Avec sept meurtres en sept semaines, le Québec connaît une vague de féminicides sans précédent, sur fond de violence conjugale. La pandémie, qui a provoqué isolement, stress et insécurité financière, a sans doute joué un rôle important : les services de police enregistrent une hausse de 12% des signalements et de 45% des accusations pour violence conjugale dans la province.

Mais le phénomène n’est pas d’hier et surtout, les hommes qui commettent l’irréparable n’en sont souvent pas à leurs premiers événements de violence, expliquent Mylène Fernet, de l’UQAM, et Jacinthe Dion, de l’UQAC. Les premiers signes d’un comportement abusif apparaissent très jeune. Selon une enquête, près des deux tiers des adolescentes rapportent avoir vécu au moins un épisode de violence (physique, sexuelle ou psychologique) dans leurs relations amoureuses au cours des 12 mois précédents. «Les dynamiques de violence tendent à perdurer jusqu’à l’âge adulte, alors que plus d’une adolescente sur trois est revictimisée dans le contexte d’une relation intime.» D’où l’importance, disent les auteures, d’intervenir le plus tôt possible, dès l’adolescence, pour prévenir les violences et lutter contre les inégalités de genre. «Il faut outiller les jeunes pour qu’ils développent de saines stratégies de gestion des conflits et d’autorégulation de leurs émotions.» Il faut aussi que les filles aient le réflexe de demander de l’aide. «Les violences peuvent se manifester de façon sournoise. Elles ne sont pas toujours reconnues par les victimes, par leurs proches et parfois même par les intervenants.» 

Lorsque Julie Payette a dû démissionner en raison d’un climat toxique - voire régime de terreur - qu’elle avait instauré à Rideau Hall, on a tous eu en tête un ou une supérieur.e qu'on a connu. Des boss contrôlants, abusifs, hostiles, parfois violents verbalement, voire physiquement. «Et si ces comportements devaient faire l’objet d’autant de sérieux que les autres formes d’inconduite en milieu de travail, notamment sexuelle?», demande Erica Mildner, de l’Université de Colombie-Britannique. Et si un véritable mouvement #MeToo émergeait pour dénoncer ces patrons toxiques? «Le moment semble particulièrement bien choisi alors que de nombreux employés se préparent à retourner au bureau une fois vaccinés contre la Covid-19.» L’auteure estime que de véritables protections doivent être mises en place, au même titre que n’importe quelle autre problématique de santé et sécurité au travail. «Si vous deviez opérer dans un cadre littéralement empoisonné par des gaz toxiques, vous vous attendriez à être équipé d’un masque à gaz. Les travailleurs soumis à un régime quotidien de déshumanisation et d’hostilité méritent la même protection.» 

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Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Des policiers prennent des photos sur la scène d'un crime, à Montréal, le 11 décembre 2019. Un homme y a tué sa femme et ses deux enfants avant de se suicider. La majorité des homicides conjugaux sont commis par des hommes à l’endroit de femmes et de leurs enfants. La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Féminicides : les comportements abusifs envers les femmes commencent dès l’adolescence

Mylène Fernet, Université du Québec à Montréal (UQAM); Jacinthe Dion, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Près des deux tiers des adolescentes rapportent avoir vécu au moins un épisode de violence (physique, sexuel ou psychologique) dans leurs relations intimes. La prévention doit donc commencer très tôt.

Un milieu de travail toxique et des patrons abusifs peuvent rendre la vie misérable et nuire gravement à notre santé mentale et physique. Alors que nous nous apprêtons à retourner au travail en fin de Covid-19, l’heure est venue de s’attaquer à ces mauvais patrons. (Pixabay)

Au tour des patrons toxiques de faire face à une riposte #MeToo ?

Erica Mildner, University of British Columbia

La démission du gouverneur général du Canada pourrait-elle représenter un moment décisif pour les droits des travailleurs ?

À lire sur The Conversation France

À lire en anglais sur The Conversation Canada

  • How shipping ports can become more sustainable

    Tony Robert Walker, Dalhousie University; Michelle Adams, Dalhousie University

    Marine shipping generates about three per cent of global greenhouse gas emissions, and port activities can add to local pollution. Ports are now taking action to reduce their environmental impacts.