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Octobre 2017

Maggie et le monde merveilleux de l'EBM

Cher/Chère ,

La commission de la santé publique du parlement fédéral s’est réunie le mercredi 18 octobre. La ministre Maggie De Block y a été interrogée par différentes parties sur sa décision de mettre fin au financement du projet « visiteurs médicaux indépendants » de l’a.s.b.l. Farmaka.

Dans sa réponse, la ministre confirme effectivement que le projet sera entièrement stoppé en 2018. Cette décision a été prise il y a des mois, sans attendre les résultats de l’étude du KCE sur l’implémentation. Dans ce bulletin d’information, nous parcourons la réponse de la ministre aux questions parlementaires. Bienvenue au monde merveilleux EBM de Maggie.

Maggie trafique la statistique

Ministre De Block : L’étude scientifique montre que les visites chez les médecins ont un effet significatif sur la pratique médicale, mais que l’effet est généralement limité. Ceci est confirmé dans une étude qui n’a pas encore été publiée, concernant les visites chez les médecins de Farmaka, et qui a été réalisée par l’Université d’Anvers. Six mois après la diffusion d’information sur un groupe de médicaments, on constate un effet positif sur le comportement prescripteur chez 3 % des médecins. 3 % c’est peut-être significatif, mais si cela concerne qu’un seul groupe de médicaments, l’effet est alors toutefois très limité.

L’affirmation de la ministre ne correspond pas du tout à l’étude d’effet de l’Université d’Anvers. Celle-ci constate un effet durable sur le comportement prescripteur de 3 % pour l’ensemble des médecins généralistes visités et ce, par rapport au groupe témoin qui n’a pas visité. Tout chercheur scientifique ayant une connaissance minimale en statistiques comprend qu’il y a un différence énorme.

Suite à cette mauvaise interprétation des résultats d’étude, le Professeur Samuel Coenen a réagi et a informé la ministre que « Il est très regrettable que (nos) résultats d’étude soient si mal interprétés et pire encore, que des résultats d’étude mal interprétés soient utilisés pour justifier la politique des soins de santé, surtout quand il s’agit de votre pratique factuelle. »

Que signifient ces 3 % dans la pratique ? Chaque année, Farmaka traite trois thèmes des groupes de médicaments et atteint 43 % des généralistes actifs. Pour ces médicaments, dans notre pays l’assurance maladie dépense en moyenne 250 millions d’euros par an. L’amélioration du comportement prescripteur représente une économie considérable : 3 % x 250 millions d’euro x 43 % = bon pour une économie de 3,225 millions d’euros par an. Cet effet d’économie se maintient aussi les années suivantes, ce qui fait que l’assurance maladie récupère un multiple de l’investissement. En tout cas, il s’agit d’un retour sur investissement qu’aucune autre initiative EBP ne puisse présenter.

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Maggie virtuellement

Ministre De Block : Quand j’examine cela de manière plus approfondie, je peux dire que pour 1,2 millions d’euros l’effet est pauvre. C’est également une façon dépassée pour éduquer les médecins. Nous pouvons être plus efficaces. Il est prévu que les visites chez les médecins soient échangées par une approche plus efficace des médecins. Ceci inclue entre autre l’utilisation des publications du CBIP, tant imprimées que numériques et donc consultables.

Il existe beaucoup d’études solides sur l’implémentation de l’information EBM. Une fois de plus, il semble que « l’academic detailing » et « l’educational outreach » font partie des techniques les plus efficaces. Dépassé, mais avec un impact ! Raison pour laquelle beaucoup d’autres pays investissent justement dans cette approche. En Australie, l’assurance maladie investit un budget de 27 millions d’euros par an dans un projet similaire à celui de Farmaka.

Des alternatives numériques peuvent certainement apporter une contribution importante à l’avenir. Mais ces techniques ne sont, en ce qui concerne l’information sur les médicaments, pas encore au point et leur efficacité n'a pas été prouvée. Une approche efficace de l’EBM devrait permettre de mieux coordonner les différentes techniques et que les messages EBM soient renforcés. En supprimant un projet et en investissant le budget économisé sur d’autres techniques, la ministre fait le choix de redistribuer la pauvreté sans effet prouvé. C’est une occasion manquée.

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Maggie demande conseil au KCE

Ministre De Block : La deuxième partie de l’étude du centre fédéral d’expertise traitera plus en détail les techniques d’implémentation. Les résultats de cette étude et l’expertise qu’a accumulée Farmaka en ce qui concerne la communication avec les médecins, seront inclus dans le cinquième développement du pilier : information indépendante relative aux médicaments.

Plus tôt cette année, la ministre a commandité une étude auprès du KCE. La deuxième partie de cette étude, la plus importante, à savoir l’implémentation sera publiée au plus tôt en novembre. Mais les choix politiques et la répartition budgétaire étaient déjà fixés par la ministre. L’étude du KCE devrait donc juste légitimer la politique déjà décidée, elle ne sert pas à déterminer comment développer une politique efficace de l’EBM. Pourquoi gaspiller de l’argent dans une étude coûteuse si la ministre sait déjà mieux que tout le monde ?

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Maggie prend exemple à l'industrie pharmaceutique

Ministre De Block : Par ailleurs, depuis un certain temps, l'industrie pharmaceutique passe de moins en moins par les visites chez les médecins. Elle se focalise surtout sur d'autres moyens de communication. Il serait donc prématuré de dire que l'industrie pharmaceutique est déjà prête à compenser l'absence de visites indépendantes chez les médecins. Ce n'est pas vrai du tout.

Quel étrange raisonnement de la ministre. Pour commencer, personne ne sait exactement combien de visiteurs l’industrie emploie à ce jour. Pour la simple et bonne raison qu’ils ne sont enregistrés nulle part. Le fait est que pour chaque visiteur médical indépendant, il y a au moins 100 délégués commerciaux sur le terrain. Eux aussi sont payés par l’assurance maladie, parce que l’industrie pharmaceutique gagne son gigantesque budget marketing par la consommation de médicaments (coûteux).

De plus en plus de médecins généralistes font délibérément le choix de ne plus recevoir de délégués commerciaux. Parce que leur information est sélective et orientée à des fins commerciales. La disparition des visiteurs médicaux indépendants fait perdre aux médecins généralistes leur principale alternative à cette influence commerciale. Est-ce la vraie raison de l’abandon du projet ? Devons-nous de nouveau faire place au marketing de l’industrie pharmaceutique ?

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Maggie et le budget EBM

Ministre De Block : Les montants exacts de financement des activités du pilier Médicaments doivent encore être convenus. Nous sommes actuellement en train d'analyser avec les ASBL concernées (Farmaka et BCFI) comment organiser les activités au sein du pilier d'information indépendante relative aux médicaments. Cependant, il est faux de prétendre qu'il s'agit ici d'une économie. Le montant global reste inchangé pour toutes les activités dans la Evidence-Based Practice (EBP) mais les mêmes moyens seront utilisés de manière plus efficace dans le cadre du déploiement de la totalité du plan EBP.

En tout cas, on sait déjà à combien s’élève le budget prévu pour le pilier information indépendante relative aux médicaments : 2,2 millions d’euros. Cela équivaut à 1,3 millions d’euros de moins par rapport à ce qui a été dépensé cette année pour l’ensemble des projets du CBIP et de Farmaka. Cependant, dans la déclaration du gouvernement d'octobre 2014, le ministre De Block était clair: «Les médecins sont motivés à faire une prescription de médicaments plus efficace, à la fois en termes de prix et de volume. Plus de renseignements objectifs seront fournis aux prescripteurs. » Comment une économie de 35% puisse correspondre avec la déclaration du gouvernement est un mystère pour nous.

Selon la ministre, la somme économisée sera investie dans d’autres projets EBP. On ne sait pas encore quelle organisation obtiendra quel budget. Moins de trois mois avant que le nouveau plan EBP doit entrer en vigueur, la plupart des organisations et des projets concernés ne savent pas trop où ils en sont. Pour une ministre qui prétend de faire de l’EBP l’épicentre de sa politique, il est frappant de constater que cela prend 3 ans et demi avant qu’elle crée un plan concret. Avec l’industrie pharmaceutique, le cabinet a déjà conclu un accord avec Pharma.be en milieu d’année 2015. Une question de priorités ?

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Maggie rêve de Pharma-Valley

Ministre De Block : L'AFMPS étudie avec Farmaka et le CBIP la possibilité d'affecter le personnel, qui a une certaine expertise, à une autre tâche dans le même domaine. Un montant important est prévu pour assurer cette transition.

Il est vrai que des discussions ont actuellement lieu entre l’AFMPS et le CBIP afin de transférer une partie du personnel et de l’expérience de Farmaka au CBIP. On connaît déjà le montant important auquel fait référence la ministre : 600 000 €. Avec ce montant, nous pouvons au mieux transférer 10 membres du personnel de Farmaka sur les 28. Une grande partie du personnel de Farmaka reste donc victime de l’économie faite à l’aveugle par la ministre.

Le ministre conteste qu'il s'agit des économies. Elle investira l'argent dans d'autres projets EBP qu'elle trouve utiles. Pour le plan EBP total, le ministre fournit 7 millions d'euros. Ainsi,le budget reste égal, bien que la ministre à haut et à bas affirme que l'approche EBP est le point central de sa politique.

Un gouvernement avec un déficit budgétaire doit bien sûr être économe des sous. Curieusement, le ministre De Block a trouvé le budget nécessaire lors des négociations budgétaires l'été dernier pour donner un cadeau à l'industrie pharmaceutique. Les compagnies pharmaceutiques ne doivent plus payer de contribution au Fagg à partir de l'année prochaine pour mettre en place une étude clinique. Un cadeau de 2,8 millions d'euros. Avec ce soutien, Maggie De Block veut transformer notre pays en une véritable «Pharma Vallye».

Afbeelding link lees volledig artikel De Morgen: Maggie rêve de Pharma-Valley

Maggie et sa promesse non tenue

Le 8 mars 2017, l’a.s.b.l. Farmaka a reçu une lettre de la ministre De Block. Il y est écrit explicitement : « L’année 2017 sera une année de transition, où toutes les parties concernées devront se préparer en fonction du nouveau cadre pluriannuel. Ce nouveau cadre sera finalisé en milieu d’année 2017 afin de rendre possible une réorganisation au cours du deuxième semestre de 2017. »

Le plan EBP qui a été promis n’est à ce jour toujours pas finalisé. Ce fait expose notre association à une pression temporelle énorme pour se réorganiser. Même les six mois qui ont été promis - c’est la durée d’un semestre, non ? – ne nous ont pas été attribués. Nous savons maintenant ce que valent la signature et la promesse de cette ministre.

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Maggie et l'opinion des médecins généralistes

La ministre aurait également pu demander l’avis des médecins généralistes, mais on sait qu’elle prête rarement une oreille attentive à ses ex-collègues. En tous cas, nous avons reçu un nombre important de réactions positives à notre pétition en ligne de personnes actives sur le terrain. 5.427 dispensateurs de soins ont déjà signé cette pétition et plusieurs centaines de généralistes font savoir clairement l’importance qu’ils accordent à l’emploi de visiteurs médicaux indépendants. C’est un retour encourageant pour nos employés et une « révélation » pour toute personne accordant de l’importance à l’EBM. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut rien voir…

Afbeelding link lees volledig artikel Vers la pétition de Farmaka

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