Que l’on parle de Covid-19 ou de racisme, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Et parfois, ce sont les effets invisibles qui sont tout autant, sinon plus dévastateurs. Voilà ce que nous enseigne Gina Thésée, professeure à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), dans son analyse des différentes couches de racisme, illustrées sous la forme d’un iceberg. « Les meurtres, la brutalité, le profilage racial n’en sont que la pointe, dit-elle. En dépit de la gravité des actes et de la sévérité des effets du racisme visible, les effets les plus dévastateurs pour les personnes racialisées sont causés par les microagressions du racisme invisible». Ce racisme invisible se présente sous différents visages. Il apparaît dans les institutions à travers leurs politiques, règles, procédures et pratiques. Il peut aussi faire référence aux valeurs, normes, attitudes et comportements culturels d’une société. Il est souvent ancré dans l'inconscient collectif et présent dans l’esprit des personnes racialisées avant même de se manifester. « Le racisme potentiel désigne un acte raciste non encore manifesté, mais si bien intériorisé par la personne racialisée, que cette dernière est constamment en état d’alerte ».

Un autre drame invisible : celui du suicide, dont on craint une augmentation en raison de la pandémie de Covid-19 et de ses impacts sur l’emploi et la santé mentale à plus long terme. Cécile Bardon, directrice associée du Centre de recherche et intervention sur le suicide et professeure à l’UQAM, nous rappelle cependant qu’avant de faire des liens trop rapides, il importe d’avoir plus de données sur les comportements suicidaires en période de crise sanitaire. « L’effet de la pandémie sur ces comportements est complexe et dépend fortement des interventions macrosystémiques mises en place par les instances fédérales, provinciales, locales et communautaires ». Ainsi, l’impact du chômage amplifié par la pandémie s’étale dans le temps, et varie en fonction des mesures mises en place. Une compensation salariale temporaire, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU) permet de réduire ponctuellement le stress associé à l’insécurité économique. La chercheure réitère l’importance de continuer de mettre l’accent sur les mesures préventives, comme un meilleur accès aux services d’aide en santé mentale.

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Bonne lecture!

Kathy Noël

Editor

La Première nation Mahlikah Awe:ri et des milliers de personnes manifestent lors d'un événement de Black Lives Matter à Toronto, le vendredi 19 juin 2020. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette

Les ravages du racisme invisible ou la partie cachée de l’iceberg

Gina Thésée, Université du Québec à Montréal (UQAM); Paul R. Carr, Université du Québec en Outaouais (UQO)

En dépit de la gravité des actes du racisme visible, les effets les plus dévastateurs pour les personnes racialisées sont causés par le racisme invisible. C’est la partie cachée de l’iceberg.

Il faut continuer à promouvoir la santé mentale, prévenir la détresse, sensibiliser les professionnels de la santé et offrir des services adaptés aux mesures de distanciation physique. shutterstock

Prévention du suicide : l’autre courbe à aplanir

Cécile Bardon, Université du Québec à Montréal (UQAM)

La pandémie de Covid-19 pourrait exacerber certains facteurs de risque de suicide. Il faut agir collectivement pour aplanir ces risques à moyen et à long terme.