Un sans faute! C’est ainsi que François Legault a qualifié sa gestion de la pandémie dans les entrevues soulignant le premier anniversaire. Il s’est attribué une note parfaite. À l’opposé, la chancelière allemande Angela Merkel s’est confondue en excuses à propos de sa gestion de la crise sanitaire, notamment le durcissement des règles à Pâques. «Cette erreur est mon erreur et mon erreur seule.» Pourquoi l’écrasante majorité des leaders suivent la voie de Legault et non pas celle de Merkel?, demande Denis Monneuse, de l’UQAM. «Parce qu’ils en sous-estiment les bénéfices et en surestiment le coût. Ils craignent qu’un tel acte - demander pardon - passe pour un aveu de faiblesse.» Et pourtant, une telle démarche est toujours bénéfique. Les dirigeants qui reconnaissent leurs erreurs et présentent des excuses sincères voient leur image s’améliorer. À moins qu’il ne s’agisse d’excuses vides, excessives (bonjour le torrent de larmes sur commande) ou fausses. Dans ce cas, selon Monneuse, le remède est pire que le mal! «Les excuses répondent à une attente des personnes lésées, désamorcent leur colère et leur font sentir que les deux parties appartiennent à la même communauté: elles partagent une certaine humanité.»

Je suis du type introverti. Mais demandez-moi si j'apprécie le confinement ou la distanciation sociale et la réponse sera un retentissant non! Pas plus que les extravertis! Cette idée que les introvertis s'en sortent mieux, voire qu'ils «aiment» être confinés et anticipent le retour à la normale, est alimentée par des anecdotes et non des faits scientifiques, explique Lis Ku, de l'Université Montfort. «Selon les théories de la personnalité, les extravertis auraient plus d'énergie et seraient plus sociables que les introvertis. Leur humeur s'améliore au contact des autres, alors que c'est l'inverse chez les introvertis. Intuitivement, il est donc naturel de penser que les introvertis s'en sortent mieux pendant les périodes d'isolement», écrit la chercheuse. Or la science tend à rejeter cette idée. «Une étude récente qui a suivi 484 étudiants américains pendant tout le semestre du printemps 2020 a montré qu'au fur et à mesure de la progression de la pandémie, les introvertis ont connu une augmentation de leur stress, tandis que les étudiants plus extravertis ont signalé une légère diminution de leur stress». Ce qu'il faut retenir, dit Lis Ku, est que la façon dont nous réagissons à cette pandémie est très variable et dépend aussi des multiples facettes de notre personnalité, de nos traits de caractère, nos croyances et nos valeurs.

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Bonne lecture !

Kathy Noël

Rédactrice en chef adjointe, La Conversation Canada

La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse, le 30 mars 2021, à Berlin. Elle est l'une des rares leaders à avoir présenter ses excuses dans la gestion de la pandémie de Covid-19. AP Photo/Markus Schreiber, pool)

« Je suis désolée » : à l’exemple d’Angela Merkel, les dirigeants devraient plus souvent présenter leurs excuses

Denis Monneuse, Université du Québec à Montréal (UQAM)

La majorité des leaders ne s’excusent pas pour leurs erreurs, même flagrantes. Pourtant, des excuses sincères et spontanées sont bénéfiques.

La façon dont nous réagissons à cette pandémie est très variable et dépend surtout des multiples facettes de notre personnalité et de nos traits de caractère. Shutterstock

Qui a dit que les introvertis aimaient être confinés ? La réalité est beaucoup plus nuancée…

Lis Ku, De Montfort University

Intuitivement, on peut penser que les introvertis s’en sortent mieux que les extravertis pendant les périodes d’isolement. Or cette affirmation n’est pas soutenue par des preuves scientifiques.

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