Il n’y a pas qu’eux bien sûr, comme en font foi ces adultes qui joignent le délirant mouvement QAnon, mais les jeunes sont sensibles aux discours extrémistes et complotistes. Celui qui a égorgé le professeur d’histoire Samuel Paty, en banlieue de Paris, était un adolescent de 18 ans, dont la famille dit avoir assisté, impuissante, à sa radicalisation, dans son cas, islamiste.

Ainsi, devant le lot de théories conspirationnistes qui déferlent sur les réseaux sociaux, plusieurs experts ont soulevé l’importance d’introduire plus de cours d’éducation aux médias à l’école. Or l’école a déjà tout ce qu’il faut pour développer l’esprit critique des élèves face à cette prolifération de fausses nouvelles, selon Sivane Hirsh, de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Les cours de science et technologie et d’éthique et culture religieuse offrent déjà un cadre propice à cet enseignement. «Par exemple, la question du port obligatoire du couvre-visage, qui provoque de fortes réactions chez certains citoyens pour qui cette obligation porte atteinte à leurs libertés, pourrait être discutée à l’école», écrit l’auteure. Elle reconnaît que ces questions sont complexes et difficiles et que l’école devra améliorer les conditions des enseignants afin de leur donner le temps nécessaire pour les aborder. «L’organisation scolaire – et plus particulièrement le nombre d’heures attribuées à l’enseignement de «petites matières» limite les possibilités de travailler les concepts en profondeur.» 

Pendant ce temps, en France, depuis 2018, l’enseignement moral et civique est obligatoire dans les collèges. Cela pourrait être le lieu pour se familiariser avec ces emblèmes de liberté d’expression et de laïcité que sont les caricatures, explique Annie Duprat, de l’Université de Cergy. «La culture commune qui permettait de préserver ce pacte de lecture est aujourd’hui en grand danger. Il s’agit donc de réfléchir aux moyens de la refonder, au-delà des différences d’origines et de convictions religieuses de ceux qui la composent.» 

Les jeunes ont aussi, bien sûr, des moments lumineux. Cet automne, des garçons du secondaire, dans plusieurs villes du Québec, se sont présentés en classe avec des jupes, afin de protester contre le code vestimentaire plus strict imposé aux filles. Et en France, des lycéennes ont lancé un mouvement sur les réseaux sociaux (qui charrient aussi des valeurs positives, il faut bien le dire) afin de protester contre des codes vestimentaires qui leur imposent d’être «décentes». Ces initiatives s’inscrivent dans une longue -et salutaire- tradition de désobéissance civile, explique Francis Dupuis-Déri, de l’UQAM. «Un certain courant de la philosophie politique considère en effet la désobéissance civile comme une responsabilité et même une obligation politique et morale pour quiconque fait face à un système, une autorité ou une institution injuste», écrit-il. Les étudiants, cet automne, se sont insurgés contre des conceptions plutôt strictes de la bienséance et des normes de genre, «contrôlées par des adultes ne leur offrent pas ou que très peu de canaux de contestation.» 

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Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

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