La disparition du journaliste britannique Dom Phillips et de l'expert en affaires autochtones Bruno Araujo Pereira, recherchés depuis le 5 juin dernier en Amazonie, met en lumière le sort tragique trop souvent réservé aux défenseurs de l’environnement et du territoire au Brésil.

C’est qu’il faut savoir que l’arrivée au pouvoir du gouvernement porté par Jair Bolsonaro a contribué à l’accélération de la déforestation en Amazonie, en raison de la multiplication de réseaux criminels. Et ces coupes contribuent, disproportionnellement, à la détérioration des droits des peuples autochtones. Plus précisément, cette déforestation «accentue la pression qui repose déjà en plus grande partie sur les épaules des femmes pour nourrir leurs enfants et leur famille tout en limitant l’accès à des produits essentiels, dont des médicaments», écrit Félix Bhérer-Magnan, doctorant en science politique à l’Université Laval. Une violation sans précédent des droits de la personne, qui s’accentue au rythme du déracinement des arbres. 

Toujours sur le sujet des communautés autochtones, l’anthropologue Carole Lévesque, de l’INRS, nous parle d’un réseau qu’elle a fondé il y a une vingtaine d’années, DIALOG, qui crée des passerelles entre savoirs scientifiques et savoirs autochtones. La lauréate du Prix Connexion 2021, remis par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, explique comment ce forum de partage, de rencontres et de savoir, met en relation des gens aux parcours diversifiés, qui mettent la justice et la réconciliation au cœur de leurs actions. «La relation entre l’université et le monde autochtone a trop longtemps été caractérisée par un rapport unilatéral au savoir, engendrant peu de retombées pour les communautés autochtones elles-mêmes», écrit celle qui a consacré 50 ans de sa vie à étudier, souvent sur le terrain, les modes de pensée, d’apprentissage et de transmission de ces peuples, dont les savoirs «ont été ébranlés par l’entreprise coloniale, mais dont les principes directeurs et l’essence même ont transcendé les époques et les générations.»

Rares sont les fleurs qui se sont vu attribuer un emoji à leur image. Parmi celles-ci, le tournesol, bien ancré dans la culture populaire et constitué de pétales d’un jaune vif uniforme. Or, lorsque l’on examine ces pétales dans le spectre ultraviolet, la réalité est bien différente. On observe alors un motif s’apparentant au centre d’une cible, invisible à l'œil nu, mais attirant les pollinisateurs. Marco Todesco, associé de recherche à l’Université de la Colombie-Britannique, étudie la diversité de la taille de ces cercles chez les tournesols. «Lorsque nous avons comparé des tournesols avec différents cercles UV, nous avons constaté que les pollinisateurs étaient capables de les distinguer et préféraient les plantes avec des taches de taille moyenne», écrit-il. Des facteurs non liés à la pollinisation peuvent également influencer l’évolution de la taille et de la couleur des fleurs.

À lire aussi:

  • La carte la plus précise de la Voie lactée vient tout juste d’être dévoilée : elle permet d’aborder une grande variété de questions scientifiques, à l’intérieur comme à l’extérieur de notre galaxie. Céline Reylé, de l’Université Bourgogne Franche-Comté, revient sur l’aventure du satellite Gaia de l’Agence spatiale européenne, qui a permis l’acquisition de ces données précieuses. 
  • Julien Robin, doctorant en science politique à l’Université de Montréal, discute des résultats du premier tour des élections législatives françaises, marquées par une forte abstention. Il évoque les raisons de ce désintérêt électoral ainsi que les perspectives à venir. 

En terminant, c’est aujourd’hui que nous lançons officiellement notre grande série sur le fleuve Saint-Laurent, qui s'échelonnera jusqu'en septembre. Nous ouvrons le bal avec un article qui fait état du manque inquiétant d'oxygène dans ses profondeurs...

Bonne lecture !

Mélissa Khadra

Cheffe de section en science, santé et environnement

Une enfant autochtone du groupe ethnique Mayuruna se tient sur une jetée au bord de la rivière Atalaia do Norte dans l'état d'Amazonas, au Brésil, le 12 juin 2022. La police fédérale et les forces militaires mènent des recherches et des enquêtes sur la disparition du journaliste britannique Dom Phillips et de l'expert en affaires autochtones Bruno Araujo Pereira. (AP Photo/Edmar Barros)

L’accélération de la disparition de la forêt amazonienne menace les peuples autochtones

Félix Bhérer-Magnan, Université Laval

La déforestation de l’Amazonie au Brésil est à son comble. Jusqu’à maintenant, l’année 2022 fracasse tous les records. La déforestation menace dangereusement les droits humains.

Des hommes participent à une démonstration de fabrication de cordes pour les attelages de chiens, le 12 mai 2022, à Inukjuak, au Québec. La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Bâtir des ponts entre savoirs scientifiques et savoirs autochtones

Carole Lévesque, Institut national de la recherche scientifique (INRS)

Le Réseau DIALOG est une passerelle entre savoirs scientifiques et autochtones. Il renouvelle la relation entre l’université et le monde autochtone, trop longtemps caractérisée par un rapport unilatéral.

Les tournesols sont plus colorés pour les pollinisateurs, qui voient dans l’ultraviolet, que pour nous. (Unsplash/Marco de Hevia)

Les tournesols ont des motifs imperceptibles qui attirent les pollinisateurs

Marco Todesco, University of British Columbia

Les tournesols ont des motifs cachés de couleurs ultraviolettes. Visibles par les pollinisateurs, ces couleurs sont dues à la présence de pigments qui aident également les plantes à retenir l’humidité.

À lire sur The Conversation France

À lire en anglais sur The Conversation Canada

Suivez l'actualité sur le réseau The Conversation
Inscrivez-vous à l'infolettre de The Conversation Canada en anglais
 
 

Contactez-nous Ici pour faire annoncer votre événement.