Cette semaine, le Québec et le Canada se sont souvenus des 14 jeunes femmes mortes sous les balles d’un tueur, le 6 décembre 1989, à Polytechnique. On a aussi profité de cette Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes pour se rappeler que 18 féminicides ont été perpétrés au Québec, en 2021.

Jasmin Jiwani, de l’Université Concordia, et un groupe d’auteures d’universités canadiennes, examinent le rôle des médias dans la couverture de ces féminicides. «Les médias dépeignent souvent les féminicides comme des «crimes passionnels» spontanés. Or, quand un homme tue sa partenaire, ce geste est la culmination d’une histoire de violence — et plus fréquemment le résultat de comportements contrôlants de nature criminelle.» Les efforts déployés en santé publique durant la pandémie de Covid-19, ajoutent-elles, ont illustré dans quelle mesure il est important de diffuser un message clair, de faire place à la parole scientifique et de demander des comptes aux leaders politiques et aux institutions sociales afin de sauver des vies. Bref, les médias encadrent le problème et proposent des solutions. Ils peuvent faire la même chose pour les féminicides, «un véritable enjeu de santé publique».

Comment devient-on la plus importante coopérative d’informations au monde? Jean-Hugues Roy, de l’UQAM, s’est penché sur le modèle des Coops de l’information, qui regroupent les quotidiens Le Soleil, Le Droit, Le Nouvelliste, La Tribune, Le Quotidien et La Voix de l’Est. Nés il y a deux ans après la faillite de Groupe Capitales Médias, ils sont toujours là et bien vivants. «Les Coopératives de l'information sont comme un miraculé qui se rétablit après avoir failli mourir. Leur bon état de santé rassure et fait plaisir.» Elles ont innové, embauché, impliqué leurs lecteurs, mais ont dû faire plusieurs compromis. Et des défis demeurent, dont celui de leur survie financière. «Le modèle d'affaires des Coops de l'information demeure donc fragile. Il repose sur quatre sources de revenus qui toutes sont essentielles, mais dont aucune n'est pérenne. La partie est donc loin d'être gagnée.»

Trois mois après la chute de Kaboul et la prise de pouvoir des talibans, l’Afghanistan s’enfonce dans une grave crise alimentaire. À cela s’ajoute une économie en banqueroute et une population terrifiée, notamment les femmes. Comment ce pays sur lesquels des milliards de dollars se sont abattus peut-il en être rendu là ? «L’Afghanistan s’ajoute en effet à la liste des pays où l’intervention militaire dirigée par des puissances occidentales a généré un nouveau cycle de violence et d’instabilité sociale», écrit Khadiyatoulah Fall, de l’UQAC. D’Irak à la Libye, en passant par l’Afghanistan, un pays ne devient pas une démocratie parce que des puissances occidentales l’ont décidé. «La chute des dictatures et la lutte contre le terrorisme n’ont pas ouvert la voie à l’émancipation des peuples et à la démocratie.» Dans le cas de l’Afghanistan, les armées occidentales avaient une méconnaissance profonde de cette société, conservatrice, analphabète et pauvre, avec ses logiques communautaires. Les Occidentaux s’y sont cassé les dents, comme d’autres avant eux. Le peuple afghan, de son côté, n’en sort jamais gagnant.

À chaque fois que je les vois en action, je ressens un malaise pour les joueuses de volleyball de plage, qui pratiquent leur sport presque nues. Idem pour le handball de plage: jusqu’à ce que des joueuses norvégiennes se révoltent, leur fédération les obligeait à porter des micro-bikinis, tandis que leurs confrères masculins portaient de confortables et amples maillots. «Le sexisme est un problème répandu en ce qui a trait à l’habillement des femmes dans les sports», explique Katie Lebel, de l’Université Ryerson. À l’adolescence, le taux d’abandon sportif est plus élevé chez les filles que chez les garçons. «Vous êtes-vous déjà demandé combien de filles laissent tomber le sport parce qu’elles ne se sentent pas à l’aise de porter les tenues recommandées? Il est temps de concevoir des tenues qui permettent aux femmes et aux filles de participer aux compétitions en toute confiance. La science corrobore l’idée que lorsqu’on se sent bien, on joue bien.» La société change, les normes corporelles deviennent multiples, et le sport devrait en prendre acte. «Et lorsque des politiques dépassées font obstacle, il ne faut pas avoir peur de s’inspirer de l’équipe de Norvège et de se lever en disant: “Ça suffit!"»

À lire aussi:

À écouter:

  • Toujours sur TC France, le nouvel épisode du podcast «Les mots de la science» est dédié au salariat. Une sociologue raconte les grandes mutations qu’il connaît. Primes et compléments de salaires divers viennent en effet complexifier les feuilles de paie et changer en profondeur l’esprit du salariat. Progrès ou régression pour les salariés? 
  • Le gigantesque télescope spatial James Webb subit ses derniers tests avant son lancement prévu pour la fin décembre. Dans cet épisode du podcast «The Conversation Weekly», produit par TC UK, deux astronomes nous parlent du télescope et des réponses qu’il pourrait apporter sur le début de l'univers et les conditions de vie des exoplanètes en orbite autour d'étoiles lointaines. Aussi, de nouvelles recherches révèlent les tactiques utilisées par l'industrie alimentaire pour stimuler les ventes d'aliments ultra-transformés dans les pays en développement.

Bonne écoute et bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Des personnes participent à un rassemblement lors de la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes au Canada, sur la colline du Parlement. La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick

Anniversaire du 6 décembre : les médias doivent faire partie intégrante de la lutte contre les féminicides

Jordan Fairbairn, Western University; Ciara Boyd, University of Guelph; Myrna Dawson, University of Guelph; Yasmin Jiwani, Concordia University

Dans leur couverture des féminicides, les médias jouent un rôle de premier plan, non seulement dans la sensibilisation et l’éducation en général, mais aussi pour aider les efforts de prévention.

VISUELWEB. Les Coops de l'information

Les Coops de l’information : une expérience unique au monde

Jean-Hugues Roy, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Partout, les médias d’information cherchent des façons d’assurer leur survie. Le plus grand groupe coopératif médiatique au monde, qui célèbre son 2ᵉ anniversaire, est peut-être une solution inspirante.

Des combattants talibans bloquent les routes après une explosion dans un hôpital militaire à Kaboul, le 2 novembre. Les puissances occidentales ont échoué à faire de l'Afghanistan un État de droit. (AP Photo/Ahmad Halabisaz)

Afghanistan : un pays ne devient pas une démocratie parce que des puissances occidentales l’ont décidé

khadiyatoulah Fall, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Une élection démocratique n’est pas synonyme d’une organisation démocratique de la société et de sa gouvernance. À cet égard, la tentative de faire de l’Afghanistan une démocratie est un échec total.

La Hongrie contre la Norvège, à Zagreb, en Croatie, aux Championnats d’Europe de handball de plage. Shutterstock

Ça suffit les bikinis ! Les uniformes sportifs féminins doivent arriver au 21ᵉ siècle

Katie Lebel, Ryerson University

Laissons les femmes et les jeunes filles s’habiller comme elles veulent pour pratiquer leur sport, et non selon un idéal féminin fantasmé par les hommes.

À lire aussi sur The Conversation France

  • Retour des trésors d’Abomey au Bénin : l’avènement d’une logistique « mémorielle »

    Barnabé Thierry Godonou, Université Aube Nouvelle; Aaron Sottima Tchando, Université Aube Nouvelle; Gilles Paché, Aix-Marseille Université (AMU); Marc Bidan, Auteurs historiques The Conversation France

    Le retour des trésors royaux d’Abomey au Bénin pose de nombreuses questions opérationnelles qu’il faut absolument prendre en compte, notamment du fait de leur charge spirituelle.

À lire en anglais sur The Conversation Canada

À écouter

 
 

Contactez-nous Ici pour faire annoncer votre événement.