Pouvons-nous faire du tort à un géranium ou mal agir envers Siri? Avons-nous des devoirs «moraux» envers les plantes, les animaux ou les robots? Ce sont les questions que posent les chercheurs François Jaquet, Martin Gilbert et Valéry Giroux, de l'Université de Montréal. Ils puisent une partie de la réponse dans le concept de «sentience» en philosophie. «Dès lors qu’un être est sentient, il fait l’expérience consciente du monde. Il éprouve des sensations comme la faim et la satiété, ressent des émotions comme la peur et l’amusement, jouit et souffre», écrivent les chercheurs. Bien que les animaux, par exemple, soient souvent traités comme
de simples choses, la plupart des philosophes admettent que nous avons des obligations envers eux parce qu'ils sont sentients, c’est-à-dire capables d’expériences plaisantes ou déplaisantes. Ainsi, ces êtres dits sentients sont des «patients moraux». «Cette question est importante à l’heure où le débat fait rage sur le statut des animaux, où l’on accorde la personnalité juridique à des rivières et où émergent des intelligences artificielles inédites.»
Le 31 mars a marqué la conclusion de la plus importante action collective de l’histoire du Canada. Après 14 ans de travaux s’est terminé officiellement le Processus d’évaluation indépendant (PEI), qui règle toutes les réclamations pour les maltraitances physiques, sexuelles ou psychologiques subies dans les pensionnats autochtones. Tout ce processus est passé un peu sous le radar du public, même s’il indemnise plus de 38 000 survivants. Et le hic, c’est que les 800 000 documents et dossiers découlant de leurs témoignages risquent de disparaître, explique Cindy Hanson, de l’Université de Regina. En effet, en 2017, la Cour suprême a
entériné la position du «Secrétariat d’adjudication des pensionnats indiens» qui demandait que les témoignages soient détruits, sauf pour les survivants qui réclameraient leurs dossiers. «À l’heure actuelle, seule une poignée de survivants ont demandé leur transcription.» Or, les archives publiques sont précieuses pour comprendre comment se crée la mémoire collective, poursuit Hansen. «La façon dont on se souviendra des pensionnats et du PEI est pertinente non seulement pour l’identité canadienne, mais aussi pour les relations des Autochtones avec le gouvernement et le public, aujourd’hui et demain.»
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Bonne lecture, bonne écoute, et je vous souhaite un excellent congé pascal!
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Selon cette approche éthique, seuls les êtres capables de souffrance ou de plaisir constituent la communauté des patients moraux.
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François Jaquet, Université de Montréal; Martin Gibert, Université de Montréal; Valéry Giroux, Université de Montréal
La plupart des philosophes admettent que nous avons des obligations envers tous les êtres « sentients », c’est-à-dire capables d’expériences plaisantes ou déplaisantes.
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Élèves du Pensionnat indien de Metlakatla, en Colombie-Britannique.
(William James Topley. Bibliothèque et Archives Canada, C-015037)
Cindy Hanson, University of Regina; Curtis J Shuba, University of Regina; Sidey Deska-Gauthier, University of Guelph
Les archives publiques sont précieuses pour comprendre comment se crée la mémoire collective. Si l’on ne prête pas attention aux voix et aux expériences autochtones, le regard colonial perdurera.
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