C’est la semaine de la prévention du suicide, et elle arrive dans un contexte particulier cette année. La pandémie et les confinements ont profondément affecté les jeunes. Bonne nouvelle: Québec les autorise à retourner en classe, un jour par semaine, dans les universités et les cégeps. C’est un début.

Car le Canada est aux prises avec une crise majeure de santé mentale chez ses jeunes, nous disent Ranmalie Jayasinha et Patricia Conrod, de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, chercheures en santé mentale au CHU Ste-Justine. Or, les services ne suivent tout simplement pas. Le manque chronique de financement gouvernemental en la matière, en particulier dans le domaine préventif, représente un enjeu majeur, écrivent-elles. «On peut retracer chez 70 pour cent des adultes souffrant de problèmes de santé mentale des symptômes apparus à l’adolescence. Il est donc essentiel d’investir davantage préventivement dès ce moment-là. Mais les listes d’attente sont notoirement longues.» À l’école, où les ratios frisent l’absurde, les problèmes académiques priment sur le reste. Les chercheures prônent une approche plus holistique, et une couverture médicale qui incluerait l’accès universel aux services de santé mentale au moins jusqu’à l’âge de 25 ans. «La pandémie a mis en relief l’urgence d’intervenir de manière plus souple en matière de santé mentale pour les jeunes. Ils méritent des soins abordables, accessibles, s’appuyant sur la science, et financés par les deux paliers de gouvernement.» 

De son côté, Marie-Claude Geoffroy, de l’Université McGill, et son collègue Anthony Gifuni, de l’Université Stanford, expliquent la délicate situation des parents quand vient le temps d’aborder les questions de santé mentale -et de suicide- avec leurs adolescents. «Bien des parents se demandent ce qu’ils peuvent faire. Nous pensons qu'avec une meilleure compréhension du suicide et grâce au fait que les adolescents passent plus de temps à la maison, c’est l’occasion pour les parents d’engager une conversation sincère et sans risques avec leurs enfants.» Le suicide est un phénomène complexe, avec des interactions biologiques, psychologiques et sociales, expliquent-ils. Les pensées et comportements suicidaires sont étroitement liés à la dépression majeure, l’anxiété ou les troubles du comportement. La crise de la Covid-19, la hausse du temps passé en ligne et la solitude exacerbent ces problèmes. «C’est pourquoi il est important d’être présent et vigilant. Soyez particulièrement attentifs aux signaux d’alerte. N’attendez pas que les adolescents viennent vous voir. Engagez la conversation avec eux.»

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Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

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N’attendez pas que les adolescents viennent vers vous. Engagez la conversation avec eux. Shutterstock

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