Une grande proportion des études sur lesquelles reposent nos stratégies de prévention de maladies sont dites «observationnelles», explique Benoît Arsenault, de l’Université Laval: elles rassemblent les caractéristiques de plusieurs milliers d'individus (alimentation, tabagisme, niveau d’éducation, cholestérol, revenu, etc.) et examinent leurs associations avec des maladies. «Or, ce type d’étude est, par définition, assujetti à plusieurs biais.» Les essais cliniques randomisés sont mieux et limitent les «biais de confusion», mais ils coûtent très cher et sont parfois irréalisables.

Alors quoi? Depuis quelques années, les chercheurs en ont pour la méthode de recherche appelée «randomisation mendélienne» (du nom d'un botaniste autrichien du 19e siècle). Elle repose sur la notion que plusieurs composantes de notre biologie et facteurs de risque de maladies sont «héritables». «La révolution génétique et l’avènement des données massives ont permis de mettre au jour de nouvelles techniques d’investigation épidémiologique innovantes qui bouleversent notre compréhension des facteurs de risque et causes de maladies», écrit Arsenault. Ses propres travaux de recherche, appuyés sur cette méthode, lui ont permis notamment de renforcer la notion selon laquelle des concentrations élevées de cholestérol sanguin augmentent le risque de plusieurs maladies. «Notre équipe a également utilisé cette méthode pour repositionner certains médicaments déjà existants dans le but d’améliorer notre espérance de vie en santé.» D’autres groupes ont utilisé la randomisation mendélienne pour démontrer l’absence d’associations causales entre les concentrations sanguines de vitamine D et une bonne santé, un mythe entretenu depuis un certain temps. Mais si le Canada veut demeurer un joueur important, «un investissement massif dans les infrastructures de recherche et biobanques s’avère plus important que jamais en ces temps où la santé publique et la prévention occupent une place centrale dans nos vies».

Les données en ligne des Canadiens ne sont pas suffisamment protégées en vertu de l’actuelle Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui a déjà 20 ans, écrit Anatoliy Gruzd, de l’Université Ryerson. Les Canadiens sont massivement sur les réseaux sociaux. «Or, plus nous nous servons de ces plates-formes, plus nous créons de données sur nos intérêts et nos habitudes. Cette mine d’informations sur nous et les personnes de notre réseau peut être utilisée par beaucoup d’organismes et tierces parties.» II est crucial que la mise à jour de la Loi ne se concentre pas seulement sur les technologies qui existent déjà, écrit Gruzd, mais aussi sur celles que l’on voit poindre à l’horizon. 

Une des conséquences de la pandémie de Covid-19 est le plus grand isolement des personnes âgées. Leur vie sociale a été mise en suspends. Or cet isolement a des conséquences néfastes sur le cerveau, écrit Karra Harrington, de l’Université d’État de Pennsylvanie «La solitude contribue au déclin cognitif de diverses manières.» Elle ferait augmenter de 20 % le risque de démence, ayant une influence similaire à d’autres facteurs de risque tels que le diabète, l’hypertension, l’inactivité physique et la perte d’audition. Il n’y a pas d’autres recettes miracles que de bien s’entourer. «Le maintien de relations de qualité peut être une clé pour protéger la santé du cerveau contre les effets négatifs de la solitude. Les personnes âgées qui se sentent soutenues par leurs relations ont un risque de démence inférieur de 55 % par rapport à celles qui se sentent insatisfaites ou non soutenues.» 

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Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

Illustration vectorielle de l'ADN génétique. La révolution génétique et l’avènement des données massives ont permis de mettre au jour de nouvelles techniques d’investigation épidémiologique innovantes qui bouleversent notre compréhension des facteurs de risque et causes de maladies. Shutterstock

Voici comment les lois de la génétique nous aident à prévenir les maladies chroniques

Benoit Arsenault, Université Laval

Dans un monde qui a soif de science et de données probantes pour éclairer la prise de décision, la ligne entre cause et association est plus que jamais difficile à tracer.

La réglementation sur la protection de la vie privée doit tenir compte des possibles utilisations futures des données collectées. Shutterstock

Les règles canadiennes en matière de protection de la vie privée en ligne sont à revoir

Anatoliy Gruzd, Ryerson University

Toute mise à jour de la réglementation canadienne en matière de gestion de la vie privée et de protection des données en ligne doit prévoir les nouvelles tendances en matière de collecte de données.

Chez les personnes âgées en bonne santé, la solitude se caractérise par une réaction au stress similaire à celle des personnes qui souffrent de stress chronique. Justin Paget via Getty Images

L’isolement augmente le risque de démence chez les personnes âgées

Karra Harrington, Pennsylvania State University; Martin J. Sliwinski, Pennsylvania State University

L’isolement social que connaissent les personnes âgées qui tentent de se protéger contre la pandémie de coronavirus fait naître de nouveaux risques pour la santé mentale.

Des membres de la Coalition for Humane Immigrant Rights (CHIRLA), le plus grand groupe de défense des droits des immigrés en Californie, brandissent des pancartes portant la mention « Menteur », en anglais et en espagnol, lors du discours du président Trump sur l'état de l'Union, le 5 février 2019, à Los Angeles, en Californie. Mario Tama/Getty Images North America/Getty Images via AFP

Le mensonge politique au cœur de la campagne présidentielle de Donald Trump

Anne E. Deysine, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

Donald Trump, on le sait, a un rapport particulier à la vérité, son administration ayant notamment forgé le concept éloquent de « faits alternatifs ». On le constate encore dans la campagne actuelle.

En anglais sur The Conversation Canada