L’annonce de l’arrêt des essais cliniques du vaccin développé par l’Université Oxford et AstraZeneca, en raison d’une maladie développée par l’un des participants, a créé la commotion. Et si ce vaccin - le plus prometteur jusqu’à maintenant - était dangereux? Nigel William Crawford, du Murdoch Children’s Research Institute, et Jim Buttery, de l’Université Monash, en Australie, nous rassurent : l’arrêt des essais ne veut pas dire que le vaccin est dangereux, il signifie que le processus suivi est rigoureux. « C'est précisément ce à quoi servent les essais cliniques de phases 2 et 3 : détecter tout problème de sécurité potentiel et l'étudier plus à fond. Ce genre d'événements se produisent parfois aussi dans d'autres essais. Nous n'en entendons tout simplement pas parler », écrivent les deux chercheurs. Par ailleurs, des nouvelles concernant l’innocuité du vaccin russe baptisé Spoutnik V soulèvent des questions sur  l’aspect politique de cette course aux vaccin. « Malgré les résultats positifs des essais de phase 1, le vaccin devra encore être testé sur un groupe beaucoup plus important avant qu’on puisse l’utiliser avec confiance sur une population entière », souligne Anne Moore, de l’Université College Cork. Selon elle, le surnom de Spoutnik est révélateur de la politisation d’efforts scientifiques et médicaux sérieux pour développer des vaccins contre la Covid-19...

L’annonce -cavalière- d’Air Canada de mettre fin à 30 lignes régionales au début de l’été à travers le pays a créé, elle aussi, tout un émoi. Au Québec, Gaspé, Mont-Joli, Sept-Îles, Baie-Comeau et Val-d’Or perdent leur liaison avec Montréal. Il se pourrait que d’autres réductions soient annoncées dans les prochains mois. «Il s’agit d’une catastrophe pour plusieurs communautés canadiennes éloignées, car cela menace leur droit d’être connectées au système de transport national et compromet gravement leur développement économique», écrivent Isabelle Dostaler, de l’Université de Terre-Neuve, et Mohamed Khomsi, de l’UQAM. Cette décision met en lumière la position de quasi-monopole dont jouit Air Canada, ses intérêts stratégiques qui sont à des années-lumière du développement régional et servent essentiellement ses actionnaires. Les auteurs formulent un certain nombre de recommandations. La crise de la Covid-19 est l’occasion de repenser la politique de transports de notre pays, estiment-ils. « Elle nous oblige également à évaluer si l’économie de libre marché constitue réellement le meilleur mécanisme pour structurer le transport aérien dans un pays caractérisé par de grandes distances et une faible densité de population.» Il serait grand temps, croient-ils, de créer une synergie entre le développement économique et touristique ainsi que la mobilité durable.

Dès le 14 septembre, les écoles seront autorisées à reprendre les programmes de sports-études, arts-études ainsi que les nombreuses activités parascolaires. Voilà qui est une bonne nouvelle pour chercheurs spécialistes en éducation, qui redoutent les effets délétères de la pandémie chez les enfants et les ados. Les activités sportives et artistiques, à l’école ou ailleurs, ne sont pas qu’un passe-temps, elles sont au coeur du bien-être des jeunes, et essentielles au développement de leur résilience, constate Laurie Decarpentrie, de l’UQAM. La chercheuse en psychologie a étudié l’impact de ce type d’activités chez les enfants vivant des situations extrêmes (guerres, famines, itinérance). « En Haïti, une clinique de la créativité proposée en 2016 par des chercheurs a permis à des jeunes victimes du tremblement de terre de 2012 de surmonter leur traumatisme par la pratique de la peinture » raconte-t-elle. Que ce soit par les arts ou le sport, les jeunes parviennent à surmonter des épreuves les plus difficiles, croit Laurie Decarpentrie, qui plaide pour un plus grand engagement des gouvernements à cet égard.

À lire aussi:

  • « Incomparable », « un des meilleurs avec lesquels j’ai travaillés », « incroyable », « fantastique », « génial », « une étoile montante »; sont-ils tous aussi merveilleux que les décrivent les lettres de recommandation? C’est la question que pose Stephen J Ceci, de l’Université Cornell. Selon ce spécialiste du développement humain, qui a eu à analyser plus de 2000  lettres de recommandation en tant que membre influent d’une équipe de recherche, les qualificatifs utilisés dans ces lettres sont de plus en plus exagérés. Il remarque qu’une forte majorité de professeurs donnent une image très, voire trop positive du candidat. « Il est tellement inhabituel de lire une lettre négative que lorsqu’on en voit une, on en vient à se demander s’il n’y a pas un problème d’ordre personnel entre le candidat et l’auteur ». Les recommandations étaient autrefois plus franches. Il devient donc difficile de déceler la véritable perle rare, souligne l’auteur. Il faut savoir lire entre les lignes…
  • Depuis plusieurs années, la notion de Produit intérieur brut (PIB) est remise en question par des experts, qui soulignent ses limites en tant qu’indicateur du bien-être humain. Pourtant, la plupart des pays et des politiciens considèrent toujours la croissance du PIB comme le principal indicateur du progrès. Cela pourrait changer. Le gouvernement canadien réfléchirait à l’idée de présenter un budget centré sur de nouveaux indicateurs de progrès comme le bonheur et le bien-être. Mais les Canadiens sont-ils prêts? Une étude évaluée par des pairs et dirigée par Fernanda Tomaselli, de l’Université de la Colombie-Britannique, examine la perception des Canadiens de ce sujet. Les résultats montrent que les Québécois sont les plus disposés à appuyer un politicien qui ne ferait pas de la croissance économique son principal objectif politique dans une proportion de 48 pour cent. En moyenne, 43 pour cent des Canadiens interrogés seraient disposés à le faire.

Bonne lecture!

Kathy Noël

Rédactrice en chef adjointe, La Conversation Canada

shutterstock

L'arrêt de l'essai du vaccin d'Oxford indique que le processus est rigoureux

Nigel William Crawford, Murdoch Children's Research Institute; Jim Buttery, Monash University

Cet arrêt de l'essai ne signifie pas que le vaccin n'est pas sécuritaire. Il reflète plutôt la solidité du processus.

RDIF handout/EPA

Voici ce que nous apprennent les résultats des essais du vaccin russe contre le coronavirus

Anne Moore, University College Cork

Les données sur l’innocuité sont acceptables, même avec une forte dose. Le vaccin est donc sûr, du moins chez les personnes en bonne santé âgées de 18 à 60 ans, mais il reste à savoir s’il fonctionne.

La vue par le hublot d’un avion faisant le trajet Vancouver-Calgary en juin 2020. La Presse Canadienne/Jonathan Hayward

L’annulation de vols régionaux d’Air Canada affaiblit les communautés éloignées. Il faut repenser le transport régional

Isabelle Dostaler, Memorial University of Newfoundland; Mohamed Khomsi, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Une catastrophe menace les communautés éloignées après qu’Air Canada a annulé 30 liaisons régionales. Elle menace les droits de tous les Canadiens à être connectés au système de transport national.

Plusieurs études soulignent le rôle de l’art, de la créativité ou de l’activité physique et du sport dans le processus de résilience. shutterstock

Les activités artistiques et sportives contribuent au bien-être et à la résilience

Laurie Decarpentrie, Université du Québec à Montréal (UQAM); Claude Bélanger, Université du Québec à Montréal (UQAM); Tegwen Gadais, Université du Québec à Montréal (UQAM)

De nombreuses recherches montrent que les activités artistiques et sportives contribuent au bien-être des jeunes et favorisent leur résilience en situation difficile.

Que faire lorsque chaque lettre qualifie le candidat de fantastique ? Shutterstock

Sont-ils tous incroyablement merveilleux, comme les décrivent les lettres de recommandation ?

Stephen J Ceci, Cornell University

Les lettres de recommandation ont pris une ampleur démesurée et sont toutes élogieuses. Dans une étude, seulement 1 à 2 % des lettres se situaient en dessous de la fourchette «bon à excellent».

Des études révèlent que les Canadiens souhaitent laisser tomber le PIB comme mesure du progrès, de la prospérité et du bonheur, et qu’ils considèrent que la protection de l’environnement est plus importante que la croissance. On voit ici un randonneur en Colombie-Britannique. Alex Shutin, Unsplash

Les Canadiens sont-ils prêts à laisser tomber le PIB comme principal indicateur de prospérité ?

Fernanda Tomaselli, University of British Columbia; Sandeep Pai, University of British Columbia

Avec une crise climatique qui s'aggrave, une perte de biodiversité et des inégalités généralisées, il est pertinent de se demander si une croissance indéfinie du PIB apportera une prospérité réelle.

En anglais sur The Conversation Canada

Signs direct the flow of student traffic at Kensington Community School amid the COVID-19 pandemic on Sept. 1, 2020. THE CANADIAN PRESS/Carlos Osorio

‘Pandemic pods’ may undermine promises of public education

Sue Winton, York University, Canada

The turn to private funding of education reduces the responsibility of governments to adequately fund schools and to ensure all children have access to high-quality education programming.