Durant les 22 derniers mois de pandémie, le gouvernement caquiste a renouvelé l’état d’urgence près d’une centaine de fois. Hautement critiqué, cet état perpétuel permet aux autorités d’adopter par décrets, soit sans consultation préalable et sans délai, des mesures qu’il juge nécessaires à la protection de la santé de la population. Ainsi, depuis près de 2 ans, l’Assemblée nationale est exclue des décisions liées à la gestion de la crise sanitaire. Stéphanie Pepin, doctorante à l’Université McGill spécialisée en droit constitutionnel, apporte un éclairage sur l’opacité de cette gestion et sur l’illégitimité de l’absence de délibérations parlementaires qui y est associée. Dans l’optique où plusieurs mesures sanitaires restrictives et coercitives «tendent à affecter de manière disproportionnée les membres de groupes déjà vulnérables, – incluant les personnes moins nanties, les familles monoparentales, les femmes et les jeunes, – il est primordial qu’une analyse raisonnée et publique de ces mesures soit effectuée», soutient l’auteure. Qui plus est, cette centralisation décisionnelle pave la voie au non-respect des droits et libertés. Il importe, et ce, dans les plus brefs délais, de reconsidérer le rôle de l’Assemblée nationale dans la gestion de la pandémie. 

La scène est connue: un anglophone se joint à un groupe de francophones, et devinez dans quelle langue se met à parler tout le monde? C’est ce qu’on appelle l’anglonormativité, soit «la «domination systémique de l’anglais dans un espace qui marginalise ceux qui ne sont pas anglophones», écrit Anne Lévesque, chercheuse spécialisée en droits de la personne à l’Université d’Ottawa. Cette domination institutionnelle et structurelle favorise la marginalisation linguistique et l’assimilation des minorités francophones. Il ne faut pas la confondre avec l’insécurité linguistique, écrit l’auteure, qui renvoie à la réticence de parler français de peur d’être jugé. Une prise de conscience est nécessaire, soutient la chercheuse, particulièrement de la part du Commissariat aux langues officielles du Canada, qui confond dangereusement ces forces assimilationnistes. 

La Covid-19 est venue rappeler aux Occidentaux une réalité qu’ils ont tendance à occulter en raison des progrès scientifiques, de l’allongement de l’espérance de vie et de l’accroissement de la sécurité: celle de la mort, écrit Christian Bergeron, professeur de sociologie à l’Université d’Ottawa. Les mesures draconiennes prises pour se protéger du dangereux virus ont été acceptées par la majorité, car la peur de mourir, ou d’être très malade, était présente. Avec Omicron, moins dangereux que les précédents variants, cette peur s’est estompée et avec elle, la tolérance envers les contraintes sanitaires. Ce qui est tant mieux croit l’auteur, car elles ont eu un impact psychologique et social considérable sur les plus jeunes, et les moins vulnérables au virus. 

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Bonne lecture !

Mélissa Khadra

Cheffe de section en science, santé et environnement

Le premier ministre du Québec, François Legault, s'adresse aux médias lors d'un point de presse sur la COVID-19 à Montréal, mardi 25 janvier 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes

Il faut en finir avec l’état d’urgence au Québec

Stéphanie Pepin, McGill University

Le renouvellement continuel de l’état d’urgence crée un climat propice à l’adoption de mesures sanitaires dont la nécessité est difficilement justifiable.

Il importe de créer des espaces où les francophones se sentent en confiance pour parler diverses variations du français. Shutterstock

Pour lutter contre l’assimilation des francophones au Canada, il faut s’attaquer à l’anglonormativité

Anne Levesque, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

Les notions d’insécurité linguistique et d’anglonormativité ne sont pas les mêmes ; il est même dangereux de les confondre.

Cette photo, prise dans un hôpital de Moscou le 27 janvier 2022, aurait pu avoir été prise dans n'importe quel pays depuis que la pandémie de Covid-19 a rappelé comment un virus peut être mortel. (AP Photo/Pavel Golovkin)

La pandémie a rappelé aux Occidentaux un fait qu'ils ont tendance à oublier : la mort

Christian J. Y. Bergeron, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

La Covid-19 est venue rappeler aux Occidentaux la réalité de la mort, occultée en raison des progrès scientifiques, de l’allongement de l’espérance de vie et de l’accroissement de la sécurité.

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