Ce qui se passe en Ukraine, en 2022, sur le sol européen, est insensé. Les horreurs commises contre les civils seront peut-être un jour jugées comme crimes de guerre ou crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale. Mais en attendant, que de souffrance.

Un million de civils ont déjà quitté l’Ukraine pour les pays voisins, principalement la Pologne, et plusieurs autres millions sont déplacés au sein même du pays. Parmi eux, de très nombreux enfants et adolescents. «Nous pouvons nous attendre à de profondes perturbations de leur parcours éducatif», écrit Olivier Orvisais, de l’UQAM, qui signe en compagnie de collègues un article sur les défis qui les attendent, eux, mais aussi leurs enseignantes, dont des milliers sont aussi sur les routes de l’exil. «Dans les situations d’urgence, l’éducation est un facteur majeur dans la protection psychologique et physique des élèves.» Et il faut aussi penser au bien-être de celles qui leur enseignent. «Tant et aussi longtemps qu’il y a une enseignante, l’école peut exister pour les élèves, même sans livres ni bâtiment.»

Les civils russes pâtissent aussi de ce que Richard Foltz, de l’Université Concordia, qualifie «d'obsession sécuritaire de Vladimir Poutine». Depuis 20 ans, ce «mégalomane des plus paranoïaques, écrit–il, a progressivement détourné les richesses considérables de la Russie pour bâtir un État privilégiant la sécurité à tous égards.» Cela s’est traduit par un déclin constant du niveau de vie des citoyens ordinaires. «L’État russe est une kleptocratie au sens le plus pur du terme, et depuis des années, ses kleptocrates et les milliards qu’ils ont dérobés au peuple russe sont accueillis à bras ouverts par les pays de l’Ouest comme le Royaume-Uni et les États-Unis.»

Un homme est devenu un véritable héros dans cette guerre: le président ukrainien Volodymyr Zelenski. Joe Biden lui a proposé, au début de l'invasion, de l’évacuer d’Ukraine. Il a répondu par sa désormais célèbre phrase: «J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi». «Il a suscité l’admiration du monde entier en alignant sa rhétorique sur ses actions pendant l’invasion russe de son pays», écrit Ajnesh Prasad, de l’Université Royal Roads. À l’instar des leaders qui mettent de côté leur propre intérêt afin de protéger les intérêts de leurs citoyens, Zelensky est resté sur place pour participer à la résistance du pays. «Il n’a rien demandé qu’il n’était pas déterminé à faire lui-même.»

Le monde a retenu son souffle jeudi soir après le bombardement de la centrale de Zaporojie, la plus grande d’Europe, par les forces russes. Cela rappelle de bien mauvais souvenirs, soit l'explosion à la centrale de Tchernobyl en 1986. L’armée russe en a aussi pris possession, aux premiers jours de l’invasion en Ukraine. Carmell Mothersill, de l’Université McMaster, fait partie d’un groupe de chercheurs qui se rendent régulièrement sur le site contaminé afin d’étudier l’impact des radiations à faible dose sur la faune et la flore. Elle craint le pire. «Des pics de radiations ont déjà été signalés, sans doute provoqués par les lourds engins militaires qui labourent le sol contaminé.»

Vous retrouverez aussi plus loin dans cette infolettre une proposition d’articles à lire sur la guerre en Ukraine provenant de TC France.

À lire aussi:

À écouter:

Bonne écoute, et bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Une femme et un enfant quittent Sievierodonetsk, dans la région de Luhansk, dans l'est de l'Ukraine, le 24 février 2022. Plus d'un million de personnes ont fui l'Ukraine pour se réfugier dans les pays limitrophes. (AP Photo/Vadim Ghirda)

Réfugiés ukrainiens : l’urgence de scolariser les jeunes

Olivier Arvisais, Université du Québec à Montréal (UQAM); Diane Alalouf-Hall, Université du Québec à Montréal (UQAM); Patrick Charland, Université du Québec à Montréal (UQAM)

De nombreux enfants et adolescents ukrainiens ont trouvé refuge dans les pays voisins. Il faut mettre rapidement sur pied un système éducatif afin qu’ils retrouvent une certaine forme de normalité.

Des manifestants crient des slogans anti-guerre à Saint-Pétersbourg, en Russie, dénonçant l'invasion de l'Ukraine par leur pays. (AP Photo/Dmitri Lovetsky)

Comment l’obsession sécuritaire de Vladimir Poutine a dégradé la qualité de vie des Russes

Richard Foltz, Concordia University

L’État sécuritaire militarisé de Poutine s’est développé depuis 2004 au détriment des services sociaux et du niveau de vie des Russes.

Volodymyr Zelensky s'adresse à des partisans après le second tour des élections présidentielles à Kiev, en Ukraine, en avril 2019. (AP Photo/Vadim Ghirda)

Zelensky superstar : le président ukrainien brille d’abord et avant tout par ses gestes courageux

Ajnesh Prasad, Royal Roads University

Pendant les heures les plus sombres de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky a montré qu’il servait son peuple – pas seulement dans la rhétorique, mais surtout dans l’action.

Un renard erre dans la ville déserte de Pripiat, à trois kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, en 2016. (AP Photo/Sergei Chuzavkov)

L’armée russe reprend possession de la centrale nucléaire de Tchernobyl : la recherche sur la radioactivité et la faune menacée

Carmel Mothersill, McMaster University

Les véhicules militaires lourds peuvent soulever de la terre radioactive autour de Tchernobyl, et les combats à proximité risquent d’endommager l’abri en béton contenant le réacteur.

Le bisphénol A, ou BPA, est un perturbateur endocrinien retrouvé notamment dans les bouteilles de plastique. (Shutterstock)

Des contaminants qui dérèglent nos hormones

Valérie S. Langlois, Institut national de la recherche scientifique (INRS); Isabelle Plante, Institut national de la recherche scientifique (INRS)

Il existe de nombreuses évidences de l’implication des perturbateurs endocriniens dans le dysfonctionnement de la reproduction chez plusieurs espèces, y compris les humains.

Ukraine : à lire sur The Conversation France

À écouter

À lire en anglais sur The Conversation Canada

  • Putin’s Ukraine invasion: Do declarations of war still exist?

    Rebekah K. Pullen, McMaster University; Catherine Frost, McMaster University

    Putin never formally declared war on Ukraine, calling the invasion a “special military operation.” Official declarations of war are increasingly a thing of the past. Here’s why that’s detrimental.

 
 

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