La situation en Ukraine continue d’alimenter l’actualité - et notre indignation. Pour ajouter à la complexité de cette guerre, on signale la présence des deux côtés de combattants étrangers et parmi eux, de Tchétchènes. Aurélie Campana, de l'Université Laval, spécialiste de cette région du monde, rappelle la guerre sanglante qui a opposé la Russie avec la Tchétchénie, puis la dévotion totale dont fait preuve aujourd’hui le leader de cette république russe, Ramzan Kadyrov, pour Vladimir Poutine. Il serait lui-même en Ukraine, avec ses hommes, qu’on appelle les kadyrovtsy, pour aider l'armé russe. La présence de ces guerriers «connus pour leur cruauté et les exactions dont ils se sont rendus coupables», écrit l’auteure, peut jouer un rôle psychologique dans cette guerre qui ne va pas du tout comme Poutine l’aurait voulu. «L’annonce de l’entrée en guerre des troupes de Kadyrov et la propagande qui l’entoure participent de cet effort de déstabiliser l’ennemi.» Mais cette arme pourrait se retourner contre Poutine.

Outre ses invasions militaires, Vladimir Poutine mène aussi une autre guerre: celle contre l’histoire de la Russie, explique Lynne Viola, de l’Université de Toronto, qui mène depuis plus de 30 ans des recherches sur la violence et la terreur à l’époque stalinienne. L’accès aux archives nationales est de plus en plus ardu. Un centre abritant les plus grandes archives du monde sur la répression stalinienne et le Goulag a été dissous. «Ce n’est qu’un des exemples flagrants du révisionnisme de Poutine», écrit-elle. La guerre de Poutine contre l’histoire de son pays se prépare depuis de nombreuses années. «L’histoire a toujours servi d’arme en Union soviétique, c’était un moyen de contrôler le discours et de nier la réalité du passé. Poutine tente maintenant de contrôler le discours par la guerre et la répression intérieure.»

De son côté, John Duncan, aussi de l’Université de Toronto, nous parle des mauvais calculs de l’OTAN dans l’invasion russe en Ukraine: son expansionnisme, qui a «enflammé les tendances nationalistes, antioccidentales et militaristes en Russie», et la croyance en un «bluff» de Vladimir Poutine concernant ses intentions. Son troisième calcul est de contenir la guerre à l’intérieur des frontières ukrainienne, dans les limites d’une guerre conventionnelle. «Espérons que celui-là fonctionnera mieux que les deux autres. En attendant, l’Ukraine continuera de souffrir aux mains de la Russie.»

On change de décor pour aller dans les forêts québécoises, où une situation scandaleuse a cours, dénoncée par Sylvain Jutras, de l’Université Laval. En gros, Québec ne gère plus ses chemins forestiers, laissant leur remise en état après utilisation au bon vouloir des compagnies forestières exploitant les forêts publiques. «Elles font des économies notables, au détriment de la protection des milieux aquatiques. L’abandon de ces chemins après leur usage cause une menace directe à la qualité de l’eau, causée par l’érosion des chemins et le lessivage du remblai des ponceaux.» De leur côté, les autres provinces canadiennes investissent des montants substantiels et récurrents chaque année, depuis des décennies, pour entretenir, mettre hors service ou fermer des milliers de kilomètres de chemins. «Québec ne respecte pas les règles du jeu.»

À lire aussi:

• Les réseaux sociaux font partie intégrante des relations intimes des ados et des jeunes adultes. Offrant une accessibilité constante à la vie privée de leur partenaire, ils peuvent donc être utilisés à des fins de harcèlement, surveillance et contrôle; c’est ce qu’on appelle la cyberviolence. Mylène Fernet, professeure en sexologie à l’UQAM, et son équipe, ont élaboré une démarche visant à mobiliser et sensibiliser les jeunes à la cyberviolence en contexte de relations intimes.
• Les élections françaises approchent, et le candidat de gauche, Jean‑Luc Mélenchon, adoucit certaines de ses positions et s’ouvre à de nouvelles causes, analyse Olivier Salomon, de l’Université de Montréal, qui revient sur une stratégie qui pourrait, selon lui, porter fruit. 

À écouter:

• Qu'est-ce que cela signifie d'être Ukrainien? Dans cet épisode du podcast «The Conversation Weekly», produit par TC UK, discussion avec trois experts sur les origines de l’identité nationale ukrainienne, qui a commencé à émerger au XIXe siècle, lorsque le territoire qui est devenu plus tard l'Ukraine a été partagé entre les empires russe et austro-hongrois. Parmi ces experts, Dominique Arel, titulaire de la chaire d'études ukrainiennes à l'Université d'Ottawa. 

Bonne écoute, et bonne lecture !

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