La visite papale cette semaine a été émotivement chargée pour les survivants des pensionnats pour autochtones et leur famille. Le pape François s’est excusé auprès d’eux, demandant pardon pour la participation de religieux à cette «entreprise de destruction culturelle et d’assimilation forcée». Cependant, «ces excuses pontificales ne reconnaissent pas définitivement le rôle de l’Église elle-même dans le système des pensionnats», écrit Jeremy M. Bergen, de l’Université de Waterloo. L'auteur estimne qu'il ne lui appartient pas de dire ce que les excuses signifient pour les survivants. «Néanmoins, leur signification, elle, reposera non seulement sur les mots prononcés, mais aussi sur les actions qui s’en suivront. Il faudra attendre des années, voire des décennies pour savoir si ces excuses auront réellement contribué au processus de guérison.»

On le sait, on le voit, la violence par armes à feu est en hausse au pays. À Montréal et dans sa banlieue, les fusillades se succèdent, parfois mortelles, comme dans la nuit de mercredi à jeudi. Il faut bien sûr réprimer cette violence, mais il faut surtout la prévenir, écrit Yanick Charette, de l’Université Laval, qui a fait une revue exhaustive des meilleures pratiques, notamment aux États-Unis. Il nous explique les bienfaits d’une stratégie en particulier, celle de la «dissuasion ciblée» : elle vise à réduire les opportunités qu’ont les individus et les groupes - ciblés intelligemment- de commettre des actes violents, en faisant de la communauté locale un partenaire dans le processus, et en améliorant les relations entre les services de police et la communauté. «Il n’y a aucune raison valable, croit le chercheur, de ne pas mettre en place ce genre de programme qui a fait ses preuves ailleurs dans le monde.»

La majorité des Québécois vivent près des rives du Saint-Laurent. Or, cette urbanisation opérée depuis des siècles a un coût environnemental élevé, écrit Shin Koseki, directeur de la Chaire Unesco en paysage urbain à l’Université de Montréal. Depuis quelques années, les changements climatiques accroissent le risque d’inondations le long du fleuve et de ses affluents, qu'on tente d’amenuiser par l’artificialisation des berges. «Or, les techniques d’enrochement et de bétonisation utilisées pour protéger les terrains privés et les sites industriels des fluctuations du niveau de l’eau réduisent la biodiversité des rives, en plus de limiter leur accessibilité à la population.» Afin de définir un meilleur aménagement pour le fleuve, Koseki et un groupe de chercheurs et de professionnels, ont lancé le projet «Fluvialités», qui vise à définir des actions concrètes qui pourront être implantées au courant de la prochaine décennie.

La Cour suprême a annoncé jeudi qu’elle n’entendrait pas l’appel dans la cause d’Environnement Jeunesse, qui disait représenter les Québécois et Québécoises âgés de 35 ans et moins. Ce refus du plus haut tribunal au pays est une occasion ratée de déterminer si les Canadiens peuvent poursuivre leurs gouvernements pour ne pas avoir pris les mesures appropriées pour enrayer la crise climatique, écrivent Anne Levesque et Mona Paré, de l’Université d’Ottawa. Les jeunes, qui sont ceux qui subiront de plein fouet les changements climatiques, «jouent un rôle de premier plan en tant que défenseurs des droits de la personne dans les dossiers les plus urgents de notre époque. Mais il reste beaucoup à faire pour qu’ils soient traités comme des détenteurs de droits et que nos processus juridiques soient adaptés à leurs besoins».

À lire aussi:

  • Le phénomène est le même partout : des parents croient avoir déniché le joli prénom original pour leur nouveau-né, puis s’aperçoivent qu’il y a trois Mathis dans la classe de leur fils, et autant d’Emma ou de Lili-Rose. Il y a 30 ans, c’étaient les Maxime et les Léa, et il y a 55 ans, les Stéphane et les Nathalie. Qu’est-ce qui fait que les parents choisissent tous les mêmes prénoms, en même temps? Jane Pilcher, de l’Université Nottingham Trent, décrypte le phénomène.
  • La 24e Conférence internationale sur le sida s’est ouverte hier à Montréal. La pandémie de Covid a fait passer celle de Sida au second plan, constate-t-on partout dans le monde. Pourtant, elle n’est toujours pas maîtrisée. D’où l’importance d’initiatives novatrices comme le projet Atlas, dont parlent Joseph Larmarange et Alice Desclaux, de l’IRD, et qui permet le déploiement d’autotests de dépistage à des populations qui ne pouvaient en bénéficier jusque-là.

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Le pape François coiffé d’un panache traditionnel après ses excuses présentées à Maskwacis, en Alberta. La Presse Canadienne/Jason Franson

Excuses papales pour les pensionnats pour autochtones au Canada : un « premier pas »

Jeremy M. Bergen, University of Waterloo

Ce n’est que dans les années et les décennies à venir que l’on saura si ces excuses ont réellement fait progresser le processus de guérison.

Il y a de plus en plus de violence par arme à feu au pays. Une stratégie de dissuasion ciblée, axée sur la prévention, a fait ses preuves pour la réduire. Shutterstock

Faire diminuer la violence par armes à feu grâce à la stratégie de dissuasion ciblée

Yanick Charette, Université Laval

La lutte contre la violence par arme à feu doit être pensée en termes de prévention, plutôt qu’en actions réactives et répressives. La dissuasion ciblée est une stratégie qui a fait ses preuves.

Des maisons construites le long du fleuve Saint-Laurent, à La Malbaie. Les techniques d’enrochement et de bétonisation utilisées pour protéger les terrains privés et les sites industriels des fluctuations du niveau de l’eau réduisent la biodiversité des rives. (Shutterstock)

Il faut repenser notre manière d’habiter le fleuve Saint-Laurent

Shin Koseki, Université de Montréal

Le développement durable et inclusif du fleuve Saint-Laurent est essentiel. Un laissez-faire prolongé aura des conséquences néfastes sur les populations et l’environnement.

L'activiste suédoise Greta Thunberg prend part à la marche pour le climat à Montréal, le 27 septembre 2019, qui a réuni quelque 500 000 personnes. La Presse Canadienne/Paul Chiasson

Crise climatique : la Cour suprême refuse d’entendre l’appel des jeunes

Anne Levesque, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa; Mona Pare, L’Université d’Ottawa/University of Ottawa

Il reste beaucoup à faire pour que les enfants et les jeunes soient traités comme des détenteurs de droits au Canada et que nos processus juridiques soient adaptés à leurs besoins.

Les parents choisissent tous un prénom qu’ils veulent tout aussi unique que leur enfant. (Minnie Zhou | Unsplash)

Prénoms : pourquoi choisissons-nous tous les mêmes ?

Jane Pilcher, Nottingham Trent University; Birgit Eggert, University of Copenhagen; Katrine Bechsgaard, University of California, Berkeley

Les prénoms choisis pour nos enfants suivent les tendances, comme toute autre expression culturelle. C’est une question de goût, mais aussi de changements sociaux.

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