Il a suffi d’un reportage dévastateur sur la situation du français dans les commerces du centre-ville de Montréal pour remettre la question de la langue -et de sa précarité- dans l’actualité. Dans la foulée, le gouvernement Legault a annoncé hier qu’il va réformer en profondeur la loi 101, presque inchangée depuis 40 ans, et lui donner plus de mordant.

C’est dans ce contexte que Stéphane G. Lévesque et Jean-Phillipe Croteau, de l’Université d’Ottawa, présentent les résultats d’une étude menée auprès de 600 jeunes francophones en Ontario et au Québec. Ils leur ont demandé de rédiger l’histoire des francophones au pays. Leurs récits révèlent deux visions de l’évolution du fait français. Ainsi, contrairement aux jeunes Franco-Ontariens, les jeunes Québécois, surtout à Montréal, sont plus inquiets concernant l’avenir du français dans leur province. «C’est un drôle de paradoxe de constater que les francophones en contexte minoritaire, pourtant plus touchés par les pressions assimilatrices, entrevoient leur avenir avec un certain optimisme», écrivent les auteurs, qui expliquent ce phénomène, entre autres, par les luttes remportées avec succès ces dernières années par la communauté franco-ontarienne. «La gestion des écoles de langue française et les avantages concurrentiels du bilinguisme renforcent l’idée que les francophones ont des droits reconnus au pays.» À l’inverse, soulignent les auteurs, «la majorité des jeunes du Québec témoigne d’un sentiment d’inachèvement et présente l’image d’une communauté linguistique à l’avenir fragile et incertain». 

Nous poursuivons notre série «Repenser la ville», qui se penche sur les impacts de la pandémie de Covid-19 sur notre manière d’habiter la ville. Aujourd’hui, Anne-Marie Broudehoux, de l’école de design de l’UQAM, investigue le nouveau rôle des espaces publics - parcs, squares, mais aussi rues piétonnes et voies cyclables- sur les citadins. «Ils ont pris conscience du rôle important de cet espace, milieu de vie essentiel à leur bien-être physique et psychologique», écrit-elle. La redécouverte des espaces publics, essentiels à la socialisation, est un phénomène mondial. Partout, on observe diverses initiatives pour se les réapproprier. Le nouveau contexte sanitaire a aussi provoqué une prise de conscience de l’espace excessif consacré à l’automobile, poursuit Broudehoux. «La pandémie aura ainsi accéléré des tendances déjà émergentes vers une ville plus saine, humaine et active, créant de nouvelles habitudes qui lui survivront peut-être.» 

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Pandémie oblige, les amateurs de danse ne peuvent plus s’élancer sur les planchers de danse. Les écoles en arrachent. Le Réseau d’enseignement de la danse (RED) évoque la possibilité d’une fermeture de 80 % d’entre elles. Sociologue, professeure spécialisée en formation à distance et elle-même passionnée de danse, Cathia Papi, de la TÉLUQ, s’est intéressée à la question. Elle constate que, bien que les danseurs fassent preuve d’une grande résilience, ils sont en manque d’une activité qui est plus qu’un loisir pour eux, mais un véritable mode de vie. La chercheure a réalisé un sondage auprès de plus de 170 amateurs de danse en avril et en octobre. Pour une grande majorité, la danse est une source de bonheur, de bien-être et de socialisation. «La danse a un effet thérapeutique et elle permet de vivre des moments magiques.» Ainsi, une grande majorité de danseurs se sont tournés vers les cours à distance depuis le début de la pandémie, mais rien ne saurait remplacer les soirées organisées et les cours en salle. «La plupart attendent impatiemment le retour des cours en présence.» En croisant les doigts que leur école survive à la crise. 

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Une étude montre que ce sont les jeunes Québécois, en particulier ceux de la grande région de Montréal, qui éprouvent le plus de crainte face à l’avenir du fait français dans la province. LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes

Déclin du français : les jeunes francophones québécois plus inquiets que les jeunes Ontariens

Stéphane G. Lévesque, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa; Jean-Philippe Croteau

La majorité des francophones hors Québec ne croit pas que le français soit en péril, tandis que les Franco-Québécois s’inquiètent de l’avenir de leur langue dans une proportion similaire.

Des gens déambulent sur une portion piétonne de la rue Sainte-Catherine, à Montréal, le 13 novembre. La pandémie a contribué à une reconnaissance de l’importance de l’espace public. La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

La ville post-pandémie : vers une reconquête des espaces publics ?

Anne-Marie Broudehoux, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Le confinement a contribué à une reconnaissance de l’importance de l’espace public comme lieu de rassemblement et d’équipement essentiel à la satisfaction des besoins de la population.

Les cours de danse à distance, sous diverses formes, ont connu une forte croissance depuis le début de la pandémie. Shutterstock

La danse « en ligne » : une véritable bouée de sauvetage pour les danseurs

Cathia Papi, Université TÉLUQ

Depuis le printemps, les amateurs de danse sont privés d’un loisir qui occupe souvent une place importante dans leur vie. Comment s’adaptent-ils à cette situation ?

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