Sédition, insurrection, état de siège… Les Canadiens ne sont pas habitués à ce langage, mais c’est pourtant bien ce qui arrive en ce moment dans leur capitale, Ottawa, et sur le pont Ambassador. Les convois de «camionneurs», qui prennent de l’ampleur partout au pays - et dans le monde- semblent incontrôlables. Face à eux, des élus fédéraux tétanisés, à commencer par le premier ministre Justin Trudeau. Et après avoir été aux abonnés absents -et en motoneige à son chalet- le premier ministre Doug Ford vient de déclarer l’État d'urgence dans sa province.

Mais qui sont réellement ces « camionneurs »? Frédérick Guillaume Dufour et Djamila Mones, de l’UQAM, remontent aux fondements de ce mouvement radical, originaire de l’Ouest canadien, ancré dans le populisme, l'extrême droite et le suprémacisme anglo-saxon, et au financement obscur. Dans leur actuel coup de force, ils prennent prétexte de l’écoeurantite aiguë de la pandémie en général et des restrictions sanitaires en particulier. Mais leur agenda politique va beaucoup plus loin, écrivent les auteurs. «Ce qui en fait un mouvement à surveiller, tient à l’escalade des moyens mobilisés (perturbateurs, violents), ainsi qu’à sa capacité d’innovation tactique (le siège et le blocage). Celle-ci donne à une poignée d’individus la capacité d’engendrer des perturbations majeures au fonctionnement de l’État de droit.» Manifester, contester et discuter font partie d’un répertoire normal, souhaitable dans une démocratie, poursuivent-ils. «Mais les tactiques et stratégies actuelles ne s’inscrivent pas dans ce registre.» 

Depuis l’annonce d’un nouveau couvre-feu au Québec, la veille du Jour de l’an, l’adhésion aux mesures sanitaires a fondu comme neige au soleil. Pourquoi? «Cette mesure opaque et peu transparente a entamé durement le capital confiance du gouvernement et de la Santé publique», écrit Antoine Lemor, doctorant en sciences politiques à l’Université de Montréal. La démonstration scientifique de l’efficacité de cette mesure exceptionnelle n’a pas été établie. Pire, on a appris que la Santé publique de Montréal s’y était opposée. Le malaise quant à l'ingérence politique dans les décisions dites «basées sur la science» s’en est trouvé amplifié. Voilà pourquoi une Santé publique québécoise plus autonome est plus que nécessaire, «afin d’éviter de colorer politiquement l’expertise», écrit l’auteur. 

En regardant les prouesses des athlètes aux Jeux olympiques de Pékin, on ne peut qu’imaginer l’intense stress qu’ils vivent lors des compétitions. Or, ils ont appris à en faire leur allié, écrit Paul Mansell, de l’Université de Birmingham, dont l’équipe a recueilli les témoignages de plus de 400 athlètes dans le monde. «Ceux qui considèrent le stress comme positif étaient plus susceptibles de voir les situations stressantes comme un défi.»  Ils avaient une meilleure santé mentale, plus d’énergie et moins de symptômes dépressifs. «Bien sûr, les athlètes ne sont pas tout à fait comme vous et moi. Mais les gens ordinaires peuvent tout de même apprendre à modifier leur propre attitude face au stress afin d’améliorer leur santé mentale.»

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Bonne écoute, et bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Des camionneurs et leurs partisans bloquent l'accès menant au pont Ambassador, reliant Détroit et Windsor, mercredi 9 février 2022. La Presse canadienne/Nathan Denette

Convoi des camionneurs : aux origines d’un mouvement en pleine dérive

Frédérick Guillaume Dufour, Université du Québec à Montréal (UQAM); Djamila Mones, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Le mouvement prend racine dans des tendances qui ne sont pas nouvelles dans la politique canadienne. Ce qui en fait un mouvement à surveiller est l’escalade des moyens (perturbateurs et violents).

Le premier ministre du Québec, François Legault, annonce un allègement des mesures sanitaires, le 8 février, à Québec, en compagnie du directeur par interim de la Santé publique, Luc Boileau, et du ministre de la Santé, Christian Dubé. La nomination de Luc Boileau fait suite à une baisse de soutien envers les mesures et la Santé publique. La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Décrochage de la population aux mesures sanitaires : une Santé publique plus autonome est nécessaire

Antoine Lemor, Université de Montréal

La Santé publique souffre ces derniers mois d’une baisse de confiance. Le manque d’autonomie et de transparence durant la pandémie et la coloration politique de l’expertise peuvent en être la source.

Les athlètes qui considèrent les situations stressantes comme un défi ont une meilleure santé mentale. (AP Photo/Alessandra Tarantino)

Voici comment les athlètes utilisent le stress de manière bénéfique, et comment vous pouvez vous en inspirer

Paul Mansell, University of Birmingham

La façon dont on envisage le stress est une affaire d’attitude. Certains veulent l’éviter complètement. D’autres lui trouvent des effets bénéfiques sur leur santé, leur travail et leurs résultats.

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