La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé la semaine dernière la création d'un programme national de garderies à l'image du système québécois créé par Pauline Marois en 1997. Or ce «modèle québécois», quoique fort inspirant, a ses failles, alors que plus de 50 000 enfants seraient actuellement sur une liste d’attente, rappelle Sophie Mathieu, de la TÉLUQ.

«Même si le Québec fait figure de proue en Amérique du Nord pour la générosité de sa politique familiale, le réseau de services de garde fait face à plusieurs défis», écrit-elle. Selon cette sociologue, trois problèmes sont criants au Québec : la disponibilité des places, la qualité des services et l’attraction de la main-d’œuvre. L'annonce récente du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, qui compte investir 64 millions de dollars pour accélérer la formation et le recrutement de nouvelles éducatrices est un pas dans la bonne direction, mais il faudra un jour ou l'autre s'occuper des conditions de travail, selon Sophie Mathieu. «Peut-on attirer une main-d’œuvre de qualité et améliorer les soins aux enfants en évitant d’aborder la question de la rémunération?»

Cette pandémie sera-t-elle suivie par une période de prospérité comme celle des années folles qui ont suivi la grande épidémie de grippe espagnole de 1918? La question se pose, car on peut facilement imaginer qu'au sortir de ce cauchemar, les gens auront envie de se rassembler, de se défouler, voire de danser sur des airs endiablés comme les danseurs de charleston l'ont fait il y a 100 ans.

«Tout comme dans les années 1920, la Covid-19 pourrait nous inciter à remettre en question le monde du travail, les gouvernements en place et l’espace réservé au plaisir dans nos vies», note Agnes Arnold-Forster, de l'Université McGill, qui propose une intéressante analyse comparant les deux époques. S'il y a certaines similitudes, il y a cependant de grandes différences. D'abord, l'âge des victimes pourrait changer la donne. Lors de la grippe espagnole, ce sont les jeunes de 20 à 30 ans qui décédaient en plus grand nombre, alors que la Covid a tué principalement des personnes âgées. «Le sentiment de soulagement des jeunes d’avoir survécu à la pandémie de Covid-19 pourrait ne pas être aussi élevé que celui éprouvé par ceux qui ont survécu à la grippe de 1918», écrit l'historienne. Sans compter que les jeunes d'aujourd'hui ont été sévèrement touchés financièrement et s'inquiètent de leur avenir. S'amuser a aussi un prix, ce qui leur donnera peut-être moins envie de danser…

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Bonne lecture !

Kathy Noël

Rédactrice en chef adjointe, La Conversation Canada

Même si le Québec fait figure de proue en Amérique du Nord pour la générosité de sa politique familiale, le réseau de services de garde fait face à plusieurs défis. Shutterstock

Services de garde : les failles du « modèle » québécois

Sophie Mathieu, Université TÉLUQ

Les enjeux les plus criants au Québec sont la disponibilité des places – plus de 50 000 enfants seraient inscrits sur la liste d’attente – la qualité des services et la rétention de la main-d’œuvre.

Dans le sillage de la Covid-19, les années 2020 pourraient nous amener à remettre en question le monde du travail, les gouvernements en place et l'espace réservé au plaisir dans nos vies, comme ce fut le cas dans les années 1920. Illustration d'une femme vêtue à la mode des années 1920 créée par l'artiste Russell Patterson. Bibliothèque du Congrès

La fin de la pandémie de Covid-19 marquera-t-elle un retour aux « années folles » comme en 1920 ?

Agnes Arnold-Forster, McGill University

La fin de la pandémie de grippe de 1918 a été suivie d’une période de prospérité connue sous le nom des « années folles ». La fin de la Covid-19 marquera-t-elle le début de la même effervescence ?

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