Au moment d’écrire ces lignes, ni Joe Biden ni Donald Trump ne peut se déclarer vainqueur de l’élection américaine. À suivre, bien évidemment. 

En attendant, parlons de santé mentale. L’horrible tuerie survenue dans le Vieux-Québec, dans la nuit de samedi et à dimanche, nous a rappelé à quel point une maladie mentale non contrôlée peut conduire à des événements tragiques. Nous n’avons pas de diagnostic sur l’accusé, mais nous savons qu’il a déjà été vu « dans le système » où il avait fait part de ses fantasmes meurtriers.

Évidemment, la maladie mentale conduit rarement à une telle violence. Mais les dépressions, crises d’anxiété et vagues à l’âme augmentent depuis le début de cette deuxième vague de Covid-19 et les nouvelles mesures de confinement. Or, on le sait, l’accès à des services professionnels en santé mentale est insuffisant. Mais une foule d’autres options peuvent aussi être considérées pour « auto-gérer » ces moments de blues ou d’anxiété, écrivent Janie Houle et Stéphanie Radziszewski, chercheuses au laboratoire de recherche sur la santé Vitalité, de l’UQAM. «Faire une promenade avec son chien, écouter de la musique, rester en contact avec des amis, faire du bénévolat, se féliciter pour ses réussites, petites ou grandes, en est de bons exemples», disent-elles. Il n’y a pas de recettes toutes faites. Chacun doit découvrir les stratégies qui lui conviennent. Pour contribuer aux efforts en ce sens, les chercheuses ont conçu un outil recommandé maintenant par le ministère de la Santé et des Services sociaux. «Il permet d’explorer d’autres possibilités en vous inspirant des dizaines de stratégies identifiées par 50 personnes qui ont surmonté des difficultés liées à l’anxiété ou à la dépression».

Une des stratégies utilisées et qui prouve de plus en plus son efficacité pour gérer les symptômes d’anxiété et de dépression est l’art-thérapie, écrivent Karine Rajoelisolo Debergue, Caroline Coulombe et François Audet, de l'Observatoire canadien sur les crises et l'action humanitaire, à l’UQAM. La science montre de plus en plus que le dessin, la peinture, la musique et également l’exposition à différentes formes d’art peuvent contribuer à prévenir et diminuer la détresse psychologique. «L’art-thérapie ouvre une voie pour exprimer, comprendre et réguler les émotions», selon les chercheurs. Le dessin permet de s’extérioriser, la sculpture, d’exercer sa concentration et la danse aide à améliorer l’humeur. «Nous avons observé depuis le début de cette pandémie différentes manifestations artistiques spontanées de la part de personnes confinées», notamment les concerts improvisés sur les balcons. Ce sont là, estiment les auteurs, des moyens peu coûteux de lutter contre les problèmes de santé mentale et qui devraient être encouragés par les gouvernements. 

Tout comme la gymnastique et le patinage artistique, la natation artistique, qu’on appelait nage synchronisée il y a peu, fait partie de ces sports où l’apparence compte autant que les performances sportives. Cela conduit à toutes sortes de problèmes chez les athlètes (notamment alimentaires et d’estime de soi) et d’allégations d’abus et de harcèlement, qui viennent de forcer la fermeture du centre d’entraînement de Montréal de l’équipe nationale sénior de Natation artistique Canada. «Nos recherches ont montré que les athlètes féminines pratiquant des sports esthétiques font état d’expériences répétées de violence psychologique, y compris de pratiques de honte corporelle», écrit Gretchen Kerr, du département de kinésiologie de l’Université de Toronto. Ne pas se soumettre aux diktats a des répercussions très réelles, comme d’être retiré de l’équipe. Les athlètes apprennent ainsi à se conformer et font des compromis sur leur santé afin de rester dans l’équipe. Mais voilà, les temps changent. Ces façons de traiter des jeunes athlètes, même ceux qui veulent évoluer dans les hautes sphères du sport d’élite, ne sont tout simplement plus acceptables. «La situation au sein de la natation artistique nous rappelle que le temps est venu pour le sport de compétition de changer des pratiques qui ne correspondent plus aux attentes et aux normes des Canadiens en matière de traitement des jeunes.»

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Plus que jamais, le potentiel de l'art pour apporter un bien-être psychologique en situation de crise fait l’objet d'études. Shutterstock

Covid-19 : l’art au secours de la santé mentale

Karine Rajoelisolo Debergue, Université du Québec à Montréal (UQAM); Caroline Coulombe, Université du Québec à Montréal (UQAM); François Audet, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Devant le manque de services psychologiques, des citoyens tentent de prendre soin d’eux par la pratique des arts. L’expression artistique devient une réponse à la détresse psychologique.

Les taux d’anxiété atteindraient près de 20% au Canada, ce qui est huit fois supérieur à ce que l’on observait avant la pandémie. Shutterstock

La pandémie est dure pour la santé mentale. Voici comment mieux gérer anxiété et vague à l’âme

Janie Houle, Université du Québec à Montréal (UQAM); Stephanie Radziszewski, Université du Québec à Montréal (UQAM)

L’autogestion ne veut pas dire s’en sortir seul. Cela veut dire de devenir l’expert de ce qui nous fait du bien.

Deux membres de l'équipe olympique canadienne de nage synchronisée se produisent lors des Jeux olympiques d'été de 2016. Le sport est au centre d'allégations d'abus et de harcèlement. La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Allégations d’abus en natation artistique : comment mieux encadrer le sport d’élite

Gretchen Kerr, University of Toronto; Erin Willson, University of Toronto

La fermeture du centre d'entraînement de Montréal de l'équipe de Natation artistique Canada survient après des années d'allégations d'abus et de harcèlement.

En anglais sur The Conversation Canada