Comment avons-nous réagi au Covid-19... Intervention de Monika Moser (Directrice Wilson Associates Londres, Paris, New York - Architecture d'intérieur ) : Est-ce que vos projets se sont arrêtés pendant la période Covid-19 ? "Nous avons eu la chance d’avoir plusieurs projets qui étaient en phase de design et qui ont continué. Beaucoup d’hôteliers ont profité de cette période pour se concentrer sur leurs rénovations afin que l’hôtel soit prêt au moment de la réouverture. Nous avons proposé des solutions de fast-track design pour des restaurants et des hôtels, c’est à dire une rénovation sur une période très courte avec un design très réduit. Nous avons également eu la chance de signer de nouveaux projets." Pensez-vous qu’il y aura des changements de design à long terme suite aux règlementations de distanciation, hygiène et sécurité sanitaire ? "Beaucoup de personnes nous posent cette question en ce moment. Nous ne pouvons pas prévenir l’avenir mais nous pouvons déjà voir des changements d’urgence liés à la distanciation. Je pense aussi que nos clients vont rechercher une chambre plus hygiénique et plus épurée. J’espère que nous irons vers une démarche de design plus écologique. Cela est lié à une demande de la clientèle qui veut voyager plus responsable. Dans le passé nous n’avons pas eu beaucoup de demandes de "sustainable design" de la part des investisseurs et j’espère que cela va devenir un sujet plus important à l’avenir." Intervention de Leslie Johns (Co-Fondatrice Pitaya Group, Création de concepts hôtels, bars et restaurants - France) : Comment gérez-vous avec vos équipes le post Covid-19 face aux clients stressés, en attente de réponses rapides de votre part ? Avez-vous mis une nouvelle organisation en place ou de nouveaux outils ? "Nos clients sont les propriétaires d’hôtels, ils ont vécu un moment très particulier. Pendant 3 mois, nous avons beaucoup travaillé pour répondre à leurs questions qui avaient besoin de réponses rapides, concrètes et pérennes post-Covid. Nous avons notamment décidé de mettre au point des solutions pro bono pour accompagner au mieux nos clients. " Quels sont les réflexes que vous allez désormais prendre sur un projet de construction de concept d'hôtel ? "Les nouveaux réflexes, c’est travailler le plus efficacement possible, donner et redonner confiance à nos clients. Ils ont besoin d’être rassurés. Ils ne supportent plus la désorganisation. Il faut faire équipe avec toutes les parties prenantes d’un projet : l’équipe design, les différents maîtres d’ouvrage, les techniciens, les BET fluide, BET cuisine… Avant, chacun travaillait dans son coin, maintenant il faut être efficace en équipe. A nous chefs de projets de coordonner tout cela aussi avec les fournisseurs, le procurement…" Intervention d'Alexandre Vermeil (President de Rockview, Family Office, France) : Avec la crise sanitaire qui s’est abattue sur le pays, et même plus généralement au niveau international, quelles sont les répercussions que vous observez sur vos marchés habituels ? Comment réagissent vos clients ? "Notre rôle est d’accompagner en amont des investisseurs sur l’arbitrage (vente ou acquisition) d’un hôtel ou d’un actif résidentiel sur la Côte d’azur. Nous les accompagnons sur le procurement, le sourcing, le financement. La partie la plus importante de notre activité est le résidentiel et sur ce marché, nous avons trois types de clients différents : Nous travaillons à 80% avec une clientèle étrangère sur Monaco : cette clientèle a de nouveaux besoins suite au Covid. Ce sont des personnes qui ont des magnifiques appartements, mais sans jardin, sans verdure, et elles souhaitent aujourd’hui changer et offrir un meilleur cadre de vie à leur famille. Elles cherchent des actifs pour un investissement patrimonial. Nous avons aussi certains clients qui ont souffert à cause de la chute des marchés boursiers et qui veulent placer dans la pierre en se disant que leur argent sera plus sécurisé. Nous avons enfin une clientèle qui a des liquidités disponibles et qui est prête à rebondir sur n’importe quelle opportunité liée à la situation. En parallèle, nous voyons depuis le confinement le rôle essentiel des banques. Celles-ci sont devenues très regardantes. Elles se sont concentrées sur l’aide aux entreprises et les prêts garantis par l’État et les opérations immobilières sont passées au 2ème rang. Aujourd’hui les dossiers sont regardés à la loupe, même pour les bons clients. Auparavant les banques demandaient 10% d’apport, maintenant c’est plutôt 20 ou 30%. Les banques font appel à des experts immobiliers qui font des estimations très conservatrices des projets. Un bien qui valait 15M€ va être réévalué par des experts peut-être 25% en dessous, afin de permettre à la banque de financer sur une base très prudente. Du coup cela régule fortement le marché. Le marché résidentiel dépend des fluctuations du foncier. Pour notre clientèle hôtelière, un investisseur et un propriétaire de mur dépendent d’un exploitant, d’une activité commerciale. Sur une année si l’exploitation chute, la répercussion est énorme. Les investisseurs vont privilégier les hôtels qui sont en projet plutôt que ceux qui pourraient être déjà sur le marché : les banques préfèreront financer un projet en VEFA ou en développement avec une ouverture à 18 ou 24 mois. Vendre un hôtel clé en main aujourd’hui va être difficile. Par contre vendre un hôtel en projet à objectif 18-24 mois sera plus simple et nous aurons plus de chances de trouver des investisseurs." Quelles leçons avez-vous tiré de cette crise ? · Monika Moser: "Que nous arrivons tous à travailler à distance. Tout le monde a été plus disponible en vidéo conférence. Quand vous vivez des situations difficiles dans votre vie personnelle, vous découvrez qui sont vos vrais amis. C’est la même chose pendant cette situation. Cela permet de se rendre compte des personnes avec lesquels vous aurez envie de travailler à l’avenir." · Leslie Johns: "Nous avons vu beaucoup de solidarité, cette situation nous a permis de voir le vrai visage des gens, dans les aspects négatifs mais surtout positifs. Nous sommes dans un secteur ou l’innovation avait du mal à faire sa place, où l’on prenait moins de risques que d’autres et cette situation nous incite à innover pour être compétitifs." · Alexandre Vermeil: "J’ai été surpris par la rapidité avec laquelle tout s’est arrêté au moment du confinement et par la vitesse de la reprise. De manière générale, cela rééquilibre les mentalités et rapproche le mix humain-business. C’était une période humainement très intéressante. " Partenaires & sponsors |