Pouvons-nous mettre un terme à la pauvreté?
Lors d’une conversation récente avec des amis, nous discutions des dernières nouvelles de Syrie et de l’horreur d’avoir à fuir pour sauver sa vie. Une personne a ajouté une réponse étonnement habituelle, elle a dit : Oh, ce n’est que le commencement, tout doit encore empirer, alors Jésus reviendra. Soit dit en passant qu’elle l’a dit avec le sourire, pensant sans doute à ce jour glorieux !
Peut-être méditait-elle sur les versets de Matthieu 24.6-8 ou Marc 13.7-8, ou encore le résultat de l’ouverture des sceaux en Apocalypse 6. De même, beaucoup pourraient lire le récit de Matthieu 26.6-11, où une femme (vraisemblablement une prostituée) entre chez Simon le lépreux (où se trouvait Jésus) et brise un vase d’albâtre contenant du parfum pour en verser le contenu sur la tête de Jésus. Les disciples n'ont pas approuvé ce geste, y voyant un « gaspillage » financier qui aurait été mieux utilisé pour les pauvres. La réponse de Jésus : « Les pauvres, vous les avez toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours » a depuis servi à justifier la présence des pauvres comme un signe que la fin du monde est proche et qu’il vaut mieux ne pas interférer et retarder le retour de Jésus !
Si c’est le cas, pourquoi faudrait-il que nous prenions à bras le corps les Objectifs de développement durable, ou les réponses de paix et de réconciliation, ou encore l’aide humanitaire ? Pourquoi donc tenter de protéger notre monde du changement climatique, encourager la sauvegarde des espèces menacées et explorer les possibilités d’énergie renouvelable?
Réfléchissons à nouveau à ce raisonnement
Toute la Bible est sous-tendue par l’évidence que Dieu a à cœur les pauvres, les opprimés et les marginalisés. En outre, la Bible regorge de références à la colère et au mécontentement de Dieu face à l’appât du gain et à l'idolâtrie. Jésus est venu racheter, restaurer et donner la vie dans toute sa plénitude. Toute sa vie vient le prouver à chacune de ses rencontres. Il a guéri les malades, nourri les affamés, plaidé pour la justice. Il a renversé l’exclusion sociale hiérarchique (ethnie, sexe, statut, âge) quand il a interagi avec des lépreux, collecteurs d’impôt, prostituées, Romains, Samaritains, femmes, qu’ils soient pauvres ou privilégiés (Galates 3.28). Dans le récit de Matthieu 26, Jésus est dans la maison d’un lépreux et une femme (peut-être une prostituée) y entre pour l’oindre.
Prenons maintenant à nouveau le verset qui dit que les pauvres seront toujours avec nous, et relisons-le sous l’angle contextuel et de la mission intégrale : nous y voyons une nouvelle signification. Où que nous soyons, si nous vivons comme Jésus l’aurait fait, avec un amour sans distinction, alors les pauvres, les opprimés et les marginalisés seront attirés par nous comme ils l’étaient par Jésus. Bien plus, nous serons toujours au milieu d’eaux puisque Jésus nous appelle à aimer et servir ceux qui sont dans le besoin. Matthieu 25.31-46 éclaire ce fait à l’aide du récit des moutons et des chèvres. Voir aussi Deutéronome 15.9-11.
Une piètre excuse
Depuis tant d'années, trop d’entre nous se sont servis de ces versets sur les pauvres, les guerres, les catastrophes naturelles et autres pour justifier notre manque de réaction. Nous avons construit des bâtiments qui coûtaient cher, avons dépensé des milliers pour nous-mêmes, en disant que c’était notre « offrande d’albâtre », prétextant que « puisque les pauvres seront toujours avec nous » il valait mieux adorer Dieu avec extravagance. Nous avons appuyé notre façon de faire par l’argument spirituel que le salut des âmes est plus important que de prendre soin des pauvres, préférant présenter un Évangile qui n’est vraiment pertinent que lorsque nous sommes morts. Il est grand temps de changer.
Seigneur, en marchant à ta suite, nous reconnaissons que les pauvres, les marginalisés, les opprimés, les réfugiés et les parias seront toujours avec nous par le seul fait qu’ils sont attirés par la Bonne Nouvelle que, dans le Christ, nous sommes à égalité, nous sommes tous aimés et tous remis sur pieds. Comme toi, nous devons être parmi ceux qui sont dans le besoin pour refléter cet amour extravagant.
Seigneur, toi qui as apaisé la tempête d’un seul mot, tu as ressuscité les mort et délivré les captifs Nous osons croire qu'en toi nous sommes appelés à un service de réconciliation, de guérison et d’enseignement des nations comme disciples. En vertu de cette foi, nous ne baissons pas les bras en entendant les terribles nouvelles de guerres, d’ouragans, de séismes, de familles. Au contraire, nous nous levons tous ensemble pour être présents au milieu de ceux qui souffrent de ces situations, sachant que c’est là où le besoin est le plus grand que tu nous appelles à intervenir.
Nous voici Seigneur, envois-nous avec le Christ.
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