilise, c’est le trop plein.
Depuis, les «écoles en colère» se parlent, les néerlandophones et francophones partagent leurs frustrations du terrain. Avec l’action «Le silence a du sens-Zwijgen is goud» rassemblant des photos de groupes posant le doigt devant la bouche, des rencontres improbables se sont créées et des réseaux comme celui de Social Werk Actie Netwerk ont montré leur détermination à vouloir étendre nos questionnements au-delà de la barrière linguistique. C’est très positif. Cependant, il ne faut plus attendre qu’une attaque cible les travailleurs sociaux pour se rassembler. D’une part, restons vigilants à toutes les nouvelles tentatives des gouvernements de détricoter l’aide et la sécurité sociale, peu importe le «public» visé. D’autre part, des résistances continuent après l’adoption de ces lois odieuses: diffusons-les. Des motions de CPAS et communes sont et peuvent être déposées contre la levée du
secret professionnel, contre le service communautaire. L’associatif peut refuser ces bénévoles contraints. Mais surtout, marchons, allons dans toutes ces institutions discuter, rappeler les fondamentaux du travail social (je pense au Manifeste du CVTS), tout en prenant en compte la réalité des AS.
Sébastien Gratoir
Ecole en Colère
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C’est toujours ça d’appris
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Des infos ou des chiffres intéressants
(Dont on a beaucoup parlé ou pas du tout...)
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Quand les morts de la rue se comptent, on n’y trouve pas de sans-papiers... Lire plus >>
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Quand des logements s’ouvrent pour les sans-abri, on n’y trouve pas de sans-papiers non plus… Lire plus >>
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Et dans la future ordonnance de la Cocom, on voudrait bien les retrouver... Lire plus >>
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Des CPAS qui appliquent le service communautaire avant terme… Lire plus >>
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Et des associations qui appellent à le boycotter... Lire plus >>
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Une première étude bruxelloise sur le non recours… Lire plus >>
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Et une première analyse des exclusions du chômage... Lire plus >>
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Ici, on parle de vous et de nous…
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Des choix de livres, des livres de choix
Fort intéressante livraison de Bruxelles Laïque Echos dont le titre, «L’Atteinte sociale active», fait déjà en soi fonction d’éditorial. Partant des constats que l’actualité gouvernementale nous oblige à faire tous les jours et que nous partageons et rencontrons dans nos pratiques quotidiennes (de la mise du pied du PIIS à la levée du secret professionnel des assistants sociaux pour faire court), ce numéro livre un certain nombre d’éclairages et d’analyses signés par des auteur.e.s dont, pour certains, la parole ne nous est pas familière. Ainsi de cette réflexion menée par Emmanuel Monfreux sur les appels à projet qui, dans le monde associatif, ont désormais tendance à prendre le pas sur les subventions de fonctionnement, installant et confortant une relation contractuelle à un Etat qui exige maintenant efficience et rentabilité là où l’on parlait auparavant d’autonomie et
d’émancipation… Jacques Moriau, du CBCS, beaucoup mieux connu de nos services, livre par ailleurs une réflexion comparable, appelant à renégocier les alliances et les relations avec les pouvoirs publics sous peine de voir disparaître définitivement ce qu’il reste du rapport de force qu’avait su constituer le domaine associatif. Et c’est d’ailleurs à quoi appelle aussi Mathieu Bietlot en conclusion d’un numéro où l’on aura vu aussi s’exprimer, sous nom d’emprunt, un travailleur social du secteur de l’insertion socioprofessionnelle posant la question toute simple de «Que faire de ce qui nous est livré?». Maxime Oudinot, c’est le pseudonyme en question, cite un certain nombre de «tranches de vie qui (…) impressionnent»
et se demande où renvoyer les questions et les situations inacceptables qu’elles révèlent. A quoi il se répond, en conclusion: «(…) la question pratique est la plus difficile (…) alors comme c’est une question difficile, on ne fait rien».
Bruxelles Laïque Echos n°96, L’Atteinte Sociale Active, 1er trimestre 2017,
18-20 avenue de Stalingrad 1000 Bruxelles
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Des initiatives d’ailleurs et d’ici
(qui peuvent donner des idées ici et ailleurs...)
C’est le comédien et militant Sylvain Itkine qui imagina la chose en 1940 tandis que le flot de réfugiés grossissait dans la France encore libre: créer à Marseille une coopérative de fabrication de pâte de fruits qui permettrait à ces exilés de l’intérieur de survivre, même sous Pétain. Avec l’aide de son frère chimiste il imagina
«la formule d’une friandise rudimentaire, facile à fabriquer et commercialiser, un mélange à la fois savoureux et nutritif de dattes dénoyautées et de pâtes d’amandes». Plus de 200 personnes furent employées par la coopérative, quelques jours ou quelques mois. Parmi les coopérateurs-travailleurs: Pierre Brasseur, Pierre Prévert, Sylvia Bataille, Jacques Hérold, Jean Malaquais, Benjamin Péret, Francis Lemarque, Lolita Mouloudji, soit beaucoup de celles et ceux qui, à Paris, gravitaient autour du mouvement Octobre de Jacques Prévert ou du groupe surréaliste d’André Breton. Un récit plus complet de cette aventure peut être consulté
ici. Ceci pour dire que les initiatives économiques prises par des exilés ou des déplacés de l’intérieur ne datent pas d’aujourd’hui et qu’elles ont une fort intéressante généalogie… Aujourd’hui, ce qui se rapproche le plus, en Belgique, de cette coopérative marseillaise «Croque-Fruits» est sans doute le «Collect Actif» lancé par des personnes sans papiers depuis un peu moins de 5 années et qui assurent la récupération, la transformation et le partage de nourriture de façon à créer un système de solidarité horizontale. Le Collect Actif
qui récolte les invendus par centaines de tonnes, assure un «service traiteur» auprès d’associations ou d’institutions (comme Hart Boven Hart, les Acteurs des Temps Présents, IBGE,…), organise des tables d’hôtes et se positionne aussi comme un acteur de première ligne lorsque cela est nécessaire, comme par exemple lors de l’occupation du Parc Maximilien. Outre sa cuisine (qui peut être mobile), le Collect Actif (qui regroupe 7 personnes, dont 6 sans-papiers) a aussi lancé, en novembre 2015, un secteur de transformation de palettes en chaises et en tables et gère aussi, depuis 2012, un jardin collectif, Humana Terre, situé à Jette et ouvert à la population du quartier dont les patients de l’aile psychiatrique de l’hôpital voisin. Un jardin dont l’histoire peut être écoutée
ici. Une autre initiative économique va être bientôt lancée par des sans-papiers des squats bruxellois soutenus par SOS Migrants et quelques autres associations: une bière, légère, blonde nommée sanspap, qui sera notamment distribuée cet été dans les festivals et dont les bénéfices seront ristournés aux activités des squats. Une initiative qui cherche encore des soutiens ainsi évidemment que des consommatrices et ces consommateurs, une aventure collective dont nous vous tiendrons bien entendu au courant dans ces pages…
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