The Conversation

J’ai assisté à plusieurs événements et colloques organisés dans le cadre du 90e congrès de l’Acfas, cette semaine, dont une table ronde animée par Marie-France Bazzo et consacrée à la couverture médiatique de la pandémie. Les médias ont-ils manqué de sens critique en rapportant les conférences de presse quotidiennes du gouvernement et surtout, ont-ils erré en marginalisant à outrance les anti-vaxx? Notre démocratie n’en est pas nécessairement sortie gagnante, a résumé l’animatrice.

Et comment les messages de la Santé publique ont-ils été perçus par la population? Étaient-ils toujours basés sur la science, comme on l'a beaucoup répété? Igor Grossmann, de l’Université de Waterloo, et ses collègues, ont analysé dans une vaste étude la capacité des spécialistes des sciences sociales de prédire les changements sociétaux durant la première année de la pandémie. Conclusion: «notre discipline traverse une crise en raison de pratiques de recherche douteuses», écrivent-ils. ​​La communauté scientifique, écrivent-ils, devrait s’efforcer d’améliorer ses méthodes, «tout en reconnaissant l’incertitude et la complexité que cela suppose». En écoutant les experts, les décideurs doivent de leur côté être conscients de leurs limites et de leurs biais éventuels.

Autre colloque, cette fois sur la place des femmes à l'université, notamment dans les postes de gestion. Un panel relevé, comprenant notamment la présidente d’honneur de ce 90e Congrès, Caroline Quach-Thanh. Son message: il faut que les femmes apprennent à dire oui, et sautent sur les opportunités qui se présentent.

Sur ce sujet, je vous invite à lire ces articles publiés récemment dans La Conversation: Stephanie Gaudet, de l’Université d’Ottawa, explique comment on demande davantage aux femmes universitaires de prendre en charge la besogne institutionnelle et d’offrir aide et soutien. «Ces tâches, non reconnues, ont un impact sur leur carrière.» Et Louise Champoux-Paillé et Anne-Marie Croteau, de l’Université Concordia, démontrent que les professeures peinent à dégager la marge de manœuvre nécessaire à la production d’articles scientifiques en raison du poids des tâches familiales. À réfléchir en ce week-end de la fête des mères. 

L'Alberta est toujours en état d'urgence en raison des dizaines d'incendies de forêt qui brûlent dans la province. Ils surviennent dans un contexte de chaleur, de sécheresse et de vents violents inhabituels.

Dans ce second volet de notre série sur la forêt boréale, Victor Danneyrolles, chercheur postdoctoral à l’UQAC, et ses collègues, se sont justement demandé si les forêts d’hier brûlaient davantage ou moins qu’aujourd’hui. Car si au cours des 60 dernières années, on observe une tendance générale à la hausse des feux au sein des forêts boréales nord-américaines, notamment en raison des changements climatiques, qu’en est-il de la tendance à long terme? L’équipe de chercheurs a fait une découverte étonnante: les forêts brûlaient beaucoup plus il y a 150 ans qu’aujourd’hui. De plus amples recherches permettront de mieux comprendre ces résultats, dans l’espoir de mieux prévoir ce qui attend nos forêts dans un climat qui change rapidement.

Pendant des décennies, le syndrome du côlon irritable a servi de «tiroir fourre-tout» pour tous les maux gastriques inexpliqués. Et ses causes demeurent un mystère pour les médecins et les chercheurs. Elisabet Navarro Tapia et Vicente Andreu Fernández, de l'Université internationale de Valence, discutent d’une nouvelle hypothèse… assez marginale. Une récente étude suggère que l’origine du syndrome du côlon irritable résiderait dans l’incapacité d’adaptation de notre corps à la gravité. Ainsi, les astronautes souffrent de troubles gastro-intestinaux lors de leurs vols spatiaux, expliquent les auteurs. Si cette hypothèse était avérée, elle transformerait à la fois notre perception du syndrome du côlon irritable et son traitement.

À lire aussi:

  • Vu d'ici, l'extrême popularité du Concours Eurovision de la Chanson, avec ses 200 millions de téléspectateurs, qui se tient à Liverpool jusqu’à demain, est un mystère. «Il a ses fans et ses détracteurs, mais une chose est sûre: il est devenu incontournable», écrit Stéphane Resche, de l’Université Paris-Est Créteil Val de Marne. «C’est une caisse de résonance continentale où intérêts nationaux et enjeux économiques sous-jacents se multiplient et se diversifient au fil des éditions. Ses enjeux sont devenus globaux, pluriels et interconnectés. Et en cela, forcément sociopolitiques.»

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Les experts et chercheurs des sciences sociales peuvent-il vraiment prédire des changements sociaux? Leurs avis durant la pandémie de Covid-19 indique que non. (Shutterstock)

Les limites de l’expertise en sciences sociales : les nombreuses prévisions ratées durant la pandémie

Igor Grossmann, University of Waterloo; Cendri Hutcherson, University of Toronto; Michael Varnum, Arizona State University

Les chercheurs et experts en sciences sociales ont peiné à prédire l’évolution de la société pendant la pandémie de Covid-19, révèle une vaste étude.

Image satellite d’un feu de forêt en juillet 2021 au Nord du Saskatchewan (Wapawekka Hills). L'image correspond à une zone d’environ 56 kilomètres de large et a été réalisée à partir de la base de données Copernicus Sentinel. (Pierre Markuse), CC BY 2.0

Les forêts boréales nord-américaines brûlent beaucoup, mais moins qu’il y a 150 ans

Victor Danneyrolles, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC); Raphaël Chavardès, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT); Yves Bergeron, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)

Les forêts boréales Nord-américaines brûlent beaucoup, sûrement de plus en plus depuis les 60 dernières années. Pourtant, la tendance à long terme indique qu’elles brûlent moins qu’il y a 150 ans.

Les nombreux symptômes du syndrome du colon irritable comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal. (Shutterstock)

Syndrome du côlon irritable : la gravité en cause, selon une nouvelle étude

Elisabet Navarro Tapia, Universidad Internacional de Valencia; Vicente Andreu Fernández, Universidad Internacional de Valencia

Et si le syndrome du côlon irritable avait pour origine une mauvaise adaptation du corps à la force de gravité ? Si elle était confirmée, cette explication changerait la façon dont nous le traitons.

À lire sur The Conversation France

  • Eurovision : fausses notes au concert des nations

    Stéphane Resche, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC); Quentin Mauduit, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

    Le concours de l’Eurovision est une caisse de résonance continentale où intérêts nationaux et enjeux économiques sous-jacents se multiplient et se diversifient au fil des éditions.

À lire en anglais sur The Conversation Canada

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