Le shalom est une bonne nouvelle
Une femme est entrée dans notre clinique en Somalie et s’est assise en face de moi. Elle n’a jamais levé les yeux. Abattue, elle fixait le sol. Je l’ai saluée et lui ai demandé comment nous pouvions l’aider et de nous expliquer quel était son problème de santé. Elle n’a pas répondu. Mon interprète, assis à côté de moi, marmonnait irrité. J’ai senti que Dieu me poussait à lui parler de la vérité et je lui ai dit : « Savez-vous que Dieu connaît votre nom ? » Immédiatement, elle a levé le regard et m’a regardée attentivement droit dans les yeux, les larmes lui sont montées aux yeux et se sont mises à couler. J’ai posé la main sur son épaule et j’ai déclaré la vérité qu’elle avait tant besoin d’entendre, c’était une personne que Dieu connaissait et aimait. Une fois établi ce lien de confiance, elle s’est ouverte
et a dit qu’elle souffrait d’un prolapsus utérin, nous avons alors pu l’aider médicalement.
Nos bailleurs de fonds institutionnels verraient-ils cela comme du prosélytisme ? Seriez-vous mal à l’aise avec cela ?
Cette femme avait un besoin évident. Sa situation médicale avait exacerbé son sentiment d’isolement et inutilité. Parce que j’avais été présente à ses côtés, remplie de compassion pour elle et poussée par Dieu à lui annoncer la vérité, ses besoins tant émotionnels que médicaux ont été satisfaits. De plus une vérité spirituelle a été annoncée, ouvrant son cœur à la guérison. Pour elle, c'était la Bonne Nouvelle.
Jamais au cours de la rencontre, l’idée de la convertir n’est entrée en jeu. Il n’y a pas eu non plus de dialogue mental dans ma tête me poussant à équilibrer mes paroles et mes actes. C’était un simple acte d’amour jaillissant d’un discernement conduit par l’Esprit.
La mission intégrale en action
Nombre d’entre nous sommes à l’aise tant qu'il s'agit de faire des bonnes œuvres. Par contre, nous hésitons à annoncer la vérité, dans la crainte que ce soit interprété comme du prosélytisme. Pourtant, les gens ont aussi besoin d’entendre la Bonne Nouvelle, car de la vérité découle la libération, la guérison, la réconciliation, la plénitude et le shalom, non seulement pour ceux que nous servons et aimons, mais aussi pour nous-mêmes.
Position éthique
Le véritable souci, c’est de ne pas utiliser une relation de pouvoir pour contraindre ou manipuler quelqu’un en vue de le convertir. L’histoire ci-dessus prouve bien qu’il n’y avait ni contrainte ni intention de chercher à convertir.
Voici quelques principes pour nous guider : (extrait du document d’Elmer Thiessen, présenté à Thoun)
Dignité de la personne : protéger et défendre la dignité de chacun et de chaque communauté, ne jamais traiter personne comme un projet ou un moyen en vue d’une fin.
Soin de toute la personne : physique, sociale, économique, politique, intellectuelle, émotionnelle et spirituelle.
Liberté de choisir : en étant sensible à la position dominante que nous pouvons tous avoir, veiller à ce que chaque personne et chaque communauté ait la liberté de choisir d’exprimer et de vivre sa foi.
Vivre avec intégrité, vérité, franchise et authenticité : ne jamais cacher qui vous êtes dans le Christ.
Humilité : partagez votre vie avec humilité, sans condescendance, sans paternalisme, sans arrogance, ni dogmatisme.
Tolérance et acceptation : faire preuve de sensibilité et d’inclusion pour tous.
Motivation : soyez honnête sur les raisons pour lesquelles nous faisons ce que nous faisons.
Égalité : Sollicitez l’expression libre des opinions et de la religion.
Soyons ouverts à annoncer la vérité avec sagesse et discernement, dans un esprit d’amour.
Grâce et paix,
Sheryl Haw
Directrice internationale
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