Depuis le début de la saga entourant le port obligatoire du masque, les arguments pour ou contre sont essentiellement basés sur la science médicale. Le couvre-visage est-il réellement efficace pour se protéger de la Covid-19? Pourquoi porter le masque si le taux de mortalité est si peu élevé? Quelles sont les séquelles de cette maladie?

Guillaume Desjardins, doctorant en relations industrielles à l’Université Laval, nous fait voir le débat sur le masque sous l’angle des sciences de l’administration. «La présence de règles entourant le port du masque n’est pas seulement liée à des considérations médicales, mais aussi au modèle de gestion du système de santé d’un pays», dit-il. Il relève ainsi une corrélation intéressante : les pays qui ont imposé le masque à leurs citoyens sont ceux qui favorisent le lean management, une méthode de gestion calquée sur le secteur manufacturier et qui repose sur un contrôle serré des dépenses afin d’atteindre une meilleure efficience. «Ainsi, nous ne portons pas le masque seulement pour des raisons sanitaires, mais pour éviter de surcharger un système de santé qui ne sait plus s’adapter au grands bouleversements». C’est le cas au Canada mais aussi en France, en Allemagne, en Suisse, en Espagne et au Royaume-Uni. À l'inverse, les pays scandinaves, qui ont adopté une gestion plus collective de leur système de santé, ont choisi de ne pas rendre le masque obligatoire, note le chercheur. «Ils investissent en moyenne deux fois plus par habitant dans les frais de santé que la moyenne européenne. Ce financement public est beaucoup plus holistique et l’hôpital n’est pas la seule option pour les malades.»

Près de sept personnes sur dix croient que les changements climatiques constituent «un problème très, ou extrêmement grave», selon les résultats d’une nouvelle enquête menée dans 40 pays par l’Institut Reuters de l’Université d’Oxford. Mais l’on observe des différences marquées entre les pays, observent Simge Andı et James Painter, de l’Université d’Oxford. Sans surprise, le manque de préoccupation est beaucoup plus important aux États-Unis qu’ailleurs. Mais fait étonnant, il l’est aussi en Suède, pays d’origine de Greta Thunberg. Dans ce pays, ainsi qu’en Belgique, au Danemark, en Norvège et aux Pays-Bas, seule la moitié (ou moins) des gens considère que les changements climatiques constituent un problème grave. «Les groupes les moins préoccupés sont généralement plus âgés et à droite.» Quatre des cinq pays avec le plus fort degré de préoccupation (de 85 à 90%) sont situés dans l’hémisphère sud. Cela dit, des deux côtés de l’échiquier politique, les gens critiquent les médias pour leur couverture des changements climatiques, la disant soit trop alarmiste, soit pas assez audacieuse. 

À lire aussi:

  • Le continent africain reste moins touché par la Covid-19 qu’annoncé – alors que les impacts économiques et les difficultés nutritionnelles provoqués par l’épidémie sont d’ores et déjà très notables. L’expérience acquise dans la gestion d’épidémies antérieures, notamment Ebola, et la jeunesse de la population seraient des facteurs favorables, expliquent un groupe de chercheurs issus de plusieurs universités africaines, tout comme la prévalence des comorbidités, plus faible qu’en Occident. Cependant, certains éléments laissent craindre une évolution moins favorable. 

Bonne lecture !

Martine Turenne

Éditrice, La Conversation Canada

La présence de règles entourant le port du masque n'est pas seulement liée aux conditions sanitaires, mais au type de gestion du système de santé d'un pays. shutterstock

L’obligation de porter le masque, une application sanitaire de la méthode Toyota

Guillaume Desjardins, Université Laval

Nous ne portons pas un masque uniquement pour nous protéger du virus, nous le faisons pour réduire la charge sur un système de santé qui ne sait plus s’adapter en raison de son mode de gestion.

Malgré la présence de feux de brousse dévastateurs au moment de notre enquête, 8 % des personnes interrogées en Australie ont déclaré considérer que les changements climatiques ne sont pas du tout graves. Sr la photo : 20 000 étudiants australiens lors de la manifestation contre le changement climatique, le 15 mars 2019 à Sidney. Shutterstock

Dans quels pays se préoccupe-t-on le plus des changements climatiques ? Ce ne sont pas ceux que vous croyez…

Simge Andı, University of Oxford; James Painter, University of Oxford

Près de sept personnes sur dix croient que les changements climatiques constituent « un problème très, ou extrêmement grave », mais l’on observe des différences marquées entre les pays.

Dans les rues de Kinshasa, en République démocratique du Congo, seule une faible proportion des passants porte un masque. Néville Mboyolo / Projet DashBoard

Covid-19 en Afrique : les chiffres reflètent-ils la réalité ?

Jean-François Etard, Institut de recherche pour le développement (IRD); Abdoulaye Touré, Université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC); Cheikh Tidiane Ndour, Université Cheikh Anta Diop de Dakar; Leon Tshilolo, Université de Lubumbashi; Philippe Katchunga Bianga, Université Officielle de Bukavu; Samba Sow, University of Maryland; Yap Boum, Mbarara University of Science and Technology

Plafonnement des capacités diagnostiques, faible proportion de tests, saturation des services extra-hospitaliers… Autant de raisons limitant la représentativité des chiffres officiels pour l’Afrique.

En anglais sur The Conversation Canada