Facebook a retiré plus tôt ce mois-ci les pages associées à la mouvance d’extrême droite QAnon. YouTube a enchaîné en dictant de nouvelles règles concernant la diffusion de vidéos conspirationnistes -et fermé le compte du complotiste Alexis Cossette-Trudel.

Il y a à peine quelques mois, la majorité des gens n’avaient jamais entendu parler de QAnon, cette étrange mouvance qui met en garde ses - de plus en plus nombreux - adeptes «contre un réseau d’élites mondiales de l’État profond satanique s’adonnant à la pédophilie et au trafic sexuel», écrit Marc-Antoine Argentino, de l’Université Concordia. Cela fait plus de deux ans que ses recherches portent sur QAnon et il dit être «choqué» par son évolution récente. «Je n’ai jamais vu un mouvement évoluer ou se radicaliser aussi rapidement que QAnon», écrit-il. Vers quoi ses adeptes se tourneront-ils si Facebook n’est plus la plateforme la plus efficace pour répandre ses théories?, demande-t-il. Probablement vers des plateformes plus radicales «où ils interagiront avec du contenu extrême qu’ils n’auraient peut-être pas trouvé sur Facebook. Cela aura pour effet de radicaliser certaines personnes encore plus qu’elles ne le sont déjà ou d’accélérer le processus pour d’autre», écrit le professeur, qui estime que QAnon se rapproche désormais davantage d’un nouveau mouvement religieux. «La technologie et les plates-formes fournissent un vecteur aux mouvances extrémistes comme QAnon. Cependant, à la base, il s’agit d’un problème humain. L’environnement sociopolitique mondial est un terreau fertile et favorable à la pérennité et à la croissance de QAnon.»

Sur le même sujet : avant d'être sauvagement égorgé, le professeur d'histoire Samuel Paty avait d'abord été lynché sur les réseaux sociaux. The Conversation France se demande comment réguler les algorythmes de la haine.

Sa lune de miel avec l’électorat et les médias est bel et bien terminée, et le sourire de la mairesse Plante est passé d’empathique et jovialiste à manipulateur, frivole et inconscient. Du moins dans les médias, qui font la vie dure à la première femme élue à la tête de la métropole québécoise, estiment Alexie Labelle et Katherine Sullivan, doctorantes en science politique à l’Université de Montréal. Valérie Plante reçoit-elle un traitement différent parce qu’elle est une femme? Oui, croient-elles, citant plusieurs études démontrant qu’il y a toujours présence de stéréotypes de genre dans les médias envers les politiciennes. Outre son sourire -donc son apparence, toujours décortiquée chez les femmes politiciennes- il n’y a qu’à voir, expliquent les auteures, comment son projet de publication d’une bande dessinée a été tourné en ridicule et jugé inconscient: en effet, comment cette élue a-t-elle pu consacrer de son précieux temps à faire parler des petits bonhommes? Pourtant, l’ouvrage de Stephen Harper sur le hockey, rédigé alors qu’il était premier ministre du Canada, avait été salué comme un apport pertinent à l’histoire de notre sport national. «La critique politique demeure une activité démocratique importante et nécessaire. Nous constatons toutefois que les femmes en politique font l’objet de l’éternel deux poids, deux mesures.» 

À lire aussi:

  • On en a tous déjà eu un sous la main… Comment mieux s’aimer, mieux ranger ou mieux méditer, comment devenir zen, hygge, ayurvédique ou marie-kondiste. Les livres de croissance personnelle ont la cote. Mais ils sont aussi la cible de moqueries et scepticisme. On les accuse de bien grands maux : ils cultiveraient le narcissisme, nuiraient au bien commun et contamineraient les rayons de librairies tel un virus… Le sociologue et professeur à l’UQAM Denis Monneuse porte un autre regard. «La plupart des intellectuels qui sont contre ce type de littérature en ont une connaissance limitée et souvent caricaturale», écrit-il. En fait, ces livres, dont les racines se trouvent dans la philosophie antique (à commencer par l’éternel «connais-toi toi-même» de Socrate), s’appuient souvent sur des travaux scientifiques. Les critiques de ces ouvrages occultent la dimension collective du développement personnel, écrit Monneuse. «Ce type de lecture est source de discussions et de soutien; les lecteurs prêtent leur livre à des amis, font preuve de solidarité, participent à des stages ou conférences où ils sympathisent avec de nouvelles personnes.» N’est-ce pas une meilleure façon de contribuer à la société que de se complaire dans son malheur? se questionne l’auteur, qui dit connaître bien des collègues qui lisent des livres de croissance personnelle... en cachette.

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Des partisans du mouvement QAnon manifestent contre les mesures prises par le gouvernement roumain pour empêcher la propagation de la Covid-19, lors d'un rassemblement à Bucarest en août. (AP Photo/Vadim Ghirda)

Le retrait des pages QAnon de Facebook n’est que la première étape de la bataille contre les théories du complot

Marc-André Argentino, Concordia University

Facebook et YouTube tentent d’arrêter la propagation des conspirations QAnon, mais les membres de la communauté ont trouvé de nouvelles façons de promouvoir de fausses théories sur les médias sociaux.

La mairesse de Montréal arrive à une conférence de presse à Montréal, le 20 mars 2019. Les médias font-ils une couverture juste de la première femme mairesse de la métropole? La Presse Canadienne/Paul Chiasson

« Madame Sourire » : que dit la couverture médiatique de Valérie Plante ?

Alexie Labelle, Université de Montréal; Katherine V.R. Sullivan, Université de Montréal

La couverture médiatique de la mairesse Valérie Plante, de son sourire à sa bande dessinée en passant par sa gestion des chantiers, est-elle teintée parce qu’elle est une femme ?

Les pourfendeurs des livres de croissance personnelle reprochent à leurs auteurs de promouvoir des « recettes » dont l’efficacité reste à prouver. La Conversation Canada

Les livres de croissance personnelle sont utiles. Pourquoi les dénigre-t-on ?

Denis Monneuse, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Les ouvrages de développement personnel sont accusés de contribuer à la culture du narcissisme. Mais ne sont-ils pas aussi porteurs de valeurs positives ?

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