En présentant son budget la semaine dernière, Chrystia Freeland a créé des attentes: première femme de l’histoire à occuper le poste de ministre des Finances, elle est aussi une féministe déclarée. Elle a par ailleurs déclaré à quel point la pandémie avait affecté disproportionnellement les femmes.

Mais voilà, le budget Freeland n’a pas tenu ses promesses. Il n’est pas féministe, estiment Pascale Dangoisse et Gabriella Perdomo, de l’Université d’Ottawa. Certes, il est question de leurs problématiques particulières, et l’annonce de la création d’un réseau de garde à la petite enfance nationale est bienvenue. «Mais l’égalité des sexes et les mentions des droits des femmes étaient largement contenues et limitées par le discours sur la prospérité économique, déplorent les auteures. C’est un féminisme néolibéral, qui se concentre principalement sur l’autonomie économique des femmes comme moyen principal d’atteindre l’égalité des sexes.» Or, cet objectif est problématique, car il mise essentiellement sur la volonté de réussite, gommant les profonds obstacles structuraux. «Dans les discours officiels de Justin Trudeau, les femmes sont considérées comme des ressources inexploitées, un outil dont nous devons libérer le potentiel au profit d’une économie prospère.» Une véritable reprise économique nécessite «des mesures pour s’attaquer aux inégalités systémiques qui ont contribué à la marginalisation de certaines populations».

Médecins sans frontières a qualifié la situation au Brésil de «catastrophe humanitaire», avec plus de 360 000 morts de la Covid-19, et des bilans quotidiens records. La réponse politique à la pandémie a été, selon l'organisation, la pire de la planète. Cette réponse, c’est celle de Jair Bolsanero, président d’extrême-droite. «Ses choix dans la gestion de la Covid-19 ont déclenché une tragédie sans précédent dans ce pays, avec des implications potentiellement catastrophiques pour le monde entier», écrit Alfredo Saad Filho, du King’s College, à Londres. Le pays est frappé par un nouveau variant plus contagieux et son système de santé s’est effondré. Trois facteurs ont convergé pour créer cet enfer, écrit l’auteur: le pays est l’un des plus inégalitaires au monde, il a toujours été mal gouverné et les récentes réformes ont précarisé l’emploi, érodé le filet social et gravement sous financé les services publics. Enfin, il y a le rôle joué par Bolsonaro lui-même, qui a systématiquement minimisé les risques de la Covid-19. «Dans la tragédie brésilienne, la responsabilité de Bolsonaro va bien au-delà de l’incompétence ou de l’hypocrisie de son action. Il a délibérément favorisé la propagation de la Covid-19 pour pour faciliter le déploiement d’un programme gouvernemental totalement destructeur.» Beaucoup de morts, une économie qui vit la pire contraction de son histoire, «et un chaos social et politique croissant».

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Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Signe des temps ? La ministre des Finances, Chrystia Freeland, au centre, en compagnie de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Anita Anand, à droite, et de Mary Ng, ministre du Commerce international, de la Petite entreprise et de la Promotion des exportations, à gauche, et la ministre de la Santé, Patty Hajdu, sur l'écran vidéo. La Presse Canadienne/Cole Burston

Féministe, le nouveau budget Freeland ? Pas vraiment !

Pascale Dangoisse, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa; Gabriela Perdomo, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

Justin Trudeau et la ministre des Finances, Chrystia Freeland, se disent féministes. Mais leur approche économique est essentiellement libérale, ce qui ne sert pas nécessairement la cause des femmes.

Des dizaines de patients reposent dans des lits d'un hôpital temporaire dédié aux malades de la Covid-19, au Brésil. Sebastiao Moreira/EPA

Covid-19 au Brésil : comment Jair Bolsonaro a créé un enfer sur terre

Alfredo Saad Filho, King's College London; Fernanda Feil, Universidade Federal Fluminense

Le président brésilien a créé les conditions pour que le virus se propage dans son pays tandis qu’il poursuit ses propres objectifs politiques.

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