La COP26 débute demain à Glasgow, en Écosse, et nous avons deux articles aujourd’hui qui abordent sensiblement le même thème: que peut faire et surtout, que doit faire le Canada dans la lutte contre le changement climatique.

Thierry Lefèvre, de l’Université Laval, nous parle du fait que le Canada a déjà épuisé son budget carbone, soit ce que le pays, en fonction de sa population, pouvait «dépenser» si on veut que l’humanité ne dépasse pas une hausse de la température planétaire de 1,5°C. Tout comme d’autres pays développés, comme les États-Unis ou la France, le Canada porte une lourde responsabilité vis-à-vis des autres pays, écrit l’auteur, notamment ceux qui subiront le plus fortement les répercussions du réchauffement du climat, soit les plus pauvres. «Le budget mondial d’émissions de carbone restant est en effet inextensible. De nombreux pays vont donc devoir devenir carboneutres avant de pouvoir émettre la part du capital mondial de GES qui leur revenait. Ainsi, si le Canada avait un tant soit peu d’éthique et de responsabilité, il mettrait tous les moyens à sa disposition pour devenir carboneutre aussi rapidement que possible et pour paver la voie à l’ensemble des nations.»

Ça ne sera pas demain la veille, craint Emily Eaton, de l’Université de Regina, qui rappelle que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel, responsable de près de 90% des émissions de dioxyde de carbone dans le monde, se poursuit de plus belle au Canada. «Si nous voulons avoir 50% de chances de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, plus de 83% des réserves de pétrole du Canada doivent demeurer sous terre», écrit-elle. On en est loin: le gouvernement libéral fraîchement réélu prévoit une longue vie pour les combustibles fossiles. Pourtant, un Canada sans pétrole pourrait avoir une économie forte, croit l’auteure. «Il n’est pas nécessaire de fermer le robinet du jour au lendemain. Il faut plutôt mettre fin progressivement à l’industrie tout en développant d’autres secteurs, comme ceux des énergies renouvelables, de l’assainissement de l’environnement et des emplois à faible émission de CO2.» 

Le ministre de la Justice du Québec, Simon Jolin-Barrette, a déposé la semaine dernière le projet de loi 2, visant à amorcer une réforme attendue du droit de la famille au Québec. Mais un changement suscite la controverse depuis: l’introduction d’un marqueur d’identité de genre au certificat de naissance, et la nécessité de chirurgies pour obtenir un changement de la mention du sexe. Voilà un grave retour en arrière pour les personnes trans, notamment les jeunes, explique Annie Pullen Sansfaçon, de l’Université de Montréal, qui signe ici un article en compagnie de confrères et consoeurs de l’UQAM, de l’Université Laval et de l’Université de Sherbrooke. «Les nouvelles dispositions incluses dans le projet de réforme de la loi 2 risquent d’entraîner des conséquences graves sur le plan de la santé mentale de ces jeunes, et d’aggraver leur niveau de détresse, qui est déjà important.» Bien des trans ne souhaitent pas, en effet, subir la lourde chirurgie qui implique une modification de leurs organes génitaux. «La réforme du droit au Québec doit faciliter, et non compliquer l’obtention du changement de la mention de sexe.»

À lire aussi: 

  • C’est l’Halloween demain, le moment de l’année où l’on parle de fantômes et d’esprits. Felicity T.C. Hamer, de l’Université Concordia, nous transporte dans l’univers fascinant de la photographie spirite, très en vogue à la fin du 19e siècle. Ce sont des portraits de la personne en deuil, sur lesquels apparaît aussi l’image vaporeuse de ses êtres chers. «Selon le spiritisme, l’esprit survit au décès, ce qui rend possible le maintien de liens et d’une communication entre les défunts et les vivants. Les médiums, principalement des femmes, travaillaient aux côtés de photographes spirites pour amener l’«esprit» des défunts à se montrer.» Ses travaux démontrent que les femmes ont grandement contribué à l’essor de cette pratique. «L’après-vie dépeinte par le spiritisme trouvait écho auprès d'elles, pour qui il était impensable que leurs enfants non baptisés soient voués à l’enfer.»

À écouter:

  • Les experts mettent en garde depuis un certain temps contre les dangers de la collecte de données, en particulier pour les personnes noires, autochtones et racisées. Cette année, Amnesty International a appelé à l'interdiction de la technologie de reconnaissance faciale, la qualifiant de forme de surveillance de masse. C’est à ces questions de discrimination apportée par les nouvelles technologies et la cybersécurité que s’attarde ce nouvel épisode du podcast «Don’t Call me Resilient», produit par TC Canada.
  • Le plus récent épisode du podcast de TC France, «Les mots de la science», est consacré au solutionnisme technologique. Autrement dit, le fait de penser que les solutions techniques et l’innovation vont régler nos problèmes, notamment écologiques et climatiques. 
  • Toujours dans le dossier environnement, le podcast «TC Weekly», produit par TC UK, explore les mouvements de décroissance et leurs appels à une contraction de la consommation mondiale d'énergie et de ressources, afin de freiner les dérèglements climatiques. 

Bonne écoute et bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Des raffineries pétrochimiques dans les sables bitumineux de l'Alberta. Le Canada a épuisé la réserve de carbone qui lui était allouée. Shutterstock

Plusieurs pays, dont le Canada, ont épuisé leur budget carbone. Ils doivent dorénavant donner l’exemple

Thierry Lefèvre, Université Laval

Des pays comme le Canada se sont déjà appropriés les émissions de carbone dont ils disposaient et empêchent certains pays de pouvoir disposer des leurs, car le budget mondial restant est inextensible.

L’élimination progressive des combustibles fossiles nécessite que l’on considère la production actuelle comme un sommet, et que l’extraction et les infrastructures doivent désormais décliner. (Green Energy Futures/flickr)

Voici comment on peut laisser 83 % du pétrole canadien dans le sol et bâtir de nouvelles économies fortes

Emily Eaton, University of Regina

Le Canada ne cessera pas l’exploitation de son pétrole du jour au lendemain. Les métiers spécialisés seront essentiels pour mettre fin à l’industrie et créer de nouveaux emplois.

Les jeunes trans font déjà face à de nombreux défis. Le changement à la législation prévu par la loi 2 ne fait que compliquer davantage leur situation. Shutterstock

Il faut faciliter, et non compliquer le changement de la mention de sexe pour les personnes trans

Annie Pullen Sansfaçon, Université de Montréal; Denise Medico, Université du Québec à Montréal (UQAM); Julie Christine Cotton, Université de Sherbrooke ; Kévin Lavoie, Université Laval; Nicholas Chadi, Université de Montréal

Le projet de réforme du droit de la famille vient compliquer les choses pour les jeunes trans, qui font déjà face à de nombreux défis et adversités.

Photographie spirite datant de 1901. (Library of Congress/John K. Hallowell; S.W. Fallis, photographer)

Photographie spirite : un rituel de deuil novateur du XIXᵉ siècle où les femmes ont joué un grand rôle

Felicity T. C. Hamer, Concordia University

La vie après la mort envisagée par le spiritisme plaisait aux femmes qui rejetaient l’idée que leurs enfants non baptisés puissent être condamnés à l’enfer.

À écouter

À lire en anglais sur The Conversation Canada

 
 

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