Haïti se décompose sous nos yeux, dans le chaos et la violence, et nous nous sentons tous impuissants. Nous avons l’impression que tout a déjà été essayé, avec des résultats désastreux. Nous avons donc demandé à deux auteurs de l’ÉNAP de nous écrire un article sur ce qui pourrait faire sortir Haïti de son marasme (ils ont une demi-douzaine au compteur): Emmanuel Saël est un ancien fonctionnaire de l’administration publique haïtienne, et aujourd’hui chercheur, tandis que Jean-François Savard a enseigné la mise en œuvre des politiques publiques en Haïti. Les deux experts avancent des pistes de solution, «une démarche en quatre temps», qui passent d'abord par l’aide de la communauté internationale. «Mais cette mobilisation doit être profondément repensée». Et la balle est aussi dans le camp de la société civile haïtienne. Il faut en finir avec le «comportement attentiste souvent manifesté par l’élite intellectuelle». Et surtout, ils demandent du temps. Leur plan est réalisable, écrivent-ils, «à condition que les pays qui accepteront d’intervenir se résolvent à y demeurer quelques décennies».

C’est aujourd’hui à Montréal qu’ont lieu les funérailles nationales de Brian Mulroney. Depuis plusieurs jours, on voit, tant à Ottawa qu’à Montréal, les citoyens venir rendre hommage à ce politicien hors du commun, rassembleur et fin négociateur. Christophe Premat, qui dirige le Centre d’études canadiennes à l’Université de Stockholm, rappelle le rôle majeur qu’a joué Mulroney dans le rapprochement entre le Canada et la Francophonie mondiale, qu’a longtemps boudé les Libéraux de Pierre Elliott Trudeau. «Les relations diplomatiques entre la France, la Francophonie et le gouvernement canadien sont restées glaciales jusqu’à ce que feu Brian Mulroney devienne premier ministre, écrit-il. Pour Mulroney, il était normal que le Québec joue un rôle de premier plan dans le monde francophone.»

À lire aussi: 

• Le projet Northvolt continue de faire couler beaucoup d’encre. Le plus grand investissement privé de l’histoire du Québec suscite l’enthousiasme des gouvernements provincial et fédéral… quitte à contourner le modèle québécois de participation publique et citoyenne, construit notamment autour du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE). Maude Brunet, de HEC Montréal, Nathalie Drouin, de l’ENAP et et Sofiane Baba, de l’Université de Sherbrooke, expliquent les limites de cette approche. Sans transparence, sans appropriation locale ni acceptabilité sociale, le projet Northvolt a moins de chances d’aboutir. 
• TikTok est utilisé par plus du quart des Canadiens. L’application chinoise constitue-t-elle une menace pour la sécurité nationale? Pour Robert Diab de la Thompson Rivers University, la grande quantité de données personnelles collectées par l’application constitue d’abord une menace pour notre vie privée et, accessoirement, pour la démocratie, Cela n'est pas propre à TikTok, mais bien à l'ensemble des médias sociaux, souligne l’auteur.  
• Gemini est le nouvel outil d’Inteligence artificielle de Google. Pour Christian Gagné de l’Université Laval, les opportunités comme les risques sont encore limités. Sans capacités de modélisation et de raisonnement plus puissantes, nous sommes encore loin de l’avènement d’une IA générale exploitable. En attendant, on devrait garder en tête les incidences éthiques et sociétales de l’IA. 
• Le décès suspect de John Barnett, retrouvé mort dans sa voiture le lendemain du premier jour de son témoignage dans un procès impliquant son ex-employeur, Boeing, met en lumière l’importance des lanceurs d’alerte. Ils jouent un rôle essentiel en obligeant les organisations à rendre des comptes. Mais les embûches qu’ils doivent affronter sont nombreux. «Nous pourrions les aider davantage en reconnaissant les risques personnels et professionnels qu’ils prennent», écrit Thomas Stuart, de l’Université de Victoria.

À lire sur The Conversation France et The Conversation Afrique

• À quelques mois de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, la polémique s’enflamme en France sur la possible participation de la chanteuse franco-malienne, Aya Nakamura. Les débats portent sur ce qui est - ou n'est pas - le «bon français». Selon la linguiste Corinne Mencé-Caster de la Sorbonne Université, les textes métissés de la chanteuse témoignent au contraire de la créativité et de la richesse du français. 
• Il y aura finalement des élections présidentielles le 24 mars au Sénégal, après la tentative infructueuse du président sortant Macky Sall de la reporter. Mais cette crise démocratique a exacerbé inutilement des tensions déjà présentes dans le processus électoral, explique Amy Niang, du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique.

Bonne lecture !

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